Une dépendance qui se développe rapidement

Toute forme de tabagisme, quelle qu’elle soit, « provoque une forme de dépendance », affirme le Dr Mirna Waked, pneumologue et épidémiologue. « Les “chippers” ou “chippeurs” toutefois ont une forme de dépendance qui n’a toujours pas été élucidée sur le point scientifique, poursuit-elle. Cette catégorie de fumeurs constitue un mystère dans le domaine de la dépendance. Ils peuvent en fait se contenter d’une ou de deux cigarettes qu’ils fument après les repas ou dans des circonstances bien particulières. La dépendance qu’ils développent est différente de celle constatée chez les vrais fumeurs. Ils suscitent une vive curiosité scientifique. »
Soulignant que l’hypothèse selon laquelle « la dépendance aurait un facteur génétique n’a pas encore été développée », le Dr Waked constate que « la dépendance au tabac s’installe rapidement ». « Au cours de l’adolescence, on fume parce qu’on veut se prouver et être socialement épanoui, explique-t-elle. Mais le phénomène de dépendance est rapidement enclenché parce que la nicotine agit sur les récepteurs dopaminergiques et nicotiniques du cerveau qui stimulent le site de la récompense et provoquent du plaisir. Lorsque la nicotine diminue, on en demande plus. C’est un cercle vicieux. Par ailleurs, c’est une forme de dépendance socialement autorisée, contrairement à la drogue qui est farouchement combattue. »

40 % de réussite
« Toutes les méthodes utilisées pour l’arrêt du tabac sont intéressantes dans le sens qu’elles peuvent donner de bons résultats, poursuit le Dr Waked. Toutefois, le taux de réussite de ces méthodes, notamment des substituts nicotiniques, ne dépasse pas les 40 % d’arrêt à un an. Les personnes qui réussissent à passer le cap doivent être suivies de près, d’autant qu’il existe toujours un risque de récidive. »
Le Dr Waked affirme en outre qu’il n’est pas possible d’arrêter le tabac si la personne elle-même ne le veut pas. En ce qui concerne la prise en charge, elle doit être multidisciplinaire. « Des méthodes alternatives pourraient être conseillées, mais nous ne disposons pas de références dans ce cadre, y compris sur la cigarette électronique qui n’a toujours pas été approuvée par la FDA, avance le Dr Waked. Celle-ci réussit chez beaucoup de patients, mais nous ignorons encore ses effets à long terme. Des articles on été publiés sur les effets de la fumée de la cigarette électronique qui aurait le même effet d’irritation que la fumée de la cigarette normale. »