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À La Une - syrie

Damas secouée par deux attentats en deux heures

Pour le régime, Morsi a "signé l'arrêt de mort" du groupe de contact régional ; la crise menace la sécurité de l'Europe, estiment Paris et Rome.

Des enquêteurs syriens inspectent le site d'un attentat à Mazzé, à Damas, le 7 septembre 2012. AFP/HO/SANA

Un attentat à la voiture piégée a secoué vendredi un quartier huppé de Damas, près du Palais de justice, a rapporté la télévision d'Etat syrienne. L'explosion qualifiée de "terroriste" s'est produite dans le secteur de Mazzé (ouest), dans une rue entre le Palais de justice et le ministère de l'Information, a précisé la chaîne. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a également rapporté une puissante explosion près du Palais de justice, faisant état d'une voiture piégée.

 

L'attaque est intervenue près de deux heures après un attentat à la moto piégée à la sortie d'une mosquée dans le nord de la capitale après la prière. "Un attentat terroriste s'est produit à Roukneddine à la sortie de fidèles de la mosquée al-Roukniya", a indiqué la chaîne, précisant qu'une "motocyclette piégée" était à l'origine de l'explosion qui a tué cinq membres des forces de l'ordre.

 

L'OSDH a rapporté de son côté qu'"au moins cinq membres des forces gouvernementales ont été tués et six autres blessés dans l'explosion d'une bombe sur la place Chamdine dans le quartier Roukneddine, alors que des membres des forces de sécurité se trouvaient près de la mosquée al-Roukniya".

 

Depuis le début de la révolte en mars 2011, les forces de l'ordre encerclent les mosquées tous les vendredis, journée traditionnelle de mobilisation dans le pays, afin d'empêcher les manifestations de se former à l'issue de la prière et ouvrent souvent le feu sur les manifestants, selon des militants et l'OSDH.

 

 

"Homs assiégée nous appelle"

 

Ce vendredi, les militants anti-régime avaient placé les cortèges sous le slogan "Homs assiégée nous appelle", en référence à la troisième ville du pays où les bombardements de l'armée sont incessants et la situation humanitaire désastreuse.

 

Des manifestations "massives", selon l'OSDH, ont eu lieu dans plusieurs localités rebelles de la province d'Idleb (nord-ouest), comme à Khan Cheikhoune, ainsi que dans la province de Damas comme à Harasta où l'armée menait de vastes opérations militaires pour écraser la rébellion, assimilée à du "terrorisme" par le régime.

 

Des vidéos ont montré des dizaines de jeunes manifestant dans une ruelle dans les quartiers de Barzé et de Assali à Damas. "Syrie, une révolte de dignité et de liberté", scandaient-ils notamment.

 

Dans les quartiers de Chaar et de Sakhour dans l'est d'Alep, deuxième ville du pays déchirée par la guerre, des défilés ont eu lieu "malgré les bombardements", a affirmé l'OSDH, qui se base sur un large réseau de militants et de témoins.

Plus de 35 obus se sont abattus sur Chaar, a précisé la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), qui regroupe des militants à travers la Syrie.

 

 

Violents combats dans la capitale

 

Pas de répit non plus dans les combats à Damas entre rebelles et forces loyales au régime.

Des "centaines de soldats" loyalistes secondés par des véhicules militaires lourds ont attaqué Babbila, une localité proche de la capitale , pour tenter d'y écraser des poches rebelles, rapporte l'OSDH.

 

A Babbila, théâtre jeudi de bombardements et de combats, sont retranchés des membres de l'Armée syrienne libre (ASL).

"Cette localité, ainsi que celle de Yalda, sont à la lisière de quartiers rebelles de Damas comme Tadamoun (sud) et font l'objet de grandes opérations militaires pour les contrôler", a expliqué Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH.

 

Des combats ont aussi éclaté autour d'al-Qazzaz, dans le sud-est de la capitale, où les forces de sécurité ont arrêté des dizaines de jeunes hommes. Cette zone populaire de la capitale est régulièrement la cible de perquisitions menées par les soldats à la recherche de rebelles ou de militants hostiles au pouvoir de Bachar el-Assad.

 

Des tirs nourris ont également été entendus à Tadamoun et à Yarmouk, le plus grand camp de réfugiés palestiniens en Syrie, selon l'OSDH. Des témoins ont affirmé à l'AFP que des bombardements intenses visaient ces deux zones depuis vendredi matin. Les bombardements étaient entendus à Damas, selon un journaliste de l'AFP.

 

Ailleurs dans le pays, deux enfants ont été tués dans un bombardement visant Boukamal, dans la province de Deir Ezzor (est), et deux rebelles ont péri lorsqu'un obus de mortier s'est abattu sur la ville même de Deir Ezzor, selon l'OSDH.

 

Dans la province d'Idleb (nord-ouest), des bombardements ont détruit de nombreuses maisons dans plusieurs localités. Et dans la province de Homs (centre), un enfant a été tué par au raid aérien dans la ville rebelle de Rastane et trois civils à Talbissé.

 

Les violences à travers le pays ont fait vendredi 13 morts dont sept rebelles, selon un bilan provisoire de l'organisation basée au Royaume-Uni. Jeudi, elle a recensé au moins 153 morts -83 civils, 46 soldats et 24 rebelles- en Syrie.

