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À La Une - Révolte

Assad accuse Israël de chercher à « déstabiliser (!) » la Syrie

Premiers contacts officiels entre l'opposition syrienne, la Russie et l'Iran.

Dans le quartier d’el-Ansari à Alep, des habitants cherchant des survivants sous les décombres d’un immeuble détruit par un raid aérien de l’armée loyaliste. Aaref Hretani/Reuters

Le président syrien Bachar el-Assad a accusé Israël de vouloir « déstabiliser » le pays déjà miné par un conflit meurtrier opposant ses troupes aux rebelles, suite aux propos d’Ehud Barak à Munich, où se terminait hier une conférence annuelle sur la sécurité. L’agression israélienne contre un complexe de recherche scientifique à Jomraya dans la province de Damas « dévoile le véritable rôle joué par Israël, en collaboration avec les forces étrangères ennemies et leurs agents sur le sol syrien, pour déstabiliser la Syrie et l’affaiblir », a-t-il estimé, cité par l’agence officielle SANA.


Par ailleurs, samedi à Munich, l’opposition syrienne a mené pour la première fois des contacts avec les deux principaux alliés de Damas, la Russie et l’Iran, qui ont tous deux salué la volonté de la Coalition de mener un dialogue avec le régime syrien. Le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi a d’ailleurs salué la volonté du chef de l’opposition syrienne, Ahmad Moaz el-Khatib, de dialoguer, sous conditions, avec le régime. La veille, son homologue russe Sergueï Lavrov, qui a également rencontré M. Khatib pour la première fois, avait qualifié l’initiative de ce dernier de « pas très important » et promis des « contacts réguliers » avec l’opposition. Moscou refuse toujours un changement de régime par la force, principale divergence avec Washington qui réclame le départ de Bachar el-Assad du pouvoir.

 

Damas n’a pas réagi officiellement à ces rencontres, mais le quotidien officiel es-Saoura en a minimisé l’impact, affirmant que la position russe à l’égard de Damas n’avait pas changé. M. Lavrov s’est également entretenu en tête à tête avec le vice-président américain Joe Biden. Peu avant, les deux hommes avaient reconnu en public que de « profondes divergences » subsistaient entre eux sur les conditions de mettre fin au conflit qui a fait plus de 60 000 morts en près de deux ans. Malgré ces désaccords, il « est important pour les deux pays de travailler ensemble dans l’intérêt de la paix internationale et de la sécurité, y compris en Syrie », a ainsi indiqué la Maison-Blanche. M. Biden a exprimé son souhait que la communauté internationale renforce son soutien aux adversaires du régime Assad, qu’il a qualifié de « tyran déterminé à se maintenir au pouvoir » mais « plus capable de diriger la nation ». « Nous travaillons ensemble, avec nos partenaires, pour qu’elle (l’opposition) devienne plus unie, plus solidaire », a déclaré le vice-président.

Pressions russes
L’initiative surprise de M. Khatib a fait grincer des dents parmi les opposants qui refusent catégoriquement tout dialogue avec Damas, mais hier, le porte-parole de la Coalition a affirmé que « la majorité » de ce rassemblement soutenait cette voie. Walid el-Bounni a en outre affirmé que la Coalition « espérait » que Moscou fasse pression sur son allié syrien. « La balle est désormais dans le camp de la Russie », a-t-il jugé appelant Moscou à penser « à ses véritables intérêts futurs dans la région ».


De son côté, la Turquie, un des principaux soutiens de l’opposition, a affiché son scepticisme, le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, estimant qu’un dialogue entre le régime et ses adversaires ne permettrait pas de trouver une solution au conflit qui a coûté la vie à plus de 60 000 personnes selon l’ONU. Un tel dialogue « est une voie erronée », a ainsi lancé le ministre à la conférence de Munich.

 

(Lire aussi : Les grandes ONG pointent enfin le bout du nez en Syrie)

À Alep
Sur le terrain, l’armée a lancé une attaque aux roquettes sur le quartier el-Ansari à Alep, détruisant un immeuble de cinq étages et faisant au moins 15 morts, dont une femme et cinq enfants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Des habitants sont encore ensevelis encore sous les décombres », d’après l’ONG. La télévision officielle syrienne a rapporté par ailleurs l’assassinat dans cette ville d’un ancien député, Ibrahim Azzouz, avec sa femme et ses deux filles. Samedi, le quartier aleppin de Cheikh Saïd était tombé aux mains des rebelles, d’après des habitants et l’OSDH. Il s’agit d’un secteur-clé car il assure aux rebelles une voie d’accès à l’aéroport international d’Alep, toujours sous contrôle des troupes du régime.


Ailleurs dans le pays, dans le sud de Damas, l’armée bombardait le secteur rebelle de Moadamiyet el-Cham pour tenter de repousser les insurgés aux portes de la capitale. À Homs, dix civils partisans du régime ont en outre été tués lors d’affrontements entre loyalistes et rebelles dans le village d’Amiriyyé. Dans l’est du pays, des groupes de rebelles islamistes ont fait hier des progrès dans la ville de Deir ez-Zor. « Pendant des mois, la bataille dans l’Est frontalier de l’Irak s’est concentrée sur la campagne de Deir ez-Zor. Aujourd’hui, les rebelles se concentrent sur la ville et ils avancent rapidement », explique Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.


Par ailleurs, la télévision officielle syrienne a diffusé samedi soir des images non datées qu’elle a présentées comme celles du site militaire attaqué dans la semaine par l’aviation israélienne. On peut voir sur les plans diffusés par la télévision un bâtiment qui n’est pas détruit, mais dont les vitres des fenêtres sont brisées. Les vitres d’un minibus sont également cassées, tandis que des voitures et des camions carbonisés sont visibles dans une cour. L’armée avait fait état de deux employés tués et de cinq blessés dans ce centre, qui a subi « d’importants dégâts » et dont le « bâtiment a été partiellement détruit ».


Enfin, Israël compte instaurer une zone tampon en territoire syrien pour empêcher des groupes radicaux de s’approcher de sa frontière si le régime du président Bachar el-Assad venait à s’effondrer, a-t-on appris hier auprès de sources de sécurité. « C’est une zone tampon qui appartiendra à la Syrie, nous n’envahissons pas le territoire syrien », ont insisté ces sources, en expliquant que les plans étaient à leur stade initial et sans préciser sur quelle profondeur s’étendrait cette zone tampon.

 

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