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À La Une - Urbanisme

Pour Beyrouth, le siècle de la lumière... peut-être

Repenser et retravailler l’éclairage urbain de la capitale : l’étude du projet confié au bureau 4b-Architects Saïd Bitar est en cours de validation par le conseil municipal de Beyrouth.

Étouffé par les immeubles, l’ancien port de Aïn el-Mreisseh sera réanimé par des flux lumineux.

Il y a mille choses qui vont (très) mal dans la capitale. Mille. Mais le pire, c’est l’éclairage public. Surtout que la demande de mise à niveau du réseau devient urgente compte tenu de la vétusté de ses installations et de l’anarchie totale du matériel utilisé. En confiant au bureau 4b-Architects Saïd Bitar le projet d’étude d’un plan lumière, financé par la région Île-de-France, la municipalité de Beyrouth s’est donc décidée de sortir de sa léthargie et d’agir. Car il y va non seulement de la sécurité et du confort des piétons et des automobilistes, mais aussi de l’image de la ville, de son esthétique.
Dire que le réseau d’éclairage urbain de la ville de Beyrouth est en mauvais état et qu’il nécessite d’être rénové et modernisé est un euphémisme. Les 15 000 réverbères qui y sont plantés datent des années 50 et ne répondent plus aux normes d’éclairage. Leur vétusté entraîne des pannes de plus en plus nombreuses qui impliquent des coûts d’entretien inutiles et une consommation importante d’électricité. Ainsi, le projet Bitar prévoit de remplacer le vieux réseau par des luminaires appropriés moins énergivores et plus dynamiques.



25 % d’économie
En partant du principe qu’il faut innover et réduire la consommation énergétique de la ville, 17 000 réverbères à diodes électroluminescentes (LED) viendront remplacer les 15 000 anciennes lampes à vapeur de sodium qui dispensent une lumière tristounette, monochromatique et désespérément jaune. « Ces lampadaires mal conçus et mal orientés sont une pollution lumineuse. Leur flux éclaire plus le ciel que le sol, rendant difficile l’observation des étoiles et de la Voie lactée. Le LED, moins consommateur en énergie et plus performant sur le plan de l’efficacité, donnera donc une lumière de meilleure qualité et permettra d’économiser 24 à 25% d’énergie », relève l’architecte Joe Bitar, soulignant qu’avec les vieux équipements d’éclairage, « dont la moitié sont hors exploitation, Beyrouth consomme aujourd’hui autant d’électricité qu’une ville normale européenne correctement éclairée ». Par ailleurs, des plans d’horaire ou de seuil d’intensité lumineuse peuvent être programmés en fonction de l’heure, de la saison et de la fréquentation des zones. On pourrait ainsi utiliser des variateurs de puissance (dimmer) entre minuit et six heures du matin afin de diminuer le flux lumineux, explique l’architecte.



Scénographie
Excepté l’hypercentre, c’est l’éclairage de Beyrouth dans son ensemble qui sera redéfini et travaillé. Le choix du matériel et son emplacement se feront en fonction des neuf catégories de rue définies par le projet (résidentielle, commerciale, récréative, piétonne, etc.), ou encore en fonction de la largeur des artères et de la vitesse des voitures sur la voie. « On propose à l’échelle de la ville un équipement standardisé, simple, moderne et facile à gérer », affirme Joe Bitar. Un matériel plus spécifique sera réservé à certains zones, rues et quartiers. Pour exemples : un luminaire classique serait choisi pour la rue Hamra et le quartier Sassine ; un autre plus discret et épuré mettrait en exergue le cachet caractéristique de Gemmayzé...
Le plan lumière marque aussi les entrées de la ville, les parcs (Sanayeh, Sioufi, la forêt des pins), et donne un sens aux lieux par une scénographie de mise en lumière et en couleurs d’une centaine de bâtiments : des églises, des mosquées, des demeures traditionnelles et des bâtiments modernes, sans oublier les ponts et les silos. Deux itinéraires de promenade-lumière sont également à l’étude, l’une à la rue de Damas et l’autre sur la Corniche. Cette dernière bénéficiera d’un traitement particulier, à la hauteur de ses artères...



Télégestion
Pour la gestion et la maintenance du parc d’éclairage public, l’architecte Bitar décline deux propositions : soit s’appuyer sur une société privée, soit se doter d’un système de télégestion qui centralise sur un ordinateur l’ensemble des informations relatives au réseau. Cet outil de travail permet d’assurer un suivi précis pour réceptionner et traiter une intervention en temps réel et, par conséquent, de garantir un service curatif et préventif continu. D’autant que l’équipe en charge de l’entretien, qui aura suivi une formation dans ce but, pourra recenser en direct les défauts, voir si une ampoule a brûlé ou à quelle date elle a été remplacée, quand est-ce qu’il faut la changer avant qu’elle ne tombe en panne, etc.


Ce serait un miracle. Parce que les Beyrouthins attendent impatiemment que lumière soit faite. D’abord dans leurs rues.

 

 

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