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À La Une - Rapport

Réfugiés syriens au Liban : « Médecins sans frontières » tire la sonnette d’alarme

Médecins sans frontières a averti hier que la moitié des réfugiés syriens au Liban ne reçoivent pas assez rapidement d’aide humanitaire efficace.

Dans son rapport d’enquête de douze pages, rendu public hier et intitulé « Survivre au-delà de la guerre : la vie des réfugiés syriens et des populations déplacées au Liban », Médecins sans frontières (MSF) explique que, parmi les 220 000 Syriens ayant trouvé refuge au Liban, beaucoup n’ont pas accès aux soins de santé de base et à un logement. Cette détérioration de la situation humanitaire est principalement due, selon MSF, aux délais de deux à trois mois nécessaires à l’enregistrement auprès du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) avant de recevoir le sésame de toute aide. Ce que regrette Bruno Jochum, directeur général de MSF : « Dans une situation de crise, l’enregistrement ne doit pas être une condition pour recevoir de l’assistance. »


Dans son étude, le Prix Nobel de la paix 1999 explique aussi pourquoi beaucoup de réfugiés ne sont même pas inscrits auprès du HCR : « 41 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles n’étaient pas enregistrées, soit parce qu’elles manquaient d’informations sur la procédure et les emplacements d’enregistrement, soit parce que ceux-ci étaient trop éloignés », ce qui implique encore des coûts de transport difficilement supportables. MSF fait également état de situations complexes pour ceux qui, ayant quitté leur foyer dans l’urgence, se retrouvent sans papiers d’identité au moment de se présenter auprès de l’agence onusienne. Ainsi, au final, il en résulte qu’« environ une personne sur quatre déclare n’avoir reçu aucune assistance. Et soixante-cinq pour cent disent n’avoir reçu qu’une assistance partielle qui ne couvre pas les besoins de leur famille ».

Mobilisation internationale
En revenant sur les six derniers mois, l’association humanitaire rappelle que la situation médicale des populations réfugiées, près de 94 % de Syriens et 6 % de Libanais ou Palestiniens d’origine, s’est « clairement détériorée ». Plus de la moitié des personnes ayant participé à l’enquête ne peuvent s’offrir un traitement contre les maladies chroniques. Près d’un tiers ont été forcées à suspendre un traitement en raison de son coût trop élevé, les vaccinations des enfants, les soins obstétriques et anténataux ainsi que les soins de base étant hors de portée.
Côté logement, le constat est le même. MSF déplore en effet que dans la plupart des régions du Liban, notamment dans la Békaa où se trouve la majorité des réfugiés, la capacité des communautés d’accueil à absorber ces derniers a atteint ses limites. Ainsi, beaucoup de familles, récemment arrivées, manquent d’argent pour payer un loyer. Mais la majorité, enregistrées ou non, sont logées dans des abris de fortune, qu’il s’agisse de garages, d’immeubles en construction, de fermes ou d’écoles abandonnées. L’inquiétude de MSF est d’autant plus grande que ces lieux ne protègent pas ou très peu des rigueurs de l’hiver et affectent la santé de ceux qui les occupent.


Et Bruno Jochum d’appeler la communauté internationale à se mobiliser : « Il est temps que les bailleurs de fonds s’engagent véritablement à répondre aux besoins grandissants des réfugiés au Liban. Les acteurs nationaux et internationaux doivent évaluer les méthodes et le niveau d’assistance déployés. » Rappelant la solidarité dont ont fait preuve les Libanais depuis le début de la crise, MSF appelle « toutes les autorités et agences à accélérer la mise en place de centres de réception pour les nouveaux arrivants et à rendre immédiatement disponibles des abris collectifs adaptés aux conditions hivernales afin de faire face à l’afflux grandissant de réfugiés ».

2 100 familles
L’enquête de MSF a été menée en décembre 2012 auprès de 2 100 familles dont soixante-quinze pour cent vivent dans des conditions jugées inacceptables. Alors que les personnes déjà enregistrées auprès du HCR reçoivent de la nourriture, des coupons de carburant ainsi qu’une couverture partielle des soins de santé. Dans le cadre de son action en 2012, MSF a dispensé plus de 23 000 consultations dans la vallée de la Békaa et à Tripoli. Aujourd’hui, à l’heure où la crise s’accentue, l’organisation intensifie sa présence opérationnelle, notamment en doublant le nombre de collaborateurs sur place, passant de 50 à 112 personnes.


À bien des égards, l’appel de MSF propose un défi humanitaire de taille non seulement à la communauté internationale, mais aussi aux Libanais et à leur capacité d’accueil.

 

 

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