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À La Une - L’éditorial de Issa GORAIEB

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Le Liban n’a décidément pas trop bonne presse par les temps qui courent.

Consternant en effet est le rapport d’enquête de Médecins sans frontières sur la situation des Syriens ayant cherché refuge dans notre pays. Tant les autorités locales que le Haut-Commissariat de l’ONU y sont invités en effet à davantage de célérité et d’efficacité dans l’aménagement de centres d’accueil décents. Proprement accablant, quant à lui, est le constat de Human Rights Watch, qui fait état, pour l’année 2012, de quatorze cas de déportation d’opposants syriens, fatalement promis à l’exécution ou à la torture. Cette dernière, signale d’ailleurs ce texte, est allègrement pratiquée lors des interrogatoires par les divers organismes de sécurité libanais, les auteurs de tels sévices corporels jouissant d’une totale impunité. Le même laxisme est d’ailleurs reproché au gouvernement en matière de réforme de la législation sur les droits des femmes.

Ce tableau peu flatteur serait incomplet sans les incohérences dont fait montre actuellement la justice. Les scandales financiers sont légion, allant de la fabrication de faux médicaments aux outrancières exemptions de taxes douanières que s’octroient certains puissants. C’est le dossier de la banque al-Madina, vieux de plusieurs années pourtant, que décide subitement de dépoussiérer le parquet. Reste à savoir toutefois si ce n’est pas là simple manœuvre d’intimidation tactique, s’agissant en effet d’une colossale entreprise de corruption qui éclabousse, dit-on, une bonne part de l’establishment politique.

Voilà pour les félicités domestiques. Hors frontières, c’est la Bulgarie qui assure une promotion mondiale du touriste libanais en imputant à des membres du Hezbollah l’attentat anti-israélien de Burgas commis en juillet dernier. Pure calomnie, s’est offusquée la milice, dont quatre de ses cadres font déjà l’objet d’accusations du Tribunal spécial pour le Liban dans l’affaire de l’assassinat de Rafic Hariri. Mais que voulez-vous, on ne prête qu’aux riches ...

Dans l’immédiat du moins, les affirmations de Sofia risquent peu de mener à conséquence. Ainsi, l’Europe ne semble guère pressée de placer le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, comme l’y incitent les États-Unis et Israël : réticence surtout notable dans les pays qui entretiennent des contingents au sein de la Force intérimaire de l’ONU stationnée au Liban-Sud, telles la France et l’Italie. C’est au Liban même, en revanche, que la bombe bulgare risque d’avoir le plus d’effets. Car ces accusations ne visent plus, comme par le passé, des individus relevant d’une milice qui échappe notoirement au contrôle d’un État à la faiblesse proverbiale bien que siégeant dans un cabinet d’unité nationale. Elles sont lancées cette fois contre un parti qui contrôle pratiquement le gouvernement et qui donc mouille forcément celui-ci dans son intégralité.

Dès lors, la volonté aussitôt proclamée de ce même gouvernement de coopérer avec les enquêteurs ne manque guère de piquant. À plus long terme cependant, et si des mesures de rétorsion internationales devaient menacer le Liban, pourrait s’imposer le recours à un nouveau gouvernement, formé de non-partisans. Et donc moins marqué, moins visiblement noyauté que l’actuel. Après tout, notre pays n’en est plus à un tour de passe-passe près.

Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

Le Liban n’a décidément pas trop bonne presse par les temps qui courent. Consternant en effet est le rapport d’enquête de Médecins sans frontières sur la situation des Syriens ayant cherché refuge dans notre pays. Tant les autorités locales que le Haut-Commissariat de l’ONU y sont invités en effet à davantage de célérité et d’efficacité dans l’aménagement de centres...
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