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À La Une - Violences

Film anti-islam : l'attaque de Benghazi, une "vengeance" d'el-Qaëda

Les talibans attaquent la base du prince Harry en Afghanistan ; nouveaux appels à manifester dans les pays musulmans.

Des manifestants en colère contre le film anti-islam brûlent le drapeau américain samedi à Peshawar, au Pakistan. A. MAJEED/

Le réseau extrémiste el-Qaëda a appelé les musulmans à continuer à s'en prendre aux intérêts américains pour protester contre un film islamophobe, après une baisse des tensions samedi dans le monde arabe secoué par quatre jours de violentes protestations parfois meurtrières.


El-Qaëda dans la péninsule arabique (Aqpa) a aussi affirmé que l'assaut sanglant contre le consulat américain en Libye avait été motivé, non seulement par ce film réalisé aux Etats-Unis, mais aussi par la mort du N.2 du réseau, Abou Yahya al-Libi, tué en juin dans une attaque américaine au Pakistan.


"La mort du cheikh Abou Yahya al-Libi (...) a stimulé l'enthousiasme et la détermination des fils d'Omar al-Mokhtar (en Libye) à se venger de ceux qui se sont moqué et ont attaqué notre prophète", écrit Aqpa dans un communiqué.

 

L'ambassadeur américain en Libye, Christopher Stevens, 52 ans, et trois autres fonctionnaires américains, ont été tués mercredi dernier dans une attaque perpétrée par des hommes armés contre le consulat américain à Benghazi. Cette attaque a été précédée d'une manifestation devant le consulat contre le film anti-islam, Innocence of Muslims, qui a embrasé plusieurs pays musulmans.


Aqpa ne revendique pas directement au nom d'el-Qaëda l'attaque qui avait coïncidé avec l'anniversaire des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Il souligne toutefois que "le soulèvement de notre peuple en Libye, en Egypte et au Yémen contre l'Amérique et ses ambassades est un signe pour signifier aux Etats-Unis que leur guerre n'est pas dirigée contre des groupes et des organisations (...) mais contre la nation islamique qui s'est soulevée contre l'injustice, la faiblesse...".


Le chef d'el-Qaëda, Ayman el-Zawahiri, avait diffusé lundi une vidéo confirmant la mort de son bras droit, Abou Yahya al-Libi, tué en juin au Pakistan.


Le président de l'Assemblée nationale libyenne, Mohamed al-Megaryef, a pour sa part affirmé samedi dans une interview à l'AFP que des éléments étrangers étaient impliqués dans l'attaque du consulat américain à Benghazi. Il a précisé que l'attaque avait été "planifiée" et méticuleusement exécutée. "Je n'écarte pas le fait que nous allons découvrir des choses qui font le lien entre el-Qaëda et l'attaque du consulat américain", a-t-il ajouté.


Selon un responsable américain, des extrémistes se sont servis d'une manifestation contre un film dénigrant l'islam comme "prétexte" pour s'en prendre aux intérêts américains le jour anniversaire du 11 septembre.


Dans un autre communiqué également mis en ligne vendredi selon SITE, Aqpa a appelé les musulmans, notamment ceux établis en Occident, à attaquer les intérêts américains dans leurs pays de résidence. "Faisons de l'expulsion des ambassades et des consulats une étape de la libération des terres arabes de l'hégémonie et de l'arrogance américaines", écrit Aqpa, qui affirme par ailleurs que le "devoir" des musulmans d'Occident est d'attaquer les intérêts américains, car ils sont plus proches et "plus capables de les endommager".

 

 

L'attaque des talibans

Par ailleurs, les talibans ont effectué samedi une attaque de grande ampleur contre la base dans laquelle est stationné le prince Harry, en Afghanistan tuant deux marines américains, selon eux en protestation contre le film américain anti-islam.

 

L'assaut à l'arme légère et à l'aide d'obus et de roquettes contre le camp Bastion, situé dans la province très instable du Helmand (sud), a été très violent et long, ont indiqué plusieurs sources sécuritaires.

D'après le major Adam Wojack, porte-parole de l'armée américaine, les combats ont commencé à 22H15 (locale, 17H45 GMT) vendredi pour se terminer samedi matin. Selon Sayed Malook, le chef de l'armée afghane dans le sud, les derniers coups de feu ont été tirés vers 2H30 - 3H00 (22H00 - 22H30).

 

"Tout autour de la base, il y a un grand champ de blé, dans lequel ils se sont cachés. Puis un kamikaze à pied s'est fait exploser contre un mur de la base, ouvrant une brêche, par laquelle 16 autres combattants sont entrés dans la base", a raconté le haut gradé afghan.

Dix-huit insurgés ont été tués - dont un qui a détonné une veste explosive - et un autre a été blessé et capturé, a observé le major Wojack. Tous portaient des vêtements de camouflage, sans que ce porte-parole puisse confirmer s'il s'agissait ou non d'uniformes de l'armée afghane.

 

"D'après les informations en notre possession, le prince Harry, surnommé capitaine Wales, est hors de danger", a déclaré le sergent Bob Barko Jr, du centre de presse de l'Isaf, la force de l'Otan en Afghanistan, à l'AFP.

