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À La Une - Vatican

"Vatileaks" : une enquête non close et un majordome bavard

Le pape gracie Paolo Gabriele, condamné pour "vol aggravé".

Une photo d'archives du pape Benoît XVI discutant avec son ancien serviteur, Paolo Gabriele. Osservatore Romano/

Paolo Gabriele libéré, le scandale "Vatileaks" conserve une grande partie de ses mystères et de ses incertitudes : l'enquête n'est pas close au Vatican sur les fuites, et le caractère bavard de l'ancien majordome inquiète.

 

Le Vatican a annoncé que l'ancien serviteur de Benoît XVI, 46 ans, condamné à 18 mois de prison en octobre pour avoir subtilisé des centaines de documents secrets, a pu retrouver sa femme Manuela et ses trois enfants.

Le pape lui-même est venu communiquer la bonne nouvelle à celui que tout le monde surnommait "Paoletto". Son complice, Claudio Sciarpelletti, condamné à deux mois avec sursis pour avoir entravé l'enquête, va aussi être gracié.

 

C'est "la fin d'un épisode douloureux", selon le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi.

"La grâce, a réagi le vaticaniste du quotidien Il Fatto Quotidiano, Marco Politi, manifeste l'âme généreuse du pape et la volonté du Vatican de clore complètement l'affaire Vatileaks", qui a créé en 2012 de fortes tensions au sein du petit Etat, l'exposant aux regards critiques et moqueurs de la presse mondiale.

 

Mais l'enquête n'est pas close. C'est son volet le plus spectaculaire, qui touchait les documents provenant de l'appartement du pape, qui se referme. La gendarmerie vaticane poursuit discrètement ses investigations, notamment parce que certaines fuites de documents dans la presse italienne n'émanaient pas de Gabriele.

 

Alors que le rapide procès du majordome a empêché les clarifications sur l'implication éventuelle d'autres personnes au Vatican, des questions subsistent sur Gabriele, qui affirme avoir agi en solitaire au nom de la "transparence".

 

"Une grande énigme que personne n'a voulu clarifier demeure", a observé Marco Politi: Gabriele, qui recueillait de façon boulimique de la documentation sur toutes sortes de sujets; de l'ésotérisme aux services secrets, aurait commencé à recueillir les documents dans l'appartement pontifical en 2006, peu après son embauche.

 

"Pourquoi cet homme simple (ancien homme de ménage) à peine entré au service du pape, a-t-il commencé à le trahir? Personne n'a la garantie qu'il y a pas eu des photocopies que nous ne connaissons pas encore", selon Marco Politi. La question irrésolue reste bien celle d'éventuelles complicités.

 

Dans ses premiers tweets après la grâce, le journaliste italien Gianluigi Nuzzi, qui s'est abreuvé des documents de Gabriele pour écrire son livre best-seller "Sa Sainteté", publié en mai, a réagi avec satisfaction et ironie: "la grâce et l'adjectif de 'paternel' choisi par Lombardi (le porte-parole Lombardi, pour définir l'attitude du pape envers le majordome, NDLR) sont les signes d'une histoire qu'on a voulu à la fois banaliser et criminaliser".

 

Puis Nuzzi, auteur de plusieurs appels au pape pour qu'il gracie un serviteur qui a exprimé un véritable culte à son égard, ajoute: "la photo de la rencontre entre Gabriele et Benoît XVI sera une joie infinie pour lui. Mais les problèmes de Curie et de pouvoir demeurent".

 

Les documents de "Vatileaks" n'avaient pas révélé de scoops monumentaux ni de scandales de grande ampleur, mais des soupçons de corruption, opacité, médisances, tensions très fortes, carrières contrariées, choix contestés, notamment du numéro deux, le cardinal secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone. Le pape au milieu de tout cela était consulté sur tout, à l'inverse de son image d'homme reclus dans sa tour d'ivoire.

 

Nuzzi s'était plaint que personne ne se soit vraiment intéressé au contenu des "leaks", aux dysfonctionnements et injustices que selon lui Gabriele avait vraiment à coeur de dénoncer. Selon le journaliste, le Vatican a habilement concentré l'attention sur "le vol aggravé" de documents et criminalisé un individu.

 

Or Gabriele parlait continuellement et à tout le monde quand il sortait de son bureau, selon tous les témoignages.

Quand il s'installera en dehors du Vatican pour refaire sa vie, il devrait être sollicité, pour des interviews ou un livre de confidences, sans doute très bien payés.

 

Le Vatican a affirmé vouloir l'aider à retrouver un travail, peut-être dans une congrégation: manière de lui signifier qu'il devra faire la preuve de "la sincérité du remords qu'il a manifesté" devant le pape, et demeurer discret. Mais, étant donné son attitude passée, le risque subsiste que le naturel ne revienne au galop.

 

 

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