L'annonce de l'implication du Hezbollah dans l'attentat de Burgas, qui avait provoqué la mort de cinq Israéliens et d’un Bulgare en juillet 2012, a engendré des réactions mitigées au Liban et à l'étranger.
Alors qu'un flou total entoure les positions des pays européens toujours divisés sur cette affaire, les États-Unis en ont profité pour mettre la pression sur la responsable de la Sécurité et des Affaires étrangères au sein de l’UE, Catherine Ashton, pour classer le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes.
Un comportement suspect aux yeux du Hezbollah qui a accusé mercredi dernier Israël de susciter une "campagne internationale de calomnies" contre lui.
A Beyrouth, l'Alliance du 14 Mars (opposition) a exprimé ses inquiétudes quant aux répercussions que pourrait avoir l'implication du parti chiite dans cet attentat.
Le Premier ministre Najib Mikati a immédiatement annoncé sa volonté de coopérer avec les autorités bulgares, alors que les proches du Hezbollah dénoncent un "complot", affirmant que les "accusations dirigées contre le parti ne sont (toujours) pas fondées sur des preuves concrètes".
Dans ce contexte, le quotidien français Le Figaro a révélé dans son édition de jeudi des détails sur le rapport secret de la Commission nationale de sécurité bulgare qui a conclu à la responsabilité du Hezbollah dans l'attentat.
Selon le journal, trois hommes seraient responsables de l'attentat, "Jacque Filipe Martin, Ralph William Rico et Brian Jameson, deux jeunes Canadiens et un Australien".
Le prénommé Jacque Filipe Martin a péri dans l'attentat et a été identifié par des traces ADN ; ses deux complices "sont repartis, via un autre pays européen, vers le Liban dont ils sont tous originaires", poursuit Le Figaro.
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Selon le journal, un responsable policier bulgare aurait affirmé après l'annonce de l'implication du Hezbollah que "toutes les pistes mènent à Beyrouth".
Le ministre de l'Intérieur Tsvetan Tsvetanov avait d'ailleurs affirmé à l'issue d'une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité bulgare détenir "des informations concernant des financements et une appartenance au Hezbollah de deux personnes".
Selon Le Figaro, des transferts d'argent en provenance du Liban avaient "pour destinataire le porteur du passeport australien du trio, que les enquêteurs considèrent comme l'artificier du groupe". De plus, les faux documents (permis de conduire) que possédaient les suspects auraient été fabriqués dans un atelier libanais "bien connu" par les autorités.
Le journal révèle également que les enquêteurs bulgares disposeraient d'une photo d'un des proches de l'un des complices, aux côtés de membres du Hezbollah.
Les trois terroristes présumés seraient arrivés en Bulgarie après avoir transité par trois autres pays européens, "mais leur point de départ était Beyrouth, où, selon, le patron de l'antigang de Sofia, Stanimir Florov, les deux survivants se trouvent aujourd'hui".
Enfin, le quotidien indique, citant les enquêteurs bulgares, que les trois complices n'avaient pas un comportement de fanatiques islamiques, puisqu'ils ont "fréquenté des hôtels de charme et des restaurants fins, souvent joliment accompagnés".
La réaction iranienne
Par ailleurs, l'ambassadeur d'Iran en Bulgarie, Gholamreza Bagheri, a nié vendredi à Sofia toute implication iranienne dans l'attentat de Burgas. Il s'agit du premier commentaire iranien après l'annonce bulgare sur une implication du Hezbollah dans cette attaque. L'ambassadeur iranien a également laissé entendre qu'Israël avait en réalité provoqué cet attentat à l'aéroport de Burgas.
"Selon les informations dans les médias, il y a plusieurs pays impliqués. Cela rappelle l'assassinat à Dubaï d'un des responsables d'un groupe palestinien", a-t-il déclaré.
Un des fondateurs de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas¨, Mahmoud Al-Mabhouh, avait été assassiné il y a deux ans dans sa chambre d'hôtel à Dubaï, a-t-il rappelé. Les auteurs de cet assassinat avaient utilisé des passeports australiens, britanniques, irlandais, français et allemand.
"Il s'est avéré que les auteurs de l'assassinat étaient envoyés par le régime sioniste", a-t-il dit.
"Si au sujet de cet assassinat le monde avait réagi de façon plus catégorique, les milieux liés au terrorisme ne se seraient plus permis d'actions pareilles", a-t-il estimé.
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Beyrouth et toujours Beyrouth que de secrets cache cette capitale ou touts les complots passent et de toutes les confessions pour payer ensuite un lourd tribu . Triste . Antoine Sabbagha
09 h 31, le 08 février 2013