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Hariri : Le Hezbollah est prêt à faire toutes les concessions politiques pour éviter que ses armes soient remises en question

« Ça suffit », a lâché Saad Hariri concernant la mainmise du Hezbollah sur le pays. Photo Sami Ayad

Voici de larges extraits du discours prononcé hier après-midi par l’ancien Premier ministre Saad Hariri, tel que retransmis en direct par satellite de Riyad, lors du meeting organisé au BIEL par les forces du 14 Mars, pour la huitième commémoration de l’assassinat de Rafic Hariri.
S’adressant d’emblée à ses partisans et au public du 14 Mars en général, le leader du courant du Futur a déclaré : « C’est la huitième année, et vous résistez et gardez la foi dans l’État et la légalité, loyaux à la cause de Rafic Hariri (...). C’est la huitième année, et le legs de Rafic Hariri est le 14 Mars. Une date plus grande que tous les partis. Ne l’abandonnez pas. Ne renoncez pas à ses principes. Ne laissez pas tomber les martyrs et ne livrez pas le Liban aux commerçants du sectarisme, de la corruption et de la “moumanaa”. »
« Ils ont essayé par tous les moyens : la politique, le terrorisme, le meurtre, l’argent et les armes. Ils ont tenté d’éliminer le 14 Mars et ils n’ont pas réussi. Ils ont tendu des pièges, posé des bombes, assassiné des dirigeants, ils ont fait sauter des quartiers et des maisons, organisé des coups d’État, provoqué des dissensions, mais ils n’ont pas réussi et ne réussiront pas. Le sang de Rafic Hariri, le sang des martyrs du 14 Mars, est plus fort qu’eux tous. Plus fort que les partis des armes, plus fort que les plans d’Assad et de Mamelouk visant à saboter le Liban. Wissam el-Hassan les a dévoilés, et ils l’ont tué. Et auparavant, Wissam Eid les avait dévoilés, et ils l’ont tué. »
Après avoir rendu hommage à la mémoire de Rafic Hariri, de Wissam el-Hassan, de Wissam Eid et de tous les martyrs du 14 Mars, M. Hariri a déclaré : « La révolution de l’indépendance les a dévoilés. Ils se sont jetés sur elle avec les flèches de la vengeance ... mais le 14 Mars est resté comme le cèdre, un symbole de la fierté nationale, qui ne se brise pas. Les martyrs du 14 Mars ne sont tombés ni pour des sièges parlementaires ou des lois électorales, ni pour la présidence du gouvernement, ou pour n’importe quel poste au pouvoir. Ceux-là sont les martyrs de la souveraineté, de la liberté et de la coexistence, et non pas les martyrs des différends pour des butins politiques. Et moi, en cette huitième commémoration de ce martyre, je renouvelle l’engagement à respecter les principes de la révolution de l’indépendance, à rester accroché à la voie de la modération nationale et faire l’impossible afin de protéger l’unité du Liban et la coexistence entre tous ses fils. »

