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Lifestyle - Une Libanaise à Paris

Avec Yalda Younès, la voix(e) de l’intifada au féminin

L’intifada de la femme arabe, ou « The Uprising of Women in the Arab World », a été médiatisée lorsque le réseau social Facebook a bloqué la photo de Dana Bakdounis, une jeune militante syrienne, qui a posé sans son voile dans le cadre de la campagne « Je soutiens le soulèvement des femmes dans le monde arabe ». Jusqu’ici, ce soulèvement virtuel n’avait pas eu un grand écho...
Pour savoir le pourquoi du comment, je suis allée à la rencontre de Yalda Younès, cofondatrice du mouvement, une artiste qui a déjà un passé dans l’engagement civique et qui est l’une des coorganisatrices de la Laïque Pride au Liban. Cette page est née du désir fou de réunir les femmes du monde arabe pour qu’elles prennent en main leur condition de femme, m’explique Yalda Younès : « Être unies dans 25 pays a un impact plus fort qu’être 1 000 dans un seul pays pour défendre la même cause. »

De Tunis à Benghazi, du Caire à Sanaa, les femmes ont adhéré, bien avant les islamistes, aux révolutions du monde arabe, mais l’euphorie du printemps arabe laissa vite la place à l’automne de la femme arabe. Avec les premières élections sont arrivées les premières déceptions. Voilà pourquoi est né le mouvement sur les réseaux sociaux. C’est au-delà de l’actualité que le mouvement compte faire réagir tout un chacun : « Les femmes sont utilisées pour contribuer à la chute des régimes, mais au moment de parler de leurs droits, il y a alors d’autres priorités, plus urgentes, voici ce qu’on nous dit. » Le monde arabe vit-il dans un grand mensonge ? Yalda Younès parle sans interdits : « La cause palestinienne donne lieu à de très beaux discours, mais quel pays arabe traite correctement les Palestiniens sur son propre territoire ? » « Pareil pour la femme arabe, ajoute-t-elle, le discours mensonger veut que celle-ci soit une femme honorée et traitée comme une princesse, mais quand il s’agit de l’accès à la liberté et au travail, c’est alors une tout autre question. »
Il faut changer les mentalités, et c’est là où Facebook est le mur de tous les possibles : « Là où la jeune Égyptienne, victime de harcèlement, n’ose pas parler dans la rue, sur Facebook elle le fera. » Là où la pression sociale exige des femmes arabes de se taire lorsqu’elles sont violées pour éviter le scandale, la campagne des femmes en soutien à leurs droits fait tomber les masques et ouvre les portes des familles sur les scandales de vies privées. Même lorsqu’il s’agit de banalités, « nos parents nous disaient toujours : ce qui se passe à la maison doit rester à la maison ». Les choses doivent changer : « Comment se taire lorsqu’on est confronté à un viol ? Pourquoi, dans certains pays arabes, a-t-on des lois qui protègent les violeurs ? L’article 522 du code pénal libanais stipule que toute poursuite et toute peine promulguée à l’encontre d’un violeur doivent être annulées si le violeur épouse sa victime. La même loi existe au Maroc, en Syrie et en Jordanie, comme quoi il ne s’agit pas uniquement de pays islamistes.
Le mouvement The Uprising of Women in the Arab World est ainsi le premier espace qui permet d’évoquer des sujets aussi tabous que le viol, c’est une forme de thérapie pour ces victimes qui n’ont pas à culpabiliser comme le voudraient nos sociétés patriarcales. Plus de mille slogans venus de femmes mais aussi d’hommes ont été déjà postés sur le mur : « Nous souhaitons brasser toutes les idées, ce n’est pas parce qu’une femme est voilée qu’elle n’a pas sa place dans le soulèvement du monde arabe. »
L’intifada de la femme arabe refuse les raccourcis, la stigmatisation et la récupération de leur mouvement... Les femmes comptent bien se réapproprier le langage politique, voilà pourquoi elles ont choisi le mot « intifada », comme pour traduire leur ras-le-bol, un soulèvement qui permet aux femmes arabes de prendre leur destin en main. Le mouvement se veut positif et loin de la victimisation véhiculée par certains médias occidentaux, précise Yalda Younès. Cette page appartient aux soixante-dix mille personnes qui soutiennent le mouvement. Les photos postées sont imparfaites mais poignantes, les femmes sont en avant et les hommes en retrait, même lorsqu’ils soutiennent les femmes. Ce sont elles qui décident de ce qu’elles veulent : s’approprier leur corps, avoir leur nom de jeune fille sur leur tombe, donner leur nationalité à leurs enfants, être libres de leurs mouvements sans que des SMS soient lancés pour avertir leurs époux qu’elles quittent le territoire...

L’intifada de la femme arabe, ou « The Uprising of Women in the Arab World », a été médiatisée lorsque le réseau social Facebook a bloqué la photo de Dana Bakdounis, une jeune militante syrienne, qui a posé sans son voile dans le cadre de la campagne « Je soutiens le soulèvement des femmes dans le monde arabe ». Jusqu’ici, ce soulèvement virtuel n’avait pas eu un grand...
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