Des heurts ont opposé policiers et manifestants mercredi à Athènes en marge de manifestations contre un nouveau paquet de mesures de rigueur devant être introduit au parlement à la demande des créanciers, UE et FMI.
Les fauteurs de trouble, encagoulés, opérant par petits groupes, ont jeté des molotov en contrebas de la place Syntagma faisant face au Parlement, en direction des forces anti-émeutes, qui ont riposté par des tirs de grenade assourdissante et de gaz lacrymogènes, a constaté l'AFP.
Les affrontements, qui ont duré une grosse demi-heure, se sont poursuivis sur la place et vers le ministère des Finances devant lequel un camion de pompiers était stationné, alors que le gros des manifestants étaient en train de réculer dans un nuage suffoquant.
Les molotov ont mis le feu à un kiosque de promotion d'une société téléphonique, à des poubelles et des abribus tandis que des individus s'en prenaient à des vitrines, notamment avec des bouts de marbre déchaussés sur les façades et des barres de fer.
Les hôtels de luxe longeant la place étaient mis à l'abri des échauffourées par un cordon policier, qui n'a pu toutefois empêcher un taggeur en colère d'écrire le slogan "Revolution" à la peinture sur le store en fer d'un des palaces.
Selon la police, 34.000 personnes ont défilé au total à Athènes mercredi et 18.000 à Salonique, les syndicats évoquant le chiffre de 100.000.
Quelque 5.000 policiers avaient été déployés pour contenir les débordements, fréquents en Grèce, à l'occasion des manifestations.
Le 7 février, plus de 20.000 personnes avaient manifesté à Athènes et Salonique, selon la police, et plus de 100.000 le 12 février, lors du vote au parlement du deuxième plan d'aide à la Grèce assorti de mesures d'austérité.
Mercredi, le cortège le plus fourni était celui du front syndical communiste Pame, uni derrière les slogans "Insoumission" et "Pas de nouveaux sacrifices pour la ploutocratie".
Derrière, les banderoles des deux centrales syndicales GSEE et Adedy, organisatrices de la journée d'action demandaient de "repousser les nouvelles mesures dures, injustes et inefficaces".
Des heurts ont éclaté à Athènes entre quelques centaines de manifestants
cagoulés et les forces de l'ordre. ARIS MESSINIS/AFP
"Depuis deux-trois ans, nous vivons une catastrophe sociale incroyable, la société grecque est un cobaye pour ce qui se passe ailleurs" dans l'Union européenne, tempêtait Ilias Loizos, un employé municipal de 56 ans, qui affirme que son salaire a été réduit de moitié.
"Nous avons un tiers de chômeurs, les affaires ne marchent plus (...) nous sommes désespérés et avons perdu confiance dans l'UE", affirmait aussi Dimitris Mitropoulos, un enseignant de 35 ans.
Les employés de société en voie de privatisation (Eau, électricité, caisse d'épargne) scandaient : "no pasaran" en dénonçant le "bradage" imposé par les bailleurs de fonds du pays.
Le train de mesures "bouclé"
Afin de montrer la détermination du gouvernement à mener à bien sa politique, le ministère des Finances a fait savoir dans la matinée que le nouveau plan de mesures d'économies et de réformes structurelles, contesté dans la rue, avait été "bouclé" lors d'une réunion discrète la veille au soir entre le Premier ministre conservateur Antonis Samaras et son ministre des Finances, Yannis Stournaras.
Les mesures, portant sur plus de 11,5 milliards d'économies budgétaires, essentiellement des coupes de salaires publics, pensions et prestations sociales, doivent toutefois encore être soumises à l'aval des deux partenaires de la coalition gouvernementale, et décrocher le feu vert de la troïka représentant les créanciers.
Soutenue par le principal parti d'opposition, le Syriza de la gauche radicale, la journée d'action est la troisième de l'année mais la première depuis l'arrivée au pouvoir en juin de la coalition gouvernementale.
Devant l'hôpital Evangelismos, en centre-ville, Dimitri Tsiolias, radiologue, ne se fait aucune illusion sur l'issue du mouvement.
"La grève ne changera rien. Peu importe ce que nous faisons, les salaires vont baisser, tout vient de la troika" explique le médecin en désignant les représentants des bailleurs de fonds du pays, UE, BCE et FMI.
Un peu plus loin, la Poste est fermée ainsi que la plupart des administrations. Des écoles aussi sont touchées par le mouvement.
Pour Irina, la trentaine, qui dirige une imprimerie, "ce sont surtout les fonctionnaires qui font grève". "Mes employés arrivent en retard en raison de la grève du métro, mais ils ne font pas grève, ça n'a jamais servi à rien" affirme-t-elle en sortant d'un taxi.
Les syndicats des commerçants, artisans et ingénieurs civils ont toutefois aussi appelé à la grève, même si mercredi matin les petits commerces de centre ville étaient ouverts pour la plupart.
Aucune desserte des îles n'était par contre assurée suite à un mot d'ordre de grève de 24H qui a pris effet dans la nuit.
Les contrôleurs aériens ont aussi entamé un arrêt de travail de trois heures, jusqu'à 10H00 GMT, qui a provoqué l'annulation de 12 vols des compagnies grecques, Olympic air et Aegean Airlines.
Conditionnant le maintien de la Grèce sous perfusion financière, alors que la nécessité d'une troisième opération de soutien au pays parait gagner du terrain, le nouveau plan doit être adopté au Parlement avant le sommet européen du 18 octobre, dont la Grèce attend le déblocage du versement au pays de 31,5 milliards d'euros de prêts.
Pour mémoire:
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Les fauteurs de trouble, encagoulés, opérant par petits groupes, ont jeté des molotov en contrebas de la place Syntagma faisant face au Parlement, en direction des...
commentaires (8)
CORRECTION ! Merci : ".... et les Biens de l’Église Byzantine."
Antoine-Serge KARAMAOUN
06 h 19, le 27 septembre 2012