Les drapeaux du Liban et des communautés
Et M. Hariri de poursuivre : « (...) C’est une honte politique et nationale que la communauté devienne l’alternative à l’État, ou que le recours en tout à la religion et à la communauté prime sur le recours à l’État et à ses institutions. En politique, en sécurité, en défense nationale, dans l’administration, le système judiciaire, l’économie et même dans le choix du mode de vie. Lorsque le président Hariri a été assassiné, les drapeaux de toutes les communautés sont tombés, et le drapeau libanais a été soulevé, permettant aux Libanais d’expulser les forces de Bachar el-Assad. Malheureusement, il y a aujourd’hui ceux qui sont attirés par le jeu consistant à baisser le drapeau libanais et soulever à nouveau les drapeaux des communautés. Mais le drapeau du Liban restera toujours le plus haut et le Liban restera au-
dessus de tous. » « Ce n’est pas une coïncidence si la vague d’inquiétudes se manifeste à l’approche des élections et devient au centre de la course aux voix. »
« Je peux vous assurer aujourd’hui que je serai à vos côtés dans la prochaine bataille électorale, quelle que soit la loi, et quels que soient les défis et les risques, et ce sur la base d’un projet politique national qui refuse d’aliéner l’État afin de servir les projets d’hégémonie et de partition religieuse, a ajouté M. Hariri. Quelles que soient la légitimité et la crédibilité de ces préoccupations, je tiens à souligner les constantes déjà annoncées en ce qui concerne la loi électorale. Et, ce qui est plus important encore, en ce qui concerne la correction de la ligne de conduite nationale et constitutionnelle, qui permet de sauver l’entente nationale et consolider les piliers de la coexistence. Je reconnais que la vie nationale libanaise est dans une impasse. Une impasse que certains veulent réduire à la loi électorale, alors que nous voyons cette impasse comme l’expression d’un réel défaut, qui a touché le véritable triangle d’or sur lequel doit se fonder l’État libanais. Ce triangle est : la coexistence, la neutralité positive et le monopole du pouvoir. »
« De là, nous avons pris l’initiative, en nous basant sur l’accord de Taëf, de présenter des propositions claires, concernant des amendements de la Constitution qui touchent à la suspension de l’abolition du confessionnalisme politique, la mise en place d’un Sénat, l’adoption de la décentralisation élargie et l’inclusion de la Déclaration de Baabda concernant la neutralité du Liban dans le préambule de la Constitution, a déclaré M. Hariri. Quant au monopole du pouvoir entre les mains de l’État libanais et de ses institutions juridiques, sécuritaires, militaires, judiciaires et administratives, c’est le point principal de mon discours aujourd’hui. Ici, je veux parler franchement et je sais que mes propos ne vont pas plaire à certains. »

Les armes illégales
Et le leader du Futur d’ajouter : « Le problème des armes au Liban, des armes illégales, avec toutes ses fonctions régionales et internes, sectaires, familiales, djihadistes et expiatoires, est la mère des problèmes au Liban. Tous les Libanais savent que les armes illégales sont une usine qui produit tous les jours des guerres civiles, des discordes entre les communautés, des îlots sécuritaires, des crimes organisés et non organisés, du terrorisme, des “chabbiha” des quartiers, la violation des lois, les enlèvements, la corruption, le banditisme, la contrebande et l’intimidation de l’État. Tous les Libanais savent que le Hezbollah possède un arsenal d’armes lourdes, de missiles et d’armes légères, qui, dit-on, est plus important que celui de l’État libanais. Et tous les Libanais savent que ceux qu’on appelle les Brigades de la résistance sont des groupes partisans, religieux, tribaux, familiaux et des services de renseignements, que le Hezb fournit en armes et en argent, et qui sont actifs dans toutes les régions libanaises. »
« En contrepartie, a ajouté M. Hariri, il y a des armes en petites quantités entre les mains de groupes, de citoyens, d’organisations et de factions libanaises et palestiniennes qui agissent en dehors de la légalité et du droit. Ils ont eu recours à ce choix sous prétexte de légitime défense, à l’ombre du grand incubateur armé du Hezbollah et de ses brigades. Il s’agit du plus grand danger qui menace la coexistence entre les Libanais. Le Hezbollah refuse catégoriquement de reconnaître cette réalité et reste attaché à la formule : toutes les politiques au service des armes. Il est prêt à se désister de la part du parti, offerte comme pot-de-vin au Premier ministre, moyennant la formation d’un gouvernement qui n’aborderait pas la question des armes. Il est prêt aussi à suivre son allié, Michel Aoun, en soutenant la loi électorale orthodoxe pour garantir que le Parlement reste sous la mainmise des armes. »
« Il est prêt à laisser passer le financement du Tribunal international par le gouvernement, et à oublier les campagnes de Walid Joumblatt et sa position ferme contre le régime d’Assad et le rôle de l’Iran dans la répression du peuple syrien, pour que les armes restent hors du débat, a ajouté M. Hariri. Le Hezbollah refuse de voir le Liban sans cette organisation militaire et sécuritaire que l’Iran a créée pendant trente ans. Et c’est là la grande impasse. Impasse dans laquelle se trouve un État coexistant avec un mini-État militaire, au-dessus d’une forêt d’armes illégales de tous les partis et de toutes les communautés : des armes du Hezbollah à celles de Fateh el-Islam et tous ceux qui sont à l’image de Fateh el-Islam. »

