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À La Une - Syrie

Alep martyre après les Scud

Silence de la communauté internationale ; un bastion de l’armée loyaliste assiégé.

Un vieil homme désemparé... Il ne reste rien de sa maison après les tirs de Scud sur le quartier de Tariq el-Bab, à Alep.  Pablo Tosco/AFP

La Syrie a connu un week-end particulièrement sanglant après qu’au moins 58 personnes, dont 36 enfants, ont été tuées vendredi soir par trois missiles Scud tirés par les forces du régime sur Alep. Le bilan a été revu à la hausse après que des corps de femmes et d’enfants eurent été retirés des décombres samedi, dans le quartier de Tariq el-Bab. Selon des militants, ces missiles sol-sol étaient tirés depuis la base militaire « 155 » située dans la région de Damas. Selon le tweet d’un opposant, un nouveau Scud a été lancé hier depuis Qtaïfé vers le nord.


Washington a fermement condamné ces tirs. Ces séries d’attaques brutales sont « les dernières démonstrations de la cruauté du régime syrien et de son manque de compassion pour le peuple syrien qu’il prétend représenter », a ainsi affirmé la porte-parole du département d’État Victoria Nuland dans un communiqué, répétant que le régime n’avait « pas de légitimité ». À part cette réaction américaine, la communauté internationale est restée étrangement silencieuse sur cette affaire.


Après ces tirs, la Coalition de l’opposition a d’ailleurs annoncé qu’elle suspendait sa participation à plusieurs rencontres à l’étranger pour dénoncer le « silence international sur les crimes » commis par le régime Assad, notamment la prochaine réunion des Amis du peuple syrien, prévue le 28 février à Rome, de même que ses visites en Russie et aux États-Unis. L’opposition a affirmé tenir en particulier les dirigeants russes « pour responsables éthiquement et politiquement, car ils continuent à soutenir le régime par les armes ». Mais en soirée, la diplomatie US tentait de la convaincre de ne pas boycotter la réunion censée se tenir en présence de John Kerry. « Nous essayons d’insister, et nos alliés et partenaires aussi, sur l’occasion qui leur est offerte à Rome de voir les pays qui les soutiennent le plus et de venir nous présenter la situation sur le terrain en termes sécuritaires, humanitaires, politiques et économiques », a indiqué un haut responsable de l’administration Obama dans l’avion qui emmenait John Kerry de Washington à Londres.

Échapper au contrôle
Sur le terrain, de violents combats se déroulaient toujours hier autour d’une académie de police dans l’ouest de la province d’Alep, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Les rebelles encerclent l’académie dans la ville de Khan el-Assal, qui est le dernier bastion du régime dans l’ouest de la province. Les combats sont féroces et il y a des pertes dans les rangs des insurgés. S’ils prennent le bâtiment, tout l’ouest de la province d’Alep échappera au contrôle du régime » du président Bachar el-Assad, a précisé le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. La province d’Alep, où les insurgés contrôlent déjà de larges territoires, en particulier à Idleb, à Raqqa et à Hassaké, reste sous la menace de bombardements de l’aviation ou de tirs de missiles.
Dans le même temps, l’armée a lancé de nouvelles attaques contre les positions rebelles dans l’est de la ville d’Alep, les combats faisant toujours rage entre armée et rebelles, qui tentent de prendre l’aéroport international d’Alep et celui militaire de Naïran.


En outre, l’armée a utilisé des avions militaires et des roquettes pour bombarder les enclaves des rebelles près de Damas. Dans la région de Lattaquié, rare bastion du régime dans le nord-ouest de la Syrie, les chars de l’armée ont pilonné une position rebelle à Nahiyet Rabia. Au moins 82 personnes ont perdu la vie hier, selon al-Arabiya, et samedi, 110 personnes avaient péri.


En fin de soirée, le Front jihadiste al-Nosra a revendiqué la responsabilité d’une attaque-suicide menée début février contre une usine de l’armée, dans la province de Hama, qui avait fait au moins 60 morts.
Dans le même temps, le conflit a encore une fois coûté la vie à un journaliste, le reporter-photographe français indépendant Olivier Voisin, qui a succombé en Turquie après avoir été touché par des éclats d’obus dans la région d’Idleb, selon le ministère français des Affaires étrangères. Le président François Hollande et le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ont rendu hommage au photographe.

Rattraper le retard
Par ailleurs, les opposants syriens doivent se réunir le 2 mars à Istanbul pour décider de la formation d’un gouvernement chargé de gérer les territoires syriens aux mains des rebelles, selon un porte-parole de la Coalition nationale syrienne. Selon des experts, il s’agit à la fois de rattraper son retard sur les groupes islamistes bien implantés sur le terrain et de pousser à l’action une communauté internationale récalcitrante. « L’opposition veut établir une présence en Syrie qui lui donnerait plus de crédibilité », estime ainsi Salman Shaikh, directeur du Brookings Doha Center.

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