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À La Une - Société

Liban : Sleiman veut une loi pour encadrer le mariage civil

L'annonce, il y a quelques jours, de la célébration du premier « mariage civil » au Liban pousserait-elle le gouvernement libanais à réfléchir sérieusement à l’adoption d’une loi moderne sur le statut personnel des Libanais ?

« Très belle photo ! » a commenté le président libanais Michel Sleiman sous cette photo datant d’avril 2010.  Jamal Saidi/Reuters

L’histoire de Khouloud Succariyeh et de Nidal Darwiche, « mariés civilement » au Liban le 10 novembre 2012, qui a fait du bruit – sur le Web, comme dans les salons –, aurait pu, comme d’autres histoires qui l’ont précédée, s’éteindre sans laisser de trace. Car dans un pays où les problèmes sociaux, financiers, sécuritaires et politiques ne manquent pas, il est difficile de s’attarder sur un sujet aussi épineux qui divise aussi bien la population que la classe politique. Et pourtant... Une simple photo vient de bouleverser la donne, relançant en grande pompe le débat sur le mariage civil au Liban, même dans les plus hautes sphères du pouvoir.


La photo en question est celle d’une jeune fillette, portée sur les épaules de son père, brandissant une pancarte sur laquelle est écrit : « Le mariage civil, pas la guerre civile ». Bien qu’ancienne, cette photo, qui a été prise lors d’une manifestation contre le système confessionnel au Liban en avril 2010, fait aujourd’hui sensation sur les réseaux sociaux. La raison derrière ce soudain engouement est le message et la signature l’accompagnant : « Nous devons travailler sur la mise en place d’une nouvelle loi sur le mariage civil. C’est une étape très importante pour éradiquer le confessionnalisme et renforcer l’unité nationale. Qu’en pensez-vous? »
Un message sur Facebook et sur Twitter signé « MS », les initiales du président de la République libanaise Michel Sleiman.


Le message, qui a eu l’effet d’une bombe, a attiré des centaines de réactions d’internautes de milieux différents. En effet, quatre heures après sa publication, plus de 1 700 personnes avaient « aimé » cette déclaration sur la page Facebook du chef de l’État où de nombreux commentaires la saluaient.


Sur Twitter, le président libanais a demandé à ses abonnés de donner leur avis. Voici, quelques-unes des réponses :
– Marwan el-Amine : « Toutes les religions appellent à l’amour entre les être humains (...) Le mariage civil est le résultat d’un amour né entre deux personnes, peu importe leur religion. »

 


– Ziad Kamel : « Je suis content et fier que le président libanais soutienne publiquement le mariage civil au Liban. »

 


– Sandy Shaaban : « Légaliser le mariage civil au Liban est une nécessité... peu importe si on est pour ou contre, c’est une manière de respecter les choix des autres. »

 


– Salah el-Malla : « Je ne trouve pas logique qu’on reconnaisse les mariages civils conclus à l’étranger et qu’on les interdise dans le pays. »

 


Encouragés par le débat, plusieurs célébrités libanaises se sont également exprimées sur la question, félicitant le président pour son initiative, comme la chanteuse Élissa ou les présentateurs Razan Moghrabi et Serge Zarka. Élissa s’est ainsi dit « en faveur (du mariage civil), non seulement parce qu’il protège les droits de la femme, mais aussi parce qu’une telle démarche montrerait au monde la vraie image du Liban ».

 

 

 

De son côté, Razan el-Moghrabi a dit être « à 1 000 % avec le mariage civil. S’il vous plaît cher Président, l’amour doit régner. Faites que l’amour nous guide et nous montre la voie. Que Dieu vous préserve ».

 

 

 

Quant à Serge Zarka, il a écrit : « Cher Président, vous savez que la majorité des Libanais est en faveur de l’union civile. Et vous savez aussi qui sont les personnes qui s’y opposent. »

 


Si la plupart des réactions étaient favorables à la proposition du président, certains internautes se sont dit plutôt critiques à l’adoption d’une nouvelle loi sur le statut personnel au Liban. Mohammad el-Rifaï s’est ainsi déclaré « contre le mariage civil parce qu’il nuira certainement à notre société, surtout en ce qui concerne les droits de la femme ».

 


Face au flot de commentaires, le président intervenait de temps à autre, retweetant certains commentaires ou remerciant les internautes pour leurs encouragements.


Mais la question qui brûle toutes les lèvres reste celle de savoir si le débat sortira un jour du cercle des internautes et sera discuté sérieusement dans les sphères du pouvoir. Une question à laquelle le président répond par ces mots : « Je ne décide pas seul. C’est un travail d’équipe entre 128 députés, 30 ministres, les membres de la société civile... et plein d’autres parties concernées. »

 

 

 

Pour mémoire, les dossiers : 

Pourquoi se marier quand on peut vivre ensemble ?

 

À quand une loi libanaise sur le statut personnel ?

 

L’histoire de Khouloud Succariyeh et de Nidal Darwiche, « mariés civilement » au Liban le 10 novembre 2012, qui a fait du bruit – sur le Web, comme dans les salons –, aurait pu, comme d’autres histoires qui l’ont précédée, s’éteindre sans laisser de trace. Car dans un pays où les problèmes sociaux, financiers, sécuritaires et politiques ne manquent pas, il est...

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