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Économie - Éclairage

Privatiser, une tâche de longue haleine dans la Grèce en crise

Cette relance du programme est censée rapporter 19 milliards d’euros au pays d’ici à 2015.

Le conseil d’administration de l’agence chargée des privatisations doit amorcer le processus pour la vente de 29 % des parts de l’État dans la rentable société des paris sportifs OPAP. John Kolesidis/Reuters

La Grèce, qui peine à vendre ses bijoux de famille en raison du climat économique dépressif et de l’incertitude sur son avenir, freinant les investisseurs internationaux, vient de relancer son programme de privatisations pour amadouer ses créanciers et réduire sa dette. Aucune privatisation d’importance n’a été réalisée depuis janvier, et malgré la levée de freins idéologiques depuis l’élection en juin d’un Premier ministre libéral sur les questions économiques, il est fort probable que l’année se terminera sans cession majeure, estiment des analystes.
Dans un pays aux abois qui traverse sa cinquième année de récession, le Premier ministre Antonis Samaras a dû se plaindre auprès de ses partenaires lors de sa récente tournée à Berlin, Paris et Francfort : impossible d’attirer des investisseurs internationaux tant que de hauts responsables européens continuent d’évoquer publiquement une sortie du pays de l’euro. Ces dernières semaines les Européens ont adopté un ton plus conciliant vis-à-vis d’Athènes, tout en maintenant la pression pour accélérer les privatisations. Et après cinq mois d’inertie, l’agence chargée des privatisations a relancé mercredi le programme en annonçant notamment les candidats présélectionnés pour l’aménagement du site d’Hellinikon, sur la côte au sud d’Athènes, un projet immobilier de prestige sur un site de la même taille que Central Park à New York. Les prétendants sont l’indien Elbit Cochin Island, le grec Lamda Development, le qatari Diar Real Estate et le britannique London and Regional Properties. L’agence a également annoncé les deux candidats en lice, NCH New Europe Property Fund, et NCH Balkan Fund, pour l’exploitation d’un terrain côtier sur l’île de Corfou en mer Ionienne.
Le conseil d’administration de l’agence doit enchaîner le 19 septembre en lançant l’appel d’offres pour une concession sur la loterie nationale et « amorçant » le processus pour la vente de 29 % des parts de l’État dans la rentable société de paris sportifs OPAP.
Cette relance d’un programme censé rapporter 19 milliards d’euros au pays d’ici à 2015 intervient alors que la Grèce négocie pour obtenir l’aval des représentants de la troïka des créanciers, UE, BCE et FMI, à ses efforts de redressement budgétaire. La reprise cet automne du versement des prêts internationaux la gardant de la cessation de paiement dépend d’un rapport positif de cette troïka, espéré pour octobre.
« Je pense qu’il y a désormais une réelle volonté politique d’accélérer et obtenir des résultats en matière de privatisations », a déclaré Georges Pagoulatos, économiste et ancien conseiller du précédent Premier ministre Lucas Papademos. « Le gouvernement comprend que l’essentiel de sa crédibilité vis-à-vis des partenaires européens dépend de sa façon d’obtenir des résultats en matière de privatisation », a-t-il ajouté. En juillet, le ministre adjoint du Développement Notis Mitarakis avait admis que « toutes ces années, la Grèce a fait de son mieux pour éviter les investissements étrangers ».
L’incapacité de la Grèce d’achever un cadastre national malgré les aides européennes versées pour cela ainsi que la bureaucratie a, de tout temps, entravé les procédures de cession ou exploitation de terrains publics. Ce qui a aussi ses bons côtés, les côtes grecques étant relativement épargnées par la folie immobilière qui a saisi l’Espagne et entraîné sa crise.
La Grèce exclut toujours de vendre ses joyaux insulaires, mais envisage toutefois désormais de développer leur exploitation commerciale et touristique via des baux à long terme. À cette fin, le Fonds de privatisation a passé en revue 562 des 6 000 îles ou îlots sous souveraineté grecque. La seule privatisation importante en Grèce ces deux dernières années a été la cession de 10 % des télécoms OTE à l’Allemand Deutsche Telekom qui en possédait déjà 30 %. Et plus récemment, la privatisation de facto de la banque agricole publique ATE en grande difficulté, via son adossement à la banque du Pirée, en situation périlleuse aussi, mais éligible aux fonds européens de recapitalisation.
Les dossiers immobiliers vont désormais « avancer d’ici à trois ou quatre mois », estime un économiste spécialiste du dossier qui a requis l’anonymat. « Il faut arrêter d’attendre des privatisations du jour au lendemain, c’est un processus très long », selon lui. Car il faut préparer les dossiers, « préqualifier les offres, les lancer, les analyser, choisir un candidat, et puis commencer les négociations avec l’acheteur », souligne cette source, en ajoutant que « pas un seul dossier ne peut se traiter en moins d’un an et la troïka l’a bien compris ».
(Source : AFP)
La Grèce, qui peine à vendre ses bijoux de famille en raison du climat économique dépressif et de l’incertitude sur son avenir, freinant les investisseurs internationaux, vient de relancer son programme de privatisations pour amadouer ses créanciers et réduire sa dette. Aucune privatisation d’importance n’a été réalisée depuis janvier, et malgré la levée de freins idéologiques...
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