Loi électorale : après le Futur, une proposition Kataëb quasi similaire

Le critère de la juste représentation des chrétiens et celui de l’équilibre politique, convenus par la sous-commission ad hoc depuis lundi, définiront les détails du découpage électoral sur la base du scrutin mixte. L’enjeu est donc double : permettre aux chrétiens d’élire la plus grande part possible des 64 sièges qui les représentent et respecter en même temps la spécificité politique de certaines régions.
Des propositions avancées jusque-là, seules deux prévoient dans le détail et sur base du scrutin mixte un moyen de rallier ces deux critères : celle des Kataëb, présentée hier, et celle du courant du Futur, avancée la veille, dans une démarche qualifiée de « changement stratégique » par le député Ahmad Fatfat, puisqu’elle tempère la position de principe du bloc du Futur, en vertu de laquelle « la proportionnelle ne saurait s’appliquer en présence des armes du Hezbollah ».

 La proposition Kataëb
D’abord, la proposition du parti Kataëb, exposée hier par le député Samy Gemayel, prévoit l’élection de 60 % des sièges à la majoritaire, sur la base de 36 circonscriptions, et l’élection de 40 % des sièges à la proportionnelle, répartis sur neuf mohafazats. « Le critère du découpage est clair et se base sur le caza : tout caza comportant cinq sièges ou plus sera divisé en deux, de sorte que chaque circonscription assure l’élection d’un à trois sièges à la majoritaire et de cinq à neuf à la proportionnelle ».
La proposition des Kataëb prévoit également une augmentation du nombre des sièges parlementaires de 128 à 134, afin d’élargir la représentation des minorités, notamment les syriaques.
Alors que la proposition des Kataëb aboutirait à une égalité des sièges entre les camps du 14 et du 8 Mars (60-60 ou 61-61), avec 12 sièges pour les centristes, le pointage effectué sur la base de la proposition du Futur donne 60 députés au 14 Mars, 57 députés au 8 Mars et 11 députés au centre.
Rappelons que la proposition du courant du Futur, avancée la veille, prévoit l’élection de 90 sièges (70 %) à la majoritaire, dans 37 circonscriptions comportant chacune deux à cinq sièges, le caza étant la limite géographique maximale de la circonscription. Les 38 sièges restants, que le Futur a réservés à la proportionnelle, se répartissent entre six mohafazats (le Mont-Liban étant divisé en deux), chacun de ces sièges correspondant à la communauté la plus faiblement représentée dans une circonscription donnée, par rapport à sa représentativité nationale.

 Fatfat
Est-il possible d’évoquer une rivalité entre les deux propositions Kataëb et Futur à l’heure actuelle ?
Interrogé par L’Orient-Le Jour sur la question, le député du courant du Futur Ahmad Fatfat a insisté sur la forte ressemblance entre les deux propositions. « Les différences sont minimes », a-t-il ajouté, expliquant que les Kataëb prévoient de restreindre les mohafazats et d’augmenter le nombre des cazas, par rapport à la proposition du Futur, « en vue d’une meilleure représentation des chrétiens ». Il a affirmé être disposé à « améliorer » la proposition de son bloc, d’autant que les deux projets se complètent. Il n’a toutefois pas écarté la possibilité que les débats en sous-commission ad hoc, dont le sursis s’achève en fin de semaine, ne se soldent en plusieurs projets, qui seraient soumis au vote des commissions conjointes. Ce scénario est d’autant plus plausible que le Hezbollah et ses alliés ne semblent pas près d’avaliser ni l’un ni l’autre projet. Selon une source présente à la séance d’après-midi, le député hezbollahi Ali Fayad n’aurait guère appuyé la proposition Kataëb, contrairement aux informations ayant circulé dans certains médias. De plus, selon cette source, le 8 Mars continue de se diriger vers plus de proportionnelle sans concession.

Flou éloquent
C’est ce qui ressurgirait du flou ayant entouré la position du président du Parlement Nabih Berry. Il avait déclaré au quotidien an-Nahar, dans son édition d’hier, que « si le scrutin mixte 50 %-50 % n’est pas adopté, le choix se portera sur la proposition du Rassemblement orthodoxe ». Le président de la sous-commission le député Robert Ghanem a veillé à démentir hier cette information, après avoir contacté le président de la Chambre. Selon la source précitée, les déclarations dans la presse du président Berry ne visaient qu’à exercer encore plus de pressions vers une augmentation du pourcentage des sièges à élire sur la base de la proportionnelle.
Alors que le député des Forces libanaises Georges Adwan présentera officiellement la proposition de son parti vendredi, il a soutenu hier le projet Kataëb, comme il l’avait fait la veille du projet du Futur. De son côté, le député du bloc du Changement et de la Réforme Alain Aoun a campé sur sa position d’observateur au sein de la sous-commission, refusant dès le départ de souscrire à l’idée d’un scrutin mixte. Il a commenté hier l’expression « d’obscurité créative », utilisée par Ahmad Fatfat, pour décrire le résultat auquel devrait aboutir sa proposition : celle-ci doit assurer l’élection de 60 députés chrétiens par les chrétiens, les quatre sièges restants faisant partie de cette « obscurité créative ». Le député Aoun a renchéri sur ce point en affirmant que « ce concept ne signifie pas d’établir un découpage qui assure l’égalité entre les deux camps, mais de maintenir le flou quant aux résultats ». Une pique à l’adresse du 8 Mars ou du 14 Mars ?

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