 

Qari Yusuf Ahmadi, un porte-parole taliban, a affirmé que l'attaque a été menée "en revanche contre le film insultant des Américains". "Innocence of muslim" (l'innocence des innocents), un long-métrage caricatual à très faible budget et intérêt, a embrasé la rue en Libye, en Egypte, au Yémen et au Soudan. "L'objectif n'était pas le prince Harry", a poursuivi M. Ahmadi. Le fait que les insurgés aient choisi le camp Bastion, où est stationné le prince Harry, ne peut pourtant pas être qu'une coïncidence.

Fort au fait du fonctionnement des médias, les rebelles savaient qu'un assaut contre cette base, impossible à conquérir en combat frontal, leur apporterait une importante couverture médiatique internationale, du fait de la présence du troisième dans l'ordre de succession au trône britannique.

Les talibans afghans avaient en outre affirmé lundi être déterminés à tuer le prince Harry, pilote d'hélicoptère de combat dans l'armée britannique, de retour en Afghanistan pour une deuxième mission militaire.

 

Le prince Harry, 28 ans aujourd'hui, est arrivé la semaine dernière à Camp Bastion, dans la province du Helmand pour une mission temporaire de quatre mois comme pilote d'hélicoptère Apache, selon l'armée britannique. Cette mission est la deuxième dans ce pays pour le prince Harry, mais la première rendue publique par les autorités britanniques.

 

 

Le prince Harry, 28 ans, est arrivé la semaine dernière à Camp Bastion pour quatre mois.

Photo d'archives/AFP 

 

 

Ailleurs dans le monde 

La contestation a continué ailleurs dans le monde. Au Pakistan voisin, les talibans ont appelé les jeunes musulmans à travers le monde et dans leur pays, à se soulever pour protester contre le film. Des centaines de personnes avaient participé à des manifestations dans les grandes villes du Pakistan vendredi, afin de dénoncer ce film. Il n'y a toutefois pas eu à déplorer de violences.

 

Les islamistes somaliens shebab ont, de leur côté,appelé samedi les Somaliens à attaquer l'Occident. A Mogadiscio, des petits groupes de manifestants ont défilé pacifiquement vendredi et samedi en scandant des slogans contre le film "Innocence des Musulmansé.

 

(Lire aussi : Film islamophobe : la colère arabo-musulmane gagne le Liban)

 

Des centaines de personnes ont par ailleurs manifesté violemment samedi devant le consulat américain à Sydney, en Australie, pour protester contre le film, lançant des bouteilles et des chaussures vers le consulat. Brandissant des banderoles appelant à "décapiter tous ceux qui insultent le prophète" et hurlant "A bas les Etats-Unis", les manifestants, parmi lesquels des enfants, se sont heurtés à la police, qui tentait de les faire reculer alors qu'ils avaient atteint les marches du consulat.

 

A Paris et à Anvers (Belgique), des dizaines de personnes ont été interpellées après des manifestations et des heurts avec la police.


Dans le nord d'Israël, des centaines d'Arabes israéliens ont manifesté alors que 150 Palestiniens ont protesté à Jérusalem-Est où un manifestant a été arrêté pour avoir causé des troubles près du consulat américain.

 

Des centaines de personnes ont également manifesté dans le calme samedi dans deux villes d'Indonésie, pays musulman le plus peuplé du monde.

 

Au Caire, un calme précaire régnait samedi après une nuit d'affrontements entre policiers et manifestants.

 Après les violentes manifestations des jours précédents, le grand imam d'Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayyeb, a appelé les Egyptiens "à la retenue" et l'ONU à adopter "une résolution internationale" interdisant toute atteinte à l'islam.

 

Le mufti d'Arabie saoudite, cheikh Abdel Aziz Al-cheikh, a quant à lui demandé que les "atteintes aux figures sacrées" "soient criminalisées", tout en condamnant le recours à la violence lors des manifestations.

 

Des manifestations souvent violentes ont éclaté dans plusieurs pays du monde musulman après la diffusion sur internet du film "L'innocence des musulmans", produit et réalisé aux Etats-Unis. Le film de piètre qualité dénigre le prophète Mahomet et les musulmans, présentés comme immoraux et brutaux.

 

Samedi, le président américain Barack Obama a appelé ses compatriotes à ne pas se laisser décourager par les images de violences anti-américaines dans le monde musulman. "Je sais que les images que nous voyons à la télévision sont préoccupantes", a déclaré le président dans son discours hebdomadaire à la radio et sur internet. "Mais n'oublions pas que pour chaque foule en colère, il y a des millions de gens qui aspirent à la liberté, la dignité et l'espoir que représente notre drapeau".

Mardi, quatre Américains, dont l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye, avaient été tués dans une attaque contre le consulat américain à Benghazi (Libye).

 

Face aux attaques répétées contre leurs représentations diplomatiques, les Etats-Unis ont envoyé 100 Marines en Libye et 50 au Yémen, le secrétaire à la Défense Leon Panetta soulignant que son pays devait être "prêt" au cas où "les manifestations deviennent hors de contrôle".
Mais le Soudan a affirmé avoir refusé une "demande" américaine d'envoyer des Marines se disant capable d'assurer lui-même la défense des intérêts américains sur son territoire, alors que le Parlement yéménite a estimé qu'il revenait au gouvernement de se charger de cette protection.

 

 

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