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Liban - Aide

L’ONU affiche, à Beyrouth, sa détermination à acheminer l’aide humanitaire en Syrie

En attendant un hypothétique apaisement du conflit, l’efficacité du plan humanitaire de l’ONU dépendra du savoir-faire diplomatique de ses hauts responsables.

Les hauts responsables des opérations d’urgence de huit agences des Nations unies ont pris part au point de presse à Beyrouth après leur tournée de quatre jours en Syrie. La délégation est emmenée par le directeur des opérations du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, John Ging (au centre). Photo Hassan Assal

Rentrés hier d’une visite risquée de quatre jours dans la province de Homs et à Deraa, de hauts responsables des opérations d’urgence de huit agences des Nations unies ont décrit leurs impressions d’un pays « livré par son peuple à une destruction massive, difficilement estimable ».


Ils ont surtout transmis leur vision, plus que jamais claire et concrète, pour l’optimisation du plan humanitaire de l’ONU en Syrie. Annoncé en décembre 2012, le nouveau plan prévoit des aides d’une valeur de 519 millions de dollars (contre seulement 10 millions de dollars US en 2011), mais suscite des critiques relatives au mécanisme de distribution de ces aides, dont le suivi est confié en partie au ministère syrien des Affaires étrangères.
Emmenée par le directeur des opérations du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) John Ging, la délégation a tenu un point de presse hier, révélateur de la détermination, presque agressive, avec laquelle les acteurs onusiens comptent adresser à la communauté internationale un cri d’alarme sur les besoins humanitaires « qui sont identiques partout en Syrie », sur les souffrances partagées par les zones contrôlées par l’opposition et celles relevant du régime. John Ging a d’ailleurs veillé à écarter dès le départ tout débat politique. « Tristement, nous sommes incapables d’apporter une solution politique à la crise en Syrie », a-t-il affirmé, appelant néanmoins les décideurs politiques à agir. « Si vous doutez de l’urgence de la situation, venez observer le terrain de vos propres yeux, venez répondre de vos décisions devant ces mères qui nous ont demandé pourquoi personne ne les secoure », a-t-il ajouté.
En attendant l’apaisement du conflit, l’efficacité du plan humanitaire de l’ONU dépendra donc du savoir-faire diplomatique des responsables.

« Pas d’action sans accord »
D’abord, garantir l’acheminement des aides, dans les quatorze gouvernorats de Syrie, « c’est cela l’enjeu essentiel de notre visite », a révélé John Ging. Revenant à plusieurs reprises sur « le passage de notre délégation à travers la ligne de démarcation entre Homs et Talbissé », il a rappelé que pareilles traversées à l’intérieur du pays « risquent de mettre en péril la vie des agents humanitaires sur le terrain ». Or, assurer l’acheminement des aides à travers les zones de tension nécessite « l’accord de tous les acteurs concernés ». Interrogé précisément sur la situation à Alep, où l’aide onusienne ne serait pas encore parvenue aux habitants, malgré la présence d’un accès par un couloir à partir de la Turquie, John Ging a précisé que « tout accès nécessité l’accord du régime, aussi bien au niveau des frontières qu’au niveau des zones gérées par l’opposition ; en plus de l’accord de l’opposition et des pays limitrophes si nécessaire ». « Nous négocions actuellement l’acheminement de toutes les aides, à tous les habitants, partout en Syrie », a-t-il insisté, soulignant la sensibilité de la question. « Nous nous abstenons de toute démarche susceptible de compromettre aussi bien notre relation avec l’opposition qu’avec le régime. » Le cas des frontières avec le Liban ne se pose pas pour l’instant, selon lui.

La collecte de fonds
En outre, les responsables onusiens devront relever un défi au niveau de la communauté internationale, celui de collecter les fonds nécessaires pour assurer l’aide escomptée. « Nous avons besoin de plus et nous misons sur la prochaine conférence d’assistance humanitaire à la Syrie, prévue au Koweït à la fin du mois, pour élargir la base des donateurs », a affirmé John Ging, rappelant que le plan de l’ONU « n’a récolté, en 2011, que 50 % des fonds réclamés ». Munis d’une liste précise des conditions de vie difficiles des Syriens (la baisse de la productivité agricole ; la pollution de l’eau ; le joug des sanctions imposées par des puissances étrangères, mais « non par l’ONU », a rappelé John Ging ; le traumatisme des enfants ; l’apparition de nouvelles maladies de peau à cause de l’insalubrité...), les directeurs des situations d’urgence s’attachent aussi à « la transparence dans la distribution des aides ».

Ces acteurs invisibles...
« Jamais nous ne chargeons le gouvernement de distribuer des aides », a fermement déclaré John Ging. « Cette tâche est gérée par nos partenaires locaux, notamment des ONG, surveillées par nos observateurs », a-t-il ajouté, précisant que la liste des 150 ONG proposées à cette fin par le gouvernement « a été écourtée à 45, après vérification de l’ONU ». Il reste enfin « les acteurs invisibles du terrain, les étudiants bénévoles, les prêtres locaux, les jeunes universitaires », devenus acteurs humanitaires. « L’énorme opération humanitaire commence par les Syriens eux-mêmes », a conclu John Ging.

 

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