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Moyen Orient et Monde - Reportage

À Alep, des civils écrasés sous les décombres de leurs immeubles

À l’hôpital d’Alep, les corps de femmes et d’enfants défigurés, retrouvés dans les décombres d’habitations effondrées, témoignent de la violence des combats et des bombardements dans les quartiers résidentiels. « La majorité des victimes sont des civils tués dans l’effondrement d’immeubles », explique Abou Abdou, chirurgien à l’hôpital ach-Chifa.
La morgue a reçu quatre corps mardi, dont les restes d’une femme et d’un jeune garçon retrouvés dans les décombres de leur maison dont le toit s’est effondré. Dix-sept autres personnes ont été blessées dans des raids aériens, dont une fillette prise sous une pluie d’éclats d’obus dans une école maternelle, selon des sources médicales. L’hôpital a également soigné un rebelle qui a reçu une balle tirée par un franc-tireur à l’estomac. En 48 heures, les médecins d’ach-Chifa ont soigné 69 civils blessés et enregistré 15 décès.


Selon un médecin, le nombre de décès à Alep est beaucoup plus important, les registres de l’hôpital n’incluant pas les bilans des cliniques ou des hôpitaux de campagne. « Les bilans donnés par la télévision ne reflètent pas la réalité, le nombre de victimes à Alep est beaucoup plus élevé », affirme le docteur Abou Ismaïl. Il estime qu’en moyenne 25 civils sont tués par jour depuis que la ville est devenue un champ de bataille entre l’armée et les rebelles il y a plus d’un mois. « Nous recevons tout type de victimes, touchées par tout type d’armes, explique Oum Souheib, une volontaire. Nous voulons que nos enfants et nos civils soient en sécurité. Que les forces armées s’affrontent et nous laissent tranquilles. »


Mais les troupes du régime et les rebelles se livrent bataille dans les rues pavées de la vieille ville avec des lignes de front qui bougent tous les jours au gré des déplacements des points de contrôle et des francs-tireurs. « La plupart des victimes sont des civils parce que l’armée frappe des zones résidentielles », raconte le commandant de la brigade rebelle al-Khattab.


Pour le seul mois d’août, des boulangeries ont été touchées « au moins sept fois » par des tirs d’obus, provoquant à chaque fois de nombreux morts alors que les habitants se voient forcés de faire la queue pour attendre leur pain, selon des médecins. La dernière frappe contre une boulangerie dimanche a fait 11 blessés graves, selon les mêmes sources. Plus de 15 explosions ont été entendues dans la ville en l’espace d’une heure mardi.
Dans le sud-ouest de la ville, où l’armée a lancé une offensive d’envergure au cours des dernières semaines pour reprendre les quartiers rebelles, les lignes de front étaient également fluides. Les carcasses de bus carbonisés bloquaient les rues contrôlées par les rebelles, alors que des pierres et des pneus délimitaient les secteurs contrôlés par les forces gouvernementales.


Dans le centre-ville, de la fumée s’élevait de la citadelle, inscrite au patrimoine mondial, alors qu’à l’ombre de l’un des bâtiments historiques du marché, des rebelles nettoyaient et chargeaient leurs vieux kalachnikovs. « Il y a des affrontements dans cette ville à chaque seconde, affirme Abou Ala’, un combattant rebelle. On ne sait jamais quand ils vont éclater. »

 

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