Élisabeth Badinter : Les Églises monothéistes sont très dures avec les femmes...

C’est avec grande discrétion qu’Élisabeth Badinter a accompagné son époux dans sa visite libanaise. Non moins célèbre, la philosophe, historienne, écrivain, également fervente défenseur des droits de la femme, militante pour les droits des homosexuels et des mères porteuses, n’a pas souhaité faire de l’ombre au combat mené au Liban par Robert Badinter pour l’abolition de la peine de mort. Elle a toutefois accepté de faire part, à L’Orient-Le Jour, de quelques impressions concernant les droits des femmes au Liban, tout en refusant de donner le moindre conseil aux femmes et aux féministes. « Je ne connais pas assez la situation des femmes libanaises », dit-elle, s’excusant presque.

Mme Badinter observe que la situation du Liban est particulière. « C’est un pays d’une grande culture, différent des autres pays de la région. Je suis frappée de voir des femmes chefs d’entreprise et des femmes cinéastes. Je trouve que certaines femmes se débrouillent très bien », observe-t-elle. « Mais je trouve ce communautarisme surprenant », regrette-t-elle, déplorant le manque de possibilité pour les athées et les laïcs d’avoir leur place en tant que tels.

La militante ne craint pas de choquer. « J’estime que les grandes religions monothéistes ont toujours été très dures à l’égard des femmes. L’inégalité entre l’homme et la femme est inscrite dans la Bible », souligne-t-elle. Et d’ajouter que le combat mené par les féministes en Occident a souvent été un combat contre les religions. « L’émancipation des femmes, leur droit à l’avortement, les principes mêmes d’égalité ont été combattus par les Églises. Mais ce sont les débats des féministes avec les Églises qui ont permis aux femmes d’avoir ces libertés », rappelle-t-elle. Elle ne peut alors que reconnaître le caractère difficile du combat des femmes, au Liban, sur la voie de l’égalité et des libertés. « Je suis désemparée », avoue-t-elle à ce propos. « Mais j’ai du mal à croire qu’on peut accepter de vivre dans l’inégalité sans être frustrée », conclut-elle.

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