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À La Une - France

Hollande se pose en « président responsable »

François Hollande nie tout « virage » politique, assume ses choix et loue l’action de son gouvernement.

Le président François Hollande, lors de sa conférence de presse. AFP/MARTIN BUREAU

Le président français François Hollande a nié tout « virage » dans sa politique et s’est posé en « président responsable », hier lors de sa première conférence de presse, durant laquelle il a pourtant assumé des choix économiques guère goûtés à gauche, six mois après son investiture. Sous les ors de la grande salle des fêtes de l’Élysée, le chef de l’État s’est d’abord exprimé avec solennité, dans une intervention liminaire de 40 minutes, avant de répondre à la presse sur un ton beaucoup plus détendu.


Devant quelque 400 journalistes et le gouvernement au grand complet, il a défendu pied à pied, durant deux heures et demie, sa politique et le tempo de son action. « J’en avais pris l’engagement pendant la campagne présidentielle : rendre compte régulièrement, tous les six mois, » de l’action du gouvernement, a-t-il expliqué. Il a d’emblée affirmé qu’il entendait être jugé « sur la croissance et le chômage », assurant que « depuis six mois (il) avait fait des choix, sans avoir à prendre je ne sais quel tournant, je ne sais quel virage. Depuis le 15 mai, nombre d’engagements ont été tenus ». La « seule question » qui vaille n’est « pas l’état de l’opinion aujourd’hui » mais « l’état de la France dans cinq ans », a ajouté M. Hollande, affirmant ne pas tenir compte des sondages sévères. Il a rappelé les « trois défis » du gouvernement : « réorientation de l’Europe, désendettement de la France et compétitivité de l’économie ». Il a ainsi défendu le « pacte de compétitivité » présenté la semaine dernière par le gouvernement. « Ce n’est pas un cadeau, c’est un levier qui offre au système productif un moyen de traverser la crise », a-t-il expliqué, justifiant son revirement sur la TVA. Sur le gaz de schiste, honni par les alliés écologistes, M. Hollande a laissé une porte entrouverte : « La recherche est possible sur d’autres techniques que celle de la fracturation hydraulique. »

Pas d’addiction
Comme ses proches l’y poussaient, M. Hollande a également infléchi l’image de président « normal » qu’il entendait incarner à son arrivée à l’Élysée, se posant désormais en « président responsable », mais soucieux de « garder de la simplicité » . « Je ne suis dans aucune addiction. Vous avez remarqué : président normal, président responsable, pas d’addiction à aucune substance ! » a-t-il plaisanté. Le chef de l’État a aussi défendu le tempo de son action. « Trouvez un gouvernement qui ait aussi rapidement pris des décisions sur deux questions qui minent » l’économie française, « la dette publique et la question industrielle et productive », a-t-il lancé.


Il a par ailleurs assuré de « toute sa confiance » son Premier ministre, rendant hommage à un homme « sérieux, loyal, dévoué et concret ». Un compliment qui a « touché » Jean-Marc Ayrault. À l’inverse, il a rappelé à l’ordre Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, le plus populaire de son gouvernement, qui un peu plus tôt avait provoqué une bronca à l’Assemblée nationale, en accusant la droite d’être responsable du « retour du terrorisme » . « Ne perdons pas notre temps, ne nous divisons pas, ne polémiquons pas, ne cherchons pas à utiliser je ne sais quelle phrase à des fins de politique intérieure », a asséné M. Hollande, assurant toutefois que « le ministre de l’Intérieur fait remarquablement bien son travail ». Il a aussi sermonné les alliés écologistes et radicaux, en les appelant à être « solidaires » de l’action du gouvernement.

L’ombre de la crise
Sur la réforme des institutions, M. Hollande s’est voulu volontaire concernant le non-cumul des mandats, qui fait grincer des dents jusqu’au sein du PS : « Le non-cumul des mandats, nous le ferons », a-t-il assuré. Le droit de vote des étrangers aux élections locales paraît plus mal engagé, tant que le gouvernement ne pourra pas compter sur une majorité des 3/5es au Parlement, nécessaire pour l’adoption de cette loi. Le président a affirmé qu’il n’envisageait pas de référendum « aujourd’hui ».


Sur les dossiers internationaux, M. Hollande a mis en garde les Palestiniens, dont il va bientôt recevoir le président Mahmoud Abbas, contre le « risque » de « rétorsions » américaines s’ils persistent à demander à l’Assemblée générale des Nations unies un statut « d’État non membre » comme ils comptent le faire fin novembre. Aux ravisseurs des otages français au Sahel, il a demandé de comprendre que « c’est le moment de les libérer ». L’ombre de la crise financière en Europe a aussi plané sur sa conférence de presse. Alors que la Grèce redoute la « faillite », M. Hollande a estimé que le soutien de l’Europe et du FMI était « dû » à Athènes, « pour en terminer aussi avec ce qui a pu être un doute sur l’intégrité de la zone euro ». Il a également déclaré que les rapports de la France avec l’Allemagne d’Angela Merkel étaient « bons », 48 heures avant un déplacement de M. Ayrault à Berlin. Des médias s’étaient fait écho d’une détérioration des relations bilatérales, démentie par les deux pays.

Jugement sévère
L’opposition a, elle, sévèrement jugé l’exercice présidentiel. « Quelle déception ! » a tonné Jean-François Copé, en campagne pour la présidence de l’UMP, tandis que son rival François Fillon a brocardé « un président qui enfonce un peu plus sa tête dans le sable ». « Avec François Hollande, le changement c’est fini », a pour sa part jugé la présidente du Front national, Marine Le Pen. Au centre, Jean-Louis Borloo s’est dit « estomaqué » que M. Hollande ait annoncé que « le chômage va encore augmenter pendant un an ». Sur ce sujet, le chef de l’État a réitéré son objectif d’inverser la courbe dans un an.


Pour le politologue social-libéral Gérard Grunberg, François Hollande a « prononcé ce qui sont un peu des gros mots à gauche », à savoir plaider pour une politique de l’offre, en faveur de l’entreprise. Frédéric Dabi (IFOP) a jugé, quant à lui, qu’il était « sorti de ses habits de campagne pour vraiment endosser ce costume de président, avec des appels à l’unité nationale ». L’intervention médiatique de M. Hollande visait notamment à redresser son image alors que la proportion de mécontents à l’égard de son action atteint désormais 58 % des Français, selon un sondage de l’institut OpinionWay pour le quotidien Métro.

 

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