À l’école, une tricherie et c’est la sanction. Bien sûr on se rebelle, mais on comprend vite que réintégrer les rangs c’est aussi une façon de garantir sa propre liberté. La loi est là qui protège et empêche les déviations de tous bords. Mais dans cette aberration dans laquelle nous évoluons aujourd’hui, aller en contresens est devenu « ‘adé ». Tellement ‘adé que nous ne faisons même plus attention. Nous faisons marche arrière pour laisser passer le « chater » qui a pris la route en sens interdit et nous sommes passés maîtres en l’art d’éviter les mobylettes à contresens. « Aks es seyr » est devenu une façon de conduire, une façon de vivre. Un lot de médicaments frelatés ? Bon, on se transmet les listes des marques à éviter. Une cargaison de viandes avariées ? Mince ! On va se passer de notre côte de bœuf durant deux mois. Une électricité qui fonctionne de moins en moins ? « Walaw », on est les rois du système D. Une vieille maison séculaire qu’on détruit ? Quel dommage, on se contente de « sharer » l’information sur Facebook. Des embouteillages monumentaux la veille des fêtes ? « An jad », il vaut mieux ne pas sortir. Des attentats annoncés ? « Mitl ma Allah bi rid », heureusement qu’on est fatalistes. Des suspects identifiés ? Non, attendez, ils sont bien protégés. Des politiciens dont le QI est inversement proportionnel à leur degré de corruption ? « Akid », mais ils sont tous pareils.
Et voilà comment, en quelques années, on a réussi à faire de nous des moutons imbéciles à la cervelle réduite en charpie, mais à l’estomac si solide que nous pouvons aujourd’hui digérer n’importe quelle aberration servie par des dirigeants qui savent très bien, eux par contre, ce qu’ils font. C’est de ça que j’ai peur en 2013. Ni d’une guerre régionale, ni d’un tsunami annoncé, ni d’une dévaluation de la livre, ni d’une crise économique, ni même des attentats sanglants. En 2013, je n’ai pas peur pour nous. En 2013, j’ai peur de ce que nous sommes devenus. En 2013, j’ai peur de nous.
commentaires (4)
Bonne année 2013, Tania. :-)
Robert Malek
09 h 39, le 23 janvier 2013