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Moyen Orient et Monde - Caricatures du Prophète

En France, des manifestations quasiment insignifiantes

Importants dispositifs policiers ; les organisations musulmanes envisagent de porter plainte devant la justice contre « Charlie Hebdo ».

Des gendarmes accompagnent des femmes voilées, à Paris, pour un contrôle d’identité. Gonzalo Fuentes/Reuters

La présence d’importants dispositifs policiers dans les villes françaises a tué dans l’œuf samedi toute velléité de manifestation contre le film islamophobe L’Innocence des musulmans et les caricatures de Mahomet publiées par l’hebdomadaire Charlie Hebdo.
La préfecture de police de Paris avait interdit les manifestations prévues et un dispositif policier important avait été concentré sur quatre sites : le Trocadéro, la Grande Mosquée, la place de la Bastille et la place de la Concorde, à proximité de l’ambassade des États-Unis. De nombreux contrôles d’identité ont été effectués dans ces quatre secteurs et 50 personnes qui ne respectaient pas l’interdiction de manifester ont été arrêtées, a annoncé la préfecture. À Marseille, le rassemblement s’est limité à une seule personne entourée de plus de 200 policiers et de 30 journalistes. À Lille, une dizaine de personnes, dont quatre femmes porteuses d’un voile intégral, se sont rassemblées place de la République, mais aucun affrontement n’a eu lieu. Les représentants de la communauté musulmane se sont dit satisfaits du déroulement de la journée. « La communauté musulmane de France a su avec dignité et sagesse surmonter cette épreuve douloureuse face aux attaques indignes (...), leur opposant un silence méprisant », s’est ainsi félicité Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris. Le président de l’Union des organisations islamiques de France, Ahmad Jaballah, a lui aussi appelé à la sérénité face aux « provocations », mais a dit avoir demandé la formation d’une commission parlementaire sur l’islamophobie qui, selon lui, se développe fortement en France.

Boutin vs « Charlie »
Les différentes organisations musulmanes de France ont en outre estimé, comme les y a encouragées le gouvernement, que « la voie de la justice » était « une voie possible » pour exprimer sa réprobation. Le parquet est déjà saisi d’une plainte d’une association syrienne et pourrait recevoir prochainement celle d’une association musulmane de Meaux. Une plainte pour « mise en danger délibérée de la vie d’autrui » va également être déposée contre Charlie Hebdo par une fondation chrétienne et le Parti chrétien-démocrate de Christine Boutin.
Les locaux de Charlie Hebdo ont été placés sous surveillance, tout comme les écoles et les locaux diplomatiques français dans vingt pays, essentiellement musulmans. Un homme arrêté samedi, soupçonné d’avoir appelé à décapiter le directeur de Charlie Hebdo sur un site jihadiste, a été remis hier en liberté. Un jeune homme, qui avait menacé sur Facebook les responsables de Charlie Hebdo, a été mis en examen (inculpé) hier par un juge antiterroriste. Et une autre personne, qui avait manifesté le 15 septembre à Paris, a été condamnée à cinq mois de prison, dont deux avec sursis, pour participation à un attroupement armé.

 « Mort à la France »
Ailleurs dans le monde, quelque 500 manifestants se sont rassemblés hier à Istanbul, sur la place Taksim, pour dénoncer le film islamophobe et les caricatures du Prophète. « Mort à l’Amérique », « Mort à la France », proclamaient les pancartes brandies par les manifestants qui se sont dispersés sans incident. À Téhéran, quelque 400 personnes ont également manifesté hier devant l’ambassade de France. « Mort à l’Amérique », « Mort à Israël », « Mort à la Grande-Bretagne » et « Mort à la France », ont scandé les manifestants. Ils se sont dispersés au bout d’une heure et demie, sans qu’aucune violence ne soit signalée.
Pour sa part, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, s’est montré réservé hier concernant les caricatures du Prophète. « Parfois la question n’est pas de savoir si on a le droit de faire quelque chose, mais de savoir si on doit le faire », a-t-il souligné dans le journal dominical Welt am Sonntag. « J’ai appris dans la vie que la liberté signifiait toujours la responsabilité », a-t-il insisté. La liberté d’opinion « ne signifie pas le droit d’insulter ceux qui ont une autre religion ou une autre opinion et de troubler ainsi sciemment la paix publique », a encore assuré le ministre.
Il a aussi insisté sur le rôle joué par Internet dans la diffusion du film islamophobe. « Avant, personne n’était au courant quand un réalisateur autoproclamé tournait un film absurde. Aujourd’hui le monde entier en prend connaissance », a-t-il expliqué. « Internet n’est pas qu’une bénédiction comme nous avons pu le voir lors des révolutions arabes, mais aussi une malédiction : car même le plus idiot peut diffuser sa production avec un impact mondial », a conclu M. Westerwelle.
(Sources : agences)

 

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