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À La Une - syrie

Assad ne contrôlerait plus que 30% de la Syrie

Pas de répit à Alep, où l'armée adopte "la tactique du grignotage".

Un portrait de Bachar el-Assad jeté dans une rue d'Alep. Phil Moore/

L'ancien Premier ministre syrien Riad Hijab, qui a fait défection il y a une semaine, a estimé jeudi que le régime du président Bachar el-Assad ne contrôlait plus que 30% de la Syrie.

 

"Le régime syrien ne contrôle plus que 30% du territoire de la Syrie", a dit l'ancien Premier ministre au cours d'une conférence de presse à Amman, jugeant que le régime, qui fait face à une rébellion armée, s'est "effondré militairement, économiquement et moralement". "Je vous assure, du fait de mon expérience et du poste que j'ai occupé, que le régime s'est fissuré", a-t-il insisté.

 

Revenant sur les conditions de sa défection, il a indiqué avoir "décidé de partir le 5 août après avoir perdu espoir que ce régime corrompu et brutal change. Il a estimé que "la Syrie est pleine d'officiers et de responsables militaires qui attendent le bon moment pour rejoindre la révolte". "J'appelle les forces armées syriennes à ne pas diriger leurs fