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À La Une - Photographie

Parmi les photo-reporters, une différence de regard entre homme et femme?

Une fois les images éditées et publiées, "bien malin celui qui pourra dire si le reportage a été fait par un homme ou par une femme", estime le photographe Massoud Hosseini, lauréat du prestigieux Pulitzer en 2012.

Massoud Hosseini, photographe afghan de l'AFP et lauréat du prestigieux Pulitzer en 2012, lors du Festival international de photojournalisme de Perpignan. RAYMOND ROIG/

Même si la profession de reporter-photographe est majoritairement masculine, nombre de femmes sont présentes sur tous les fronts, armées d'un appareil photo: y a-t-il pour autant un "œil" féminin et un masculin?


"Non, en aucun cas", tranche pour sa part Jean-François Leroy, directeur du Festival international de photojournalisme de Perpignan. "Quelque soit le sujet du reportage, on ne peut dire si il a été réalisé par un homme ou par une femme", estime-t-il.
"Les femmes ont toujours été présentes dans l'histoire du photojournalisme, n'oublions pas par exemple qu'on doit à deux femmes reporters les premières images de la libération des camps de concentration", dont l'Américaine Margareth Bourke-White, rappelle-t-il.


"Il y a une réelle différence d'approche des sujets entre les femmes et les hommes reporters", considère à l'inverse Eric Baradat, rédacteur en chef international à l'Agence France-Presse, qui fait travailler quelque 400 photographes à travers le monde, dont seulement 5% de femmes. Selon lui, les femmes vont plus volontiers vers "l'humain que vers le factuel brut".


Les avis sont généralement très tranchés. Mais dans la profession, tous reconnaissent qu'une fois les images éditées et publiées, "bien malin celui qui pourra dire si le reportage a été fait par un homme ou par une femme", sourit Massoud Hosseini, photographe afghan de l'AFP lauréat du prestigieux Pulitzer en 2012.


"Ma femme, Farzana Wahidy, est aussi reporter et nous avons remarqué que quand nous travaillons ensemble sur une même scène, elle va d'abord faire des plans rapprochés vers les femmes et les enfants, puis prend des plans plus larges alors que moi je fais l'inverse", explique-t-il.
Pour lui, certaines portes s'ouvrent aussi plus facilement pour les femmes, "surtout dans des pays comme le mien". "En revanche au Pakistan, il est quasiment inimaginable pour les femmes de travailler comme photographes".

Pour Natalia Cerviccio, reporter italienne à la silhouette élancée et aux mèches blondes, "il y a parfois un effet de surprise de voir au milieu des manifestants arriver comme photographe une femme sans voile, qui à leur yeux fait un métier d'homme. Ca peut faciliter le travail"
"Mais les risques habituels demeurent, de la main aux fesses au harcèlement", confie-t-elle, reconnaissant qu'elle a sans doute été "vernie" quand elle couvrait les événements de la place Tahrir au Caire, lieu de sinistre mémoire pour de nombreuses femmes journalistes.


Les femmes photographes reconnaissent volontiers qu'elle se sentent souvent avantagées. "Si on travaille dans le monde arabe ou musulman, les hommes n'ont pas accès à 50% du pays", raconte Catalina Martin-Chico, photo-reporter qui a couvert notamment les révoltes populaires en Tunisie et au Yémen.
"Dès qu'on veut accéder aux femmes, aux intérieurs, aux sujets de proximité, les femmes reporters sont accueillies à bras ouverts, explique-t-elle, pas les hommes". Elle a obtenu le Visa d'Or humanitaire en 2011 pour son travail au Yémen.


Sur les théâtres de conflits, les questions de société ou les drames humanitaires, les femmes photographes sont beaucoup moins nombreuses que les hommes mais au moins aussi efficaces, à en voir les expositions du millésime 2012 de Visa pour l'Image. Sur une trentaine d'accrochages proposés, le quart des cimaises de Perpignan exposent le travail de femmes reporters-photographes.


En y regardant de près, certains sujets n'auraient pu être réalisés par des hommes, comme l'incroyable travail mené par Stéphanie Sinclair (Agence VII pour le National Geographic Magazine) sur le drame des fillettes parfois âgées de seulement neuf ans, mariées de force parfois après été vendues, en Ethiopie, au Népal, en Afghanistan, en Inde ou au Yémen.
"Un homme n'aurait sans doute pas pu le faire", convient Jean-François Leroy.

Même si la profession de reporter-photographe est majoritairement masculine, nombre de femmes sont présentes sur tous les fronts, armées d'un appareil photo: y a-t-il pour autant un "œil" féminin et un masculin?
"Non, en aucun cas", tranche pour sa part Jean-François Leroy, directeur du Festival international de photojournalisme de Perpignan. "Quelque soit le sujet du reportage,...

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