Le Hezbollah et les chiites
Et de poursuivre : « Comme je vous l’ai déjà dit, je sais que ces propos ne vont pas à plaire à une partie des Libanais, en particulier une grande partie de nos frères de la communauté chiite, c’est-à-dire la partie qui estime que les armes du Hezbollah sont une force supplémentaire pour la communauté et son rôle. Mais, malheureusement, c’est la vérité. La sincérité veut que j’attire l’attention sur le fait que lorsque nous nous adressons au Hezbollah, nous n’englobons pas toute la communauté chiite. Nous, du moins, nous ne croyons pas que le Hezbollah est la communauté chiite. La communauté chiite existe au Liban depuis plus de mille ans, alors que le Hezbollah est un phénomène venu avec l’Iran il y a trente ans. Mais personne ne peut nier que le Hezbollah prend un large public dans la communauté chiite comme base pour son projet national et régional. C’est la vérité douloureuse. J’espère que les frères chiites prendront conscience de ses dimensions et de ses risques quant à l’unité islamique, en particulier, et l’unité des Libanais, en général. »
Après avoir souligné que « le destin des chiites est notre destin », M. Hariri a ajouté : « Le Hezbollah a peut-être réussi à effacer la personnalité culturelle pluraliste qui a caractérisé la communauté chiite au fil des décennies et a éliminé sa diversité politique, et, à travers les armes, a trouvé un moyen d’effrayer les partenaires et les proches. Mais ce succès est l’autre face de l’échec du Hezbollah, au niveau des relations des chiites avec les autres groupes nationaux. Je ne veux pas revenir sur la question des suspects dans l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri et le refus de les remettre au Tribunal Spécial. Le tribunal progresse, et les criminels seront punis tôt ou tard. Mais est-il raisonnable que le Hezbollah refuse de voir l’anxiété, l’aliénation et la division sur la scène musulmane, à cause du refus de remettre les suspects et de la logique de l’intimidation de l’État ? Est-il raisonnable que le Hezbollah, aujourd’hui encore, interdise la remise (à la justice) de l’accusé dans la tentative d’assassinat de Boutros Harb ? Est-il raisonnable que nous remettions notre destin à vivre ensemble, dans une même ville, un même quartier et une même maison, à un projet partisan qui refuse que l’État soit la référence pour tous les citoyens ? Est-il possible, après toutes les expériences amères qu’a connues le Liban, que le Hezbollah insiste à entraîner le Liban, et les chiites en particulier, dans le même cercle vicieux ? »
Et d’ajouter : « Les armes qui doivent protéger les chiites au Liban sont les mêmes qui doivent protéger les chrétiens, les sunnites et les druzes, et tous les Libanais sans exception. L’État est la seule solution, et l’armée libanaise est la seule gardienne de la sécurité nationale. Ce discours, je l’adresse honnêtement aux musulmans sunnites et chiites, et à tous les Libanais. Et je le dis aux sunnites et aux chiites en particulier, car il y a certains qui craignent pour le Liban du fait de l’aggravation des tensions entre les deux communautés. Nous la nions parfois et nous travaillons parfois à l’atténuer. Et nous nous retrouvons tous à assurer que même si elle s’aggrave, elle ne sera pas une raison pour déclencher un conflit entre les fils d’une même nation. Les musulmans sages ont pris l’habitude de répéter que l’existence du Liban n’a pas de sens sans les frères chrétiens (...). Aujourd’hui, j’ajoute qu’il n’y aura pas de sens à l’existence du Liban sans la composante islamique chiite, sunnite et druze, et l’intégration avec la composante chrétienne qui devrait constituer une stimulation commune pour mettre fin aux tensions politiques et confessionnelles. »

