Des policiers français maintiennent à terre un manifestant devant l’ambassade américaine à Paris. Quelque 150 personnes ont été arrêtées. Benoît Tessier/Reuters
Les violences liées au film islamophobe produit aux États-Unis et diffusé sur YouTube se sont poursuivies hier à travers le monde arabo-musulman, mais aussi en Europe et en Australie, en dépit des multiples appels au calme et à la retenue.
En Afghanistan, dans la nuit de vendredi à samedi, les talibans ont mené une attaque de grande ampleur contre la base dans laquelle est stationné le prince Harry d’Angleterre, tuant deux marines américains. L’assaut à l’arme légère et à l’aide d’obus et/ou de roquettes contre le camp Bastion, situé dans la province très instable du Helmand, a été très violent et long, ont indiqué plusieurs sources sécuritaires. « Tout autour de la base, il y a un grand champ de blé dans lequel ils se sont cachés. Puis un kamikaze à pied s’est fait exploser contre un mur de la base, ouvrant une brèche, par laquelle 16 autres combattants sont entrés », a raconté Sayed Malook, le chef de l’armée afghane dans le sud du pays. Dix-huit insurgés ont été tués – dont un qui a fait exploser une veste – et un autre a été blessé et capturé. Les dégâts matériels subis par la coalition sont lourds. « De multiples aéronefs et structures ont été endommagés », a reconnu l’OTAN. « Les insurgés (...) n’ont à aucun moment été à proximité du capitaine Wales (le prince Harry), qui était aux abris avec d’autres membres de l’armée britannique (...) », a de son côté fait savoir le ministère britannique de la Défense.
Très ferme Tunisie
En Tunisie, le ministère de l’Intérieur a menacé hier de punir toutes les personnes impliquées dans l’attaque de l’ambassade américaine vendredi, alors que Seif Allah Ibn Hussein (alias Abou Iyadh), chef du groupe salafiste Ansar al-charia, était recherché par la police. Selon un nouveau bilan, l’attaque contre l’ambassade américaine a fait quatre tués et 49 blessés ; 75 personnes ont été appréhendées. Des escarmouches ont par ailleurs opposé hier des jeunes à la Cité Ettadhamen, un bastion salafiste en banlieue ouest de Tunis. Pour sa part, le ministère des Affaires étrangères a affirmé que les « agissements irresponsables » des manifestants n’auraient aucun impact sur les relations entre Tunis et Washington. « Les autorités sécuritaires prendront les mesures nécessaires pour garantir la protection des représentations étrangères et des personnels diplomatiques », a encore assuré le ministère.
En Égypte, le calme est revenu hier dans le centre du Caire, évacué tôt le matin après une nuit d’affrontements entre policiers et manifestants. La circulation a repris normalement sur la place Tahrir, proche de l’ambassade des États-Unis, alors que la police bouclait le quartier menant à celle-ci. Le ministère de l’Intérieur a, lui, annoncé avoir procédé à 142 arrestations. En outre, le candidat républicain à la présidentielle américaine, Mitt Romney, a déclaré que si l’Égypte voulait continuer à recevoir de l’aide des États-Unis, elle devrait veiller à « protéger les droits de ses minorités (...) et protéger nos ambassades et celles d’autres pays ».
Interpellations à Paris
Ailleurs dans le monde, des centaines de personnes ont violemment manifesté hier devant le consulat américain à Sydney, en Australie, lançant des bouteilles et des chaussures vers le consulat. Des centaines d’autres personnes ont manifesté dans le calme dans deux villes d’Indonésie, pays musulman le plus peuplé du monde.
En France, 150 personnes ont été interpellées lors d’une manifestation non autorisée, émaillée de quelques violences, près de l’ambassade américaine à Paris. Quatre policiers ont été légèrement blessés. Le président du Conseil français du culte musulman, Mohammad Moussaoui, a déploré ce rassemblement, en appelant à « ne pas associer l’ensemble des musulmans de France à des événements marginaux comme celui-ci ». Le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a pour sa part jugé « assez grave » que des salafistes aient « réussi à mobiliser quelques centaines de personnes » à Paris. En début de soirée, une dizaine de personnes restaient encerclées par les forces de l’ordre près de la place de la Concorde, tout près de l’ambassade américaine.
Par ailleurs, quelque 120 personnes ont été interpellées à Anvers, dans le nord de la Belgique, à l’issue d’une manifestation qui a dégénéré en bagarres avec les forces de l’ordre. En Italie, la police a demandé hier le renforcement du contrôle du territoire et la surveillance des sites américains, allemands et britanniques dans la péninsule. D’autre part, un groupuscule d’extrême droite allemand veut projeter intégralement à Berlin le film islamophobe, a rapporté l’hebdomadaire Der Spiegel. Toujours dans le Spiegel, le ministre allemand de l’Intérieur, Hans-Peter Friedrich, a critiqué ce projet. Il s’est engagé à avoir recours à « tous les moyens légaux à (sa) disposition » pour l’empêcher.
En Israël, des centaines d’Arabes israéliens ont manifesté dans le nord du pays. Environ 150 personnes ont également manifesté à Jérusalem-Est « quasiment sans incident », un manifestant ayant toutefois été arrêté pour avoir causé des troubles à proximité du bâtiment du consulat américain. Une centaine de manifestants ont aussi protesté pacifiquement à Nazareth, la plus grande ville arabe israélienne, et quelque 250 autres dans d’autres villes et villages.
Pour mémoire
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