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Nos Lecteurs ont la Parole

La banalisation de l’erreur

Par Tania HADJITHOMAS MEHANNA
Même dans le microcosme le plus petit, il existe des lois établies qui permettent le développement et qui régissent la vie en commun. Les animaux, les plantes l’ont bien compris et se gardent bien de dévier de ce que leur instinct et leur mémoire cellulaire leur ont transmis. Quand on est petit, on suit les règles que nous inculquent nos parents et notre environnement. À la maison, une bêtise et c’est la punition.
À l’école, une tricherie et c’est la sanction. Bien sûr on se rebelle, mais on comprend vite que réintégrer les rangs c’est aussi une façon de garantir sa propre liberté. La loi est là qui protège et empêche les déviations de tous bords. Mais dans cette aberration dans laquelle nous évoluons aujourd’hui, aller en contresens est devenu « ‘adé ». Tellement ‘adé que nous ne faisons même plus attention. Nous faisons marche arrière pour laisser passer le « chater » qui a pris la route en sens interdit et nous sommes passés maîtres en l’art d’éviter les mobylettes à contresens. « Aks es seyr » est devenu une façon de conduire, une façon de vivre. Un lot de médicaments frelatés ? Bon, on se transmet les listes des marques à éviter. Une cargaison de viandes avariées ? Mince ! On va se passer de notre côte de bœuf durant deux mois. Une électricité qui fonctionne de moins en moins ? « Walaw », on est les rois du système D. Une vieille maison séculaire qu’on détruit ? Quel dommage, on se contente de « sharer » l’information sur Facebook. Des embouteillages monumentaux la veille des fêtes ? « An jad », il vaut mieux ne pas sortir. Des attentats annoncés ? « Mitl ma Allah bi rid », heureusement qu’on est fatalistes. Des suspects identifiés ? Non, attendez, ils sont bien protégés. Des politiciens dont le QI est inversement proportionnel à leur degré de corruption ? « Akid », mais ils sont tous pareils.
Et voilà comment, en quelques années, on a réussi à faire de nous des moutons imbéciles à la cervelle réduite en charpie, mais à l’estomac si solide que nous pouvons aujourd’hui digérer n’importe quelle aberration servie par des dirigeants qui savent très bien, eux par contre, ce qu’ils font. C’est de ça que j’ai peur en 2013. Ni d’une guerre régionale, ni d’un tsunami annoncé, ni d’une dévaluation de la livre, ni d’une crise économique, ni même des attentats sanglants. En 2013, je n’ai pas peur pour nous. En 2013, j’ai peur de ce que nous sommes devenus. En 2013, j’ai peur de nous.
Même dans le microcosme le plus petit, il existe des lois établies qui permettent le développement et qui régissent la vie en commun. Les animaux, les plantes l’ont bien compris et se gardent bien de dévier de ce que leur instinct et leur mémoire cellulaire leur ont transmis. Quand on est petit, on suit les règles que nous inculquent nos parents et notre environnement. À la...

commentaires (4)

Bonne année 2013, Tania. :-)

Robert Malek

09 h 39, le 23 janvier 2013

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Commentaires (4)

  • Bonne année 2013, Tania. :-)

    Robert Malek

    09 h 39, le 23 janvier 2013

  • L’erreur nous donne des leçons, mais c’est évidemment la bêtise qui est la mieux partagée au monde. Les plis, les mauvaises habitudes sont pour se forger une protection et s’élever au rang du ‘’chater’’, alors qu’en fait on est un imbécile profond.

    Charles Fayad

    08 h 21, le 23 janvier 2013

  • Bien dit. Mais il ne faut pas oublier que, malgré son intelligence, l'être humain reste le "PLUS BÊTE" et le plus "BARBARE" de tous les animaux, car dans cette catégorie il devrait être classé !

    SAKR LEBNAN

    06 h 49, le 23 janvier 2013

  • Excellente analyse, et oui c’est bien une analyse de ce qu’est devenu aujourd’hui le libanais d’en bas. Ce croyant le roi du système D, il est en effet juste le roi du laisser-faire et de l’apathie. Bravo pour avoir bien cerne le « sujet ». Et allah yestor ce que nous réservera comme surprise le printemps 2013, ou en fait rien ne sera surprenant.

    Nadine Naccache

    04 h 01, le 23 janvier 2013

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