Un espace pour la modération
Et de poursuivre : « Moi, je veux chercher avec les frères de la communauté chiite, et avec tous les Libanais, un plus grand espace pour la modération, l’État moderne, le monopole du pouvoir aux mains de la légalité et la neutralité positive qui protège le Liban, c’est-à-dire une plus grande place pour la coexistence, qui n’a pas d’alternative pour nous. Le régime de Bachar el-Assad tombera inévitablement, et sa chute, si Dieu le veut, sera retentissante, non seulement en Syrie, mais aussi dans tout le monde arabe et le monde entier. Mais cette chute ne sera pas un moyen pour relancer l’intimidation entre Libanais. Par conséquent, je n’appelle à aucune concession en faveur du 14 Mars, ni du courant du Futur, ou Saad Hariri, ou telle ou telle communauté. J’appelle à des concessions en faveur de l’État libanais, de la légalité constitutionnelle, de la loi, de la justice, des institutions militaires et sécuritaires, et pour la coexistence et le message du Liban. »
Et M. Hariri d’ajouter : « J’ai déjà dit que notre rêve est de célébrer le centenaire de la création de l’État du Grand Liban, dans sept ans, en atteignant l’État civil du Grand Liban. Nous avons une feuille de route pour cet État. Et nous savons ce que signifie un État civil. Nous sommes un courant politique civil, modéré et démocratique, et rien ni personne ne peut nous entraîner dans des positions sectaires, violentes ou extrémistes. Nous avons présenté une initiative. Mais notre projet ne s’arrête pas à cette initiative. Nous connaissons les erreurs que nous avons commises. Et non seulement nous ne les répéterons pas, mais nous voulons également les corriger. Notre projet est d’accorder aux jeunes hommes et aux jeunes femmes le droit de vote à l’âge de 18 ans. Notre projet est de donner aux Libanais de la diaspora le droit de récupérer la nationalité libanaise. Notre projet est de donner à la femme libanaise la pleine citoyenneté, y inclus le droit de donner à ses enfants sa nationalité et la nationalité de son pays. »
« Notre projet est de restaurer la position du Liban parmi ses frères arabes et sur la scène internationale, a aussi déclaré le leader du courant du Futur. Notre projet est de renouveler l’espoir à tous les Libanais, et encore une fois d’améliorer la situation socio-économique et de développement, et de mettre un terme aux conditions terribles dans lesquelles vivent tous les Libanais de toutes les religions et toutes les régions. Nous sommes l’école de Rafic Hariri, et nous savons, et tous les Libanais savent que nous savons, comment la faire fonctionner (...) Aujourd’hui, chaque Libanais peut voir que le problème au Liban réside dans le fait qu’un mini-État dévore l’État, dévore ses institutions et ses systèmes, dévore le port, l’aéroport, la médecine, la nourriture, le fuel, l’université, l’électricité et les communications. »

Le mini-État plus puissant que l’État
« Aujourd’hui, chaque Libanais est capable de voir que le problème n’est pas une erreur fatale à Ersal, le problème réside dans les armes mortelles répandues dans tout le Liban parce qu’il existe un mini-État plus puissant que l’État, a ajouté M. Hariri (...). Le rêve de Rafic Hariri était que l’électricité cesse d’être un rêve pour les Libanais. Le rêve de Rafic Hariri était que le téléphone cesse d’être un rêve, ainsi que les écoles, les universités, les soins médicaux, les routes, l’aéroport, le travail, la justice, la sécurité, la coexistence ; le rêve de Rafic Hariri était que l’État cesse d’être un rêve pour les Libanais. Aujourd’hui, nous, le courant du Futur, l’école de Rafic Hariri, et moi Saad Rafic Hariri, nous disons à tous les Libanais : Ce rêve va cesser d’être... un rêve. Nous, avec tous les Libanais, allons transformer ce rêve en réalité. »
Et de conclure : « La première étape est les élections législatives, auxquelles nous participerons ensemble, tous ensemble, avec nos alliés du 14 Mars, avec les Libanais qui croient en l’État civil, de toutes les religions et de toutes les communautés, qui croient en un État souverain, libre, indépendant, unifié, démocratique et prospère. La première étape, pour le retour de la confiance, pour le retour de la stabilité, pour le retour des investissements, des emplois, de la vie décente, de la vie nationale, pour le retour de l’espoir, est : les élections. Nous allons y participer ensemble pour changer la situation actuelle. Le Liban gagnera et tous les Libanais gagneront. »
Voici de larges extraits du discours prononcé hier après-midi par l’ancien Premier ministre Saad Hariri, tel que retransmis en direct par satellite de Riyad, lors du meeting organisé au BIEL par les forces du 14 Mars, pour la huitième commémoration de l’assassinat de Rafic Hariri.S’adressant d’emblée à ses partisans et au public du 14 Mars en général, le leader du...

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