Angela Merkel embrassant Mariano Rajoy hier à Madrid. Susana Vera/Reuters
Il s’agissait de la troisième visite diplomatique à Madrid en moins de deux semaines, après celles des dirigeants européen Herman Van Rompuy et français François Hollande : la quatrième économie de la zone euro, en position de faiblesse face aux marchés, cherche le soutien de ses partenaires. Le coup de pouce est cette fois venu de Francfort. Signe des espoirs placés dans le nouveau programme de la Banque centrale européenne, le Trésor espagnol avait profité dès le matin de marchés cléments, levant 3,5 milliards d’euros à des taux d’intérêt en chute. Les propos de Mario Draghi ont ensuite suscité une euphorie boursière et la Bourse de Madrid a fini sur un rebond de 4,91 %.
Les taux de l’Espagne sont parmi les plus élevés en zone euro, ce qui en fait le candidat idéal à un plan d’aide, après une première promesse d’aide de la zone euro de 100 milliards d’euros pour ses banques. Mais Angela Merkel et Mariano Rajoy symbolisent, pour des raisons très différentes, les plus fortes réticences à ce plan global : la première affronte dans son pays les objections de la Bundesbank et d’une partie de sa population, peu encline à accorder un chèque en blanc à l’Espagne. M. Rajoy, de son côté, est arrivé au pouvoir il y a moins de neuf mois et mesure le coût politique d’un éventuel sauvetage, mot qu’il répugne à utiliser. Il espère éviter de se voir imposer de nouvelles conditions après avoir déjà annoncé un plan drastique pour récupérer 102 milliards d’euros d’ici à 2014. « Nous avons discuté de ce qui est mis en œuvre en ce moment en Espagne, mais nous n’avons pas évoqué du tout de possibles conditions » économiques, a assuré Mme Merkel.
« Maintenant la balle est dans notre camp », commente Jordi Fabregat, professeur à l’école de commerce Esade, « car le gouvernement devra demander publiquement » à ce que le pays soit secouru par les fonds de secours européens (FESF et MES) et aura sans doute à le faire avant octobre, mois chargé en échéances de dette (environ 30 milliards).
(Source : AFP)