Le raid aérien effectué par l’aviation israélienne contre des cibles militaires en Syrie, non loin de la frontière avec le Liban, a constitué, à n’en point douter, un développement qualitatif de la plus haute importance au niveau du conflit syrien. La gravité d’un tel développement a poussé nombre d’observateurs à s’interroger sur le fait de savoir si le raid israélien et ses retombées ne pousseront pas en définitive Washington et Moscou à opérer, ou accélérer, un rapprochement entre les deux puissances au sujet du dossier syrien. Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité que tous les efforts diplomatiques déployés à l’échelle internationale en vue d’aboutir à une solution politique en Syrie n’ont abouti à ce jour à aucun résultat tangible. Or cette impasse semble s’accompagner d’une violation des règles d’engagement, ou en langage plus commun des « lignes rouges », qui régissaient jusqu’à présent le « jeu » entre Israël et le Hezbollah.
En envoyant son aviation bombarder des cibles militaires en territoire syrien – vraisemblablement un convoi d’armes sophistiquées à destination du Hezbollah – l’État hébreu paraît confirmer les informations selon lesquelles le régime de Bachar el-Assad a livré au Hezbollah des armes à caractère stratégique (essentiellement des missiles sol-air ou sol-sol de longue portée) dont l’acquisition par le parti pro-iranien constitue précisément une violation des « règles de jeu » convenues entre le Hezbollah et Israël.
(Lire aussi : Israël proclame l’état d’alerte maximum à sa frontière avec le Liban)
Ainsi, le Hezbollah place une fois de plus le Liban devant un fait accompli militaire et entraîne par voie de conséquence le pays, et tous les Libanais, sur une voie périlleuse qui risque de coûter très cher à l’État, surtout s’il se confirme, comme l’indiquent diverses sources occidentales, que le parti pro-iranien est impliqué dans l’attentat terroriste perpétré récemment en Bulgarie. À la lumière de ces données, le problème de la vulnérabilité, voire de la faiblesse, de l’État libanais central se pose une fois de plus de manière dramatique. Toute l’histoire contemporaine du Liban a d’ailleurs été jalonnée d’une longue série d’entreprises de sabotage de l’État au Liban. De la présence des organisations palestiniennes armées, dans les années 70, jusqu’à la « tête de pont » établi actuellement par les mollahs de Téhéran au pays du Cèdre, par le biais du Hezbollah, en passant par les occupations syrienne et israélienne, l’État central au Liban a été, et demeure, systématiquement laminé à la base par les acteurs régionaux qui utilisent la scène libanaise comme abcès de fixation pour satisfaire leurs desseins géostratégiques.
(Pour mémoire : Les troupes d’élite du Hezbollah combattent massivement en Syrie, selon l’« International Herald Tribune »)
La dernière manifestation de cette opération de sape est la mise sur pied du cabinet Mikati qui est dans la pratique, pour les questions fondamentales d’ordre stratégique, sous la coupe de l’axe syro-iranien, grâce aux bons soins du Hezbollah et de ses alliés fidèles sur la scène locale. Dans un tel contexte, nombre d’observateurs avertis et les milieux locaux souverainistes se demandent, non sans anxiété, jusqu’à quand le Liban devra être sacrifié sur l’autel des ambitions régionales des puissances voisines, et jusqu’à quand les Libanais devront-ils continuer à pâtir du torpillage de toutes les tentatives de mettre, enfin, sur pied un État central fort, libre de ses décisions, qui puisse réellement plancher sur le développement socio-économique et sur le redressement des services publics qui ne cessent de se détériorer de jour en jour. Un gouvernement, en peu de mots, qui ait pour slogan « Liban d’abord » et qui ait les moyens de mettre en application la déclaration de Baabda élaborée par le président Michel Sleiman et qui a été avalisée, du moins en théorie, lors de l’une des dernières séances du dialogue national.
Lire aussi
Baas Airlines, l'éditorial de Issa Goraieb
commentaires (2)
On essaie de brusquer les choses. Mais... ça n'ira pas à mon humble avis...
SAKR LEBNAN
15 h 33, le 02 février 2013