 

Et dans la région de Damas, au moins 23 corps non identifiés ont été retrouvés à Zamalka, une banlieue de la capitale et 22 autres dans la localité de Qatana. Vendredi, les corps de six hommes ont été retrouvés à Harasta également dans la province de Damas, certains portant des marques de torture.

Ces découvertes macabres sont particulièrement fréquentes depuis plusieurs semaines dans le pays, où les combats entre civils armés rebelles et pro-régime font monter les craintes de voir la Syrie s'enliser dans une guerre civile.

 

En outre, plus de 50 hommes ont été arrêtés jeudi soir par les forces de sécurité dans la province de Deraa, à la frontière jordanienne.

 

 

La sécurité de l'Europe menacée

 

Sur le plan diplomatique, Paris et Rome ont mis en garde contre un échec de la communauté internationale à résoudre la crise syrienne. Un tel échec menacerait gravement la sécurité de l'Europe, préviennent dans une lettre les ministres italien et français des Affaires étrangères, Giulio Terzi et Laurent Fabius.

"Si nous échouions en Syrie, la stabilité du Moyen-Orient serait compromise et la sécurité de l'Europe, sous tous ses aspects, du terrorisme à la prolifération des armes en passant par l'immigration illégale et la sécurité énergétique, serait gravement menacée", préviennent-ils.

 

Les ministres européens des Affaires étrangères ont entamé vendredi et samedi à Paphos, sur l'île de Chypre, une réunion informelle dominée par la crise syrienne.

 

Dans leur lettre, MM. Terzi et Fabius proposent de profiter de l'occasion pour avoir une discussion "stratégique substantielle sur le rôle et l'action de l'UE en Syrie", dont les résultats pourraient constituer "la base d'une éventuelle réunion extraordinaire" des ministres européens sur la Syrie courant septembre, par exemple en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

 

Dans une autre lettre, leur homologue britannique William Hague se dit "particulièrement impressionné par l'escalade de la crise des réfugiés humanitaires" et estime qu'il faut augmenter l'aide. "Nous avons besoin de toute urgence de contributions supplémentaires aux efforts humanitaires", a-t-il souligné à son arrivée à Paphos.

 

La Commission européenne a à cet égard annoncé vendredi qu'elle allait débloquer une aide humanitaire supplémentaire de 50 millions d'euros pour aider les civils syriens.

Le versement de cette aide doit encore recevoir l'aval du Parlement européen et des 27 gouvernements de l'UE. Cela devrait porter la contribution totale de la Commission européenne à 119 millions d'euros, a précisé l'exécutif européen dans un communiqué.

 

Si on ajoute l'aide directe des Etats, l'aide fournie par l'UE à la population syrienne devrait atteindre, avec le versement de cette nouvelle aide, 200 millions d'euros, soit la moitié environ de l'ensemble de l'aide humanitaire internationale en faveur des victimes de la crise.

 

 

 

Les médias officiels critiquent Morsi

 

Pour leur part, les médias syriens ont affirmé vendredi que le président égyptien Mohamed Morsi avait "signé l'arrêt de mort" du groupe de contact proposé par l'Egypte pour régler le conflit en Syrie.

 

"La Syrie voit positivement toute initiative qui vise à apporter une aide pour contenir la crise et permettre un retour à la vie normale", a affirmé le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mekdad. M. Morsi a toutefois "signé par ses dernières déclarations l'arrêt de mort" de la proposition égyptienne d'un groupe régional de contact sur la Syrie incluant l'Iran, ferme allié du régime de Bachar el-Assad, ainsi que l'Arabie saoudite et la Turquie, deux pays soutenant la rébellion, a-t-il ajouté.

 

Le président égyptien a récemment prévenu que le régime de M. Assad, qu'il a qualifié d'"oppressif" lors du sommet des Non-Alignés à Téhéran, ne serait "pas là pour longtemps". Le quotidien gouvernemental Techrine estimait vendredi dans son éditorial que "la partialité de Morsi vis-à-vis du terrorisme, des meurtres et des destructions (avait) condamné tous les efforts et les initiatives auxquels l'Egypte pourrait prendre part".

 

Damas assimile la rébellion à du terrorisme, alors que la Syrie est en proie depuis près d'un an et demi à une révolte populaire sans précédent. Les violences ont fait plus de 26.000 morts dans le pays, selon une ONG syrienne.

 

Au niveau humanitaire, le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Peter Maurer a déclaré vendredi avoir reçu des engagements positifs de la part du président Assad cette semaine à Damas, tout en soulignant qu'il fallait attendre que ces promesses soient mises en œuvre dans les prochaines semaines.

"Le président el-Assad est convenu qu’il est nécessaire d’accroître d’urgence l'aide humanitaire en facilitant l’entrée de secours qui nous permettraient d’intensifier notre action et de faire face de manière adéquate aux besoins sans cesse croissants", a indiqué M. Maurer.

 

Enfin, quelque 21.744 Syriens ont fui les combats pour trouver refuge en Irak, la plupart dans la région autonome du Kurdistan, a annoncé vendredi le Haut commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR). Ce nombre ne comprend que les réfugiés qui se sont enregistrés auprès des autorités, et pourrait en réalité être plus élevé, précise le HCR dans un communiqué.

 

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