Rechercher
Rechercher

Culture - Exposition

Les « Karakouz » de Raouf Rifaï, chez Mark Hachem

La galerie Mark Hachem accueille les « Karakouz » de Raouf Rifaï. Des personnages caricaturaux sur toile ou en bronze, illustration satirique des populations actuelles du Moyen-Orient et de leurs dirigeants !

« Karakouz » (acrylique sur toile, 180 x 240 cm ; 2013).

Version orientale du guignol, le «Karakouz» est, dans nos contrées, l’incarnation du ridicule: un personnage burlesque, à la fois provocateur et simplet.
C’est à la représentation de ce bouffon traditionnel, mais plus que jamais d’actualité, que s’est attelé Raouf Rifaï dans sa dernière série d’œuvres – majoritairement picturales ponctuées de quelques sculptures – exposée à la galerie Mark Hachem, jusqu’au 23 février*.
Des «Karakouz» qui s’inscrivent dans la lignée de ses «Darawich». Car, dans sa précédente série de peintures, cet artiste humaniste et engagé portraiturait, dans un symbolisme ludique, le «brave homme du peuple», simple et naïf, que l’on désigne communément dans notre jargon local par «Darwich». Il faisait de ce personnage à tarbouche l’emblème du désarroi de l’homme contemporain moyen-oriental confronté aux mutations sociales et aux événements politiques qui assombrissent son horizon.
Cette fois, c’est avec plus d’acuité et de mordant qu’il reprend le thème de la figure populaire levantine pour dénoncer, sur le mode du portrait grotesque, le grand cirque qu’est devenue cette région du monde!
Du «Karakouz m’en-foutiste» au «Karakouz du Nil» en passant par le «Karakouz Klachinkof»... Raouf Rifaï, qui a, entre-temps, décroché le prix du Musée Sursock à l’occasion du Salon d’automne de 2010, décline ici une large variété de bouffons devenus les miroirs d’une société en déliquescence. Des hommes troncs aux figures épaisses tracées à la ligne noire, aux regards tantôt mornes et mi-clos tantôt frondeurs et narquois... Que l’artiste pose sur des couches successives d’aplats de couleurs contrastées dans de grandes toiles de groupe ou, en solo, dans différentes séries de format carré.
Si certains de ses personnages ont conservé le tarbouche de leurs prédécesseurs, d’autres, dans le même tableau, revêtent des couvre-chefs divers et variés: béret, Stetson, Borsalino, calotte, haut-de-forme... S’agirait-il, dans cette peinture hautement symbolique, d’une forme de représentation du désarrois d’une population tiraillée entre tradition et anarchique ouverture au monde?
D’autant que l’on retrouve la même ambiguïté dans les deux installations en techniques mixtes et les quelques sculptures en bronze qui accompagnent cet accrochage.
Une première installation qui prend la forme d’une momie égyptienne debout, portant tarbouche ottoman et foulard palestino-syrien, mais aux bandelettes sur le corps tamponnées du sigle... Schell. Et une seconde formée tout simplement d’un squelette humain entièrement doré, portant lui aussi le tarbouche et trônant dans un fauteuil en fer forgé.
Deux allégories politiques de «l’homme arabe» et de ses «parlementaires», baptisées également «Karakouz». Tout comme le sont les sculptures de bronze que présente pour la première fois cet artiste. Et qui, pour un coup d’essai, se révèlent des œuvres de maître. En particulier celle composée d’une tête en tarbouche posée sur tabouret oriental.
En véritable artiste témoin de son temps, Raouf Rifaï consigne dans son art les perturbations civilisationnelles que traverse le Moyen-Orient. Et les rend dans des «œuvres calembours», entre expressionnisme virulent et symbolisme ludique...

* Mina el-Hosn, rue Salloum, imm. Capital Garden, rez-de-chaussée. Tél. 70/949029.
Version orientale du guignol, le «Karakouz» est, dans nos contrées, l’incarnation du ridicule: un personnage burlesque, à la fois provocateur et simplet. C’est à la représentation de ce bouffon traditionnel, mais plus que jamais d’actualité, que s’est attelé Raouf Rifaï dans sa dernière série d’œuvres – majoritairement picturales ponctuées de quelques sculptures –...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut