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À La Une - Syrie

Benoît XVI : Si le conflit perdure en Syrie, il n'y "aura que des vaincus"

Paris dénonce le "déni de réalité" chez Bachar el-Assad.

Des combattants de l'Armée syrienne libre (ASL) à Alep le 7 janvier 2013. REUTERS/Muzaffar Salman

Le pape Benoît XVI a prédit lundi que "s'il perdure, le conflit en Syrie ne connaîtra pas de vainqueurs mais seulement des vaincus, ne laissant derrière lui qu'un champ de ruines".

Dans ce traditionnel discours prononcé en français chaque début d'année devant le corps diplomatique représentant les 179 pays accrédités auprès du Saint-Siège, le pape a évoqué "les effroyables souffrances" des Syriens et demandé aux chefs des Etats concernés d'être "sensibilisés, afin que soient fournies de manière urgente les aides indispensables pour affronter la grave situation humanitaire". Il a également renouvelé "son appel afin que les armes soient déposées et que prévale le plus tôt possible un dialogue constructif".

 

Parallèlement, le discours de dimanche du président syien Bachar el-Assad continue de susciter des réactions internationales.

 

Un soutien iranien...

L'Iran, principal allié du régime de Damas, a ainsi apporté lundi son soutien au plan proposé par le président syrien pour sortir son pays de la guerre civile.

"La République islamique soutient l'initiative du président Assad pour une solution globale de la crise" qui a éclaté en mars 2011 et fait plus de 60.000 morts selon l'ONU, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi dans un communiqué sur le site officiel du ministère. Le ministre, dont le pays soutient le régime Assad contre vents et marées depuis le début du conflit, au nom notamment de la solidarité des deux pays dans la lutte contre Israël, a appelé tous les acteurs syriens du conflit et la communauté internationale à "saisir l'opportunité" offerte pas ce plan pour "rétablir la sécurité et la stabilité en Syrie, et éviter l'extension de la crise à la région".

 

(Lire aussi : Bassil appelle à "mettre un terme" au flux de réfugiés syriens)

 


... et des réactions outrées

Le discours de M. Assad a également provoqué les réactions outrées de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et des Etats-Unis.

 

"Les propos de Bachar el-Assad illustrent à nouveau le déni de réalité dans lequel il s'est muré pour justifier la répression du peuple syrien", a affirmé lundi dans une déclaration Philippe Lalliot, porte-parole du Quai d'Orsay.
"Ces déclarations qui interviennent peu après la publication par les Nations unies d'un rapport mettant en lumière les exactions commises par son clan, ne trompent personne", a-t-il ajouté.

Sur Twitter, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a estimé pour sa part que les "vaines promesses de réformes" de M. Assad "ne trompent personne", estimant que le discours du président allait "au-delà de l'hypocrisie".

 

Berlin a regretté qu'il n'exprime "aucune nouvelle prise de conscience".

 

(Lire aussi : Moscou se prépare à l'ère post-Assad)

 

Pour Washington, le discours de M. Assad "est une nouvelle tentative du régime pour s'accrocher au pouvoir (...). Son initiative est déconnectée de la réalité", selon la porte-parole de la diplomatie, Victoria Nuland.

 

L'Union européenne l'a exhorté à se retirer pour permettre "une transition politique".

 

Le président égyptien Mohamed Morsi a, pour sa part, déclaré dimanche à la chaîne de télévision CNN qu'il soutenait l'appel du peuple syrien pour faire juger le président Assad pour crimes de guerre, tout en prédisant que le régime au pouvoir à Damas allait tomber au cours de la guerre civile meurtrière qui ravage le pays. Le président était interrogé sur le fait de savoir s'il pensait que Assad devait être jugé par la Cour pénale internationale de La Haye, aux Pays-Bas.

 

 

Assad inflexible

Dans sa première allocution publique en sept mois, M. Assad, qui refuse de négocier avec "des gangs qui prennent leurs ordres de l'étranger" et s'est montré inflexible, a proposé un plan en trois étapes qui commencera par un engagement des pays finançant les "terroristes" "à arrêter". Aussitôt après, l'armée cessera ses opérations, a-t-il promis, "tout en conservant le droit de répliquer". Dans ces conditions seulement s'ouvrira "une conférence de dialogue national", a-t-il poursuivi. Cette conférence devra rédiger une "Charte nationale" qui sera soumise à référendum, tandis qu'un nouveau Parlement et un nouveau gouvernement émergeront des urnes. 

Toute transition doit "se faire selon les termes de la Constitution", a-t-il insisté, en faisant référence à des élections.

 

Par ce plan "politique", le président se maintient donc au pouvoir. Samedi, le quotidien libanais pro-syrien Al-Akhbar affirmait en outre que M. Assad posait comme condition sine qua non la possibilité pour lui d'être candidat à sa propre succession en 2014.

 

(Lire aussi : Le réduit alaouite, seule option pour Assad ?)

 

Devant un parterre de partisans réunis à la maison de la culture et des arts, M. Assad a appelé à un dialogue pour lequel il a affirmé ne pas avoir trouvé jusqu'à présent de "partenaire".

 

Bachar el-Assad a, par ailleurs, de nouveau affirmé que son armée défendait le pays face à des "terroristes" se refusant à reconnaître les revendications des rebelles et a souligné, une nouvelle fois, que le conflit n'opposait pas le pouvoir et l'opposition mais "la patrie et ses ennemis" qui souhaitent sa partition. Depuis qu'a éclaté en mars 2011 une révolte populaire devenue guerre civile, Damas affirme combattre des "terroristes" armés et financés par l'étranger.

 

 

L'opposition dit non

L'opposition a aussitôt rejeté ce plan, dont aucune échéance n'est précisée, accusant le chef d'Etat de vouloir choisir ses interlocuteurs et de chercher à se maintenir au pouvoir.

 

Le porte-parole de la Coalition de l'opposition, Walid al-Bounni, a affirmé, joint par téléphone par l'AFP à Beyrouth, que l'opposition souhaitait "une solution politique, mais l'objectif pour les Syriens est de sortir (M. Assad) et ils ont déjà perdu pour cela plus de 60.000 martyrs (...) ils n'ont pas fait tous ces sacrifices pour permettre le maintien du régime tyrannique".

 

Alors que M. Assad a présenté pour la première fois une feuille de route aussi détaillée pour une sortie de crise, les Frères musulmans syriens, importante force d'opposition, ont estimé dans un communiqué que ce plan ne représentait "rien", qualifiant le dirigeant de "criminel de guerre devant être jugé".

 

 

Lundi dans la journée, l'opposition tolérée en Syrie a elle aussi refusé de participer au dialogue national auquel a appelé Assad. "Nous ne participerons pas au dialogue national avant l'arrêt des violences, la libération des détenus, la garantie que l'aide humanitaire peut parvenir aux régions touchées et (que soit publié) un communiqué apportant des éclaircissements sur le sort des disparus", a déclaré lors d'une conférence de presse à Damas Hassan Abdel Azim, qui dirige le Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND). "Toute négociation et pas seulement le dialogue doit se faire sous l'égide de l'envoyé de la Ligue arabe et de l'ONU (Lakhdar Brahimi), il n'y aura pas de négociation ou de dialogue directs entre nous et le régime", a-t-il ajouté.

 

 

Bombardements près de Damas

Sur le terrain, les troupes syriennes bombardaient lundi des localités proches de Damas, tuant cinq personnes, dont quatre membres d'une même famille, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Les forces du régime "bombardent Douma (nord-est de Damas) et Daraya (sud-ouest), où des renforts militaires étaient envoyés par l'armée qui tente de reprendre le contrôle de cette localité depuis des semaines", a indiqué l'ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins à travers la Syrie.

L'artillerie du régime pilonnait également Beit Sahem, près de la route menant à l'aéroport international de Damas, a rapporté l'OSDH, tandis que les Comités locaux de coordination, réseau de militants anti-régime, indiquaient qu'il s'agissait du 40e jour consécutif de bombardements sur cette localité.


Ailleurs dans le pays, de violents combats opposaient soldats et rebelles aux abords de l'aéroport militaire de Taftanaz, dans le nord-ouest. Les troupes ont bombardé la localité proche pour répondre à l'attaque lancée il y a plusieurs jours par des brigades rebelles, en majorité jihadistes, sur cette base d'où décollent les redoutables appareils de l'armée de l'air pour mener leurs raids meurtriers sur la région.
De violents combats secouaient en outre les provinces de Raqa (nord) et de Deraa (sud), selon l'OSDH, basée en Grande-Bretagne.


D'après un premier bilan provisoire de l'ONG, 12 personnes ont été tuées lundi, au lendemain de la mort de 91 personnes, dont 38 civils.

Par ailleurs, les batteries de missiles Patriot sol-air néerlandais ont pris lundi le chemin de la Turquie, où elles doivent être déployées le long de la frontière syrienne pour défendre la ville turque d'Adana d'éventuels tirs syriens, a constaté un journaliste de l'AFP. Outre les Pays-Bas, l'Allemagne et les Etats-Unis sont également impliqués dans cette mission avec l'envoi de deux batteries de missiles Patriot et jusqu'à 400 soldats chacun. Déployés dans le sud de la Turquie, à la demande d'Ankara, les Patriot doivent protéger ce pays, membre de l'Otan, d'éventuelles menaces syriennes.

 

 

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Le pape Benoît XVI a prédit lundi que "s'il perdure, le conflit en Syrie ne connaîtra pas de vainqueurs mais seulement des vaincus, ne laissant derrière lui qu'un champ de ruines".
Dans ce traditionnel discours prononcé en français chaque début d'année devant le corps diplomatique représentant les 179 pays accrédités auprès du Saint-Siège, le pape a évoqué "les...

commentaires (5)

Mais cela fait 21 mois qu'il n'y a que des vaincus. Le seuil de non retour ayant été franchi depuis longtemps, il n'y aura jamais de vainqueurs. Y a-t-il eu des vainqueurs au Liban ?

Robert Malek

07 h 58, le 08 janvier 2013

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Commentaires (5)

  • Mais cela fait 21 mois qu'il n'y a que des vaincus. Le seuil de non retour ayant été franchi depuis longtemps, il n'y aura jamais de vainqueurs. Y a-t-il eu des vainqueurs au Liban ?

    Robert Malek

    07 h 58, le 08 janvier 2013

  • Prions pour la paix dans un monde ou les grandes puissances manipulent le tiers monde Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    10 h 02, le 07 janvier 2013

  • Sacré "Panzer-Cardinal" ! On aurait dit Sieur de la Palisse....

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    09 h 38, le 07 janvier 2013

  • Souhaitons une solution à l'amiable de la crise syrienne qui conduirait le pays à la démocratie, sinon les retombées seraient néfastes premièrement pour le Liban, et puis pour toute la région.

    SAKR LEBNAN

    09 h 05, le 07 janvier 2013

  • Après avoir lu tout ça, qui comme d'hab ne fait pas avancer le smilblick, je voudrai répéter la réponse de Boutéflika au délégué hollande venu lui rendre visite la semaine dernière avec des étudiants juifs de France:" vous nous demandez de combattre alqaida au maghreb, et vous les financez en Syrie avec la complicité des bensaouds. " En d'autres termes , à nous les algériens , vous ne nous ferez pas la leçon, chat échaudé craint l'eau froide. Circulez sur ce dossier, et hollande annonce la réduction du casse tête pour l'obtention des visas. Voilà comment un pays qui a combattu et obtenu son indépendance de haute lutte réagit dignement.

    Jaber Kamel

    07 h 22, le 07 janvier 2013

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