Condamnées vendredi à deux ans de camp de travail pour une "prière punk" anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, membres des Pussy Riot, seront détenues avec des meurtrières et des voleuses dans des chambrées de cent personnes, en uniforme, avec leur nom sur la poitrine.
Le système pénitentiaire russe prévoit un seul type de détention pour les femmes, le camp à régime ordinaire. La palette est beaucoup plus large pour les hommes : camp à régime ordinaire, à régime sévère, à régime spécial, et prison.
Un camp est un ensemble de bâtiments (administration, dortoirs des détenus, zone de travail...) entouré de palissades, de barbelés et de miradors, le plus souvent adossé à des villages.
Voici les conditions de vie dans ces camps, selon les informations du site web de l'administration pénitentiaire et une responsable de l'ONG moscovite Prison et Liberté, Elena Gordeeva, qui depuis des années visite ces lieux pour aider les détenues.
Les prisonnières portent un uniforme vert avec leur nom marqué sur la poitrine et les vêtements personnels sont interdits. Elles ont le droit de téléphoner, en général une fois par mois, et la conversation ne peut dépasser 15 minutes.
Contrairement aux hommes prisonniers, les détenues peuvent recevoir un nombre illimité de colis.
Elles vivent le plus souvent dans des chambrées de 100 à 120 femmes. La journée, qui commence avec le réveil à 6h, est marquée par plusieurs rassemblements dehors pour compter les prisonnières. Si la température descend en dessous de -30 degrés, l'appel - qui peut durer une trentaine de minutes - se fait à l'intérieur.
Les récidivistes et les femmes condamnées pour la première fois sont détenues dans des camps différents. Les Moscovites ne sont pas forcément envoyées dans l'un des deux camps situés dans la région de Moscou, mais peuvent se retrouver à des centaines de kilomètres de là.
Dans chaque camp coexistent trois régimes de détention: normal, allégé et sévère.
Le régime normal autorise six visites courtes (jusqu'à 4 heures) et quatre visites longues (jusqu'à trois jours) par an. Les visites longues permettent de se retrouver dans une pièce à part avec son mari ou des parents. La visite de non-membres de la famille peut être autorisée par l'administration.
Une détenue peut acheter au camp de la nourriture et des produits de première nécessité pour un maximum de 75 euros. Celles qui ont un travail au camp (moins de la moitié des détenues) peuvent ainsi dépenser leur salaire (entre 25 et 50 euros mensuels).
Le travail consiste généralement à coudre des uniformes pour l'administration pénitentiaire, l'armée et le ministère de l'intérieur.
Le régime allégé, réservé aux détenues bien notées, permet d'acheter nourriture et produits de première nécessité sans restriction et autorise deux visites longues supplémentaires.
Le régime sévère est appliqué -pour une période de trois mois- à celles qui ont violé le règlement: consommation d'alcool ou de drogue, refus d'obéissance ou insulte envers un membre de l'administration...
Ces détenues sont isolées des autres, privées de téléphone et de visites, et enfermées dans des cellules d'où elles ne sortent qu'une heure et demie par jour pour prendre l'air.
Actuellement, quelque 59.000 femmes sont détenues (sur un total de 727.000 prisonniers) dans 46 camps en Russie.
En octobre dernier, un gardien d'un camp de femme de la région de l'Amour (Extrême-Orient russe) a été arrêté après la diffusion sur Youtube de vidéos le montrant en train de battre à coups de poing et de coups de pied deux prisonnières.
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