Dès l’atterrissage de l’avion, la jeune fille a été transférée par ambulance au Queen Elizabeth Hospital de Birmingham. Interrogée sur la présence éventuelle de gardes à son chevet, une porte-parole du bureau du Premier ministre britannique s’est contentée d’indiquer que « la dimension sécurité avait été prise en compte ». L’établissement est notamment très en pointe dans le traitement des blessures de guerre.
Malala Yousafzai a été blessée mardi dernier de deux balles – une dans la tête et une à l’épaule – à Mingora, principale ville de la vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan. L’un des deux hommes armés qui ont intercepté l’autobus scolaire dans lequel elle circulait a ouvert le feu sur l’adolescente, accompagnée de camarades et de son père, enseignant également connu comme un farouche opposant aux talibans. L’attaque avait alors été revendiquée par les insurgés du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), allié au réseau el-Qaëda. Ils ont affirmé avoir pris pour cible Malala pour « son rôle de pionnière » dans la défense de l’éducation des jeunes filles et du fait de ses critiques musclées à leur endroit. Malala a été la première récipiendaire du prix national pour la paix créé l’an dernier par le Pakistan après s’être fait connaître à l’âge de 11 ans seulement en dénonçant sur un blog de la BBC les violences commises par les fondamentalistes talibans dans sa région entre 2007 et 2009.
Le chef de la diplomatie britannique William Hague a relevé que le combat pour l’éducation mené par la jeune Malala était « un exemple pour nous tous » à travers le monde, en marge d’une réunion au Luxembourg. L’ex-Premier ministre Gordon Brown, aujourd’hui envoyé spécial de l’ONU pour l’éducation, a quant à lui annoncé le lancement d’une pétition à l’adresse www.educationenvoy.org « en vue de réaliser le rêve de Malala » : la scolarisation de 32 millions de filles aujourd’hui privées du droit à l’enseignement.
L’attentat a suscité une vive émotion et fait surgir un fort sentiment antitalibans dans de nombreuses régions du Pakistan. Des milliers de personnes se sont rassemblées ce week-end à Karachi pour soutenir la jeune fille. Des prières spéciales ont été prononcées à son intention dans des mosquées et des écoles à travers le pays et même en Afghanistan voisin. Les condamnations de l’attentat ont également été nombreuses à l’étranger, le président Barack Obama qualifiant l’agression de « barbare et lâche ».
(Source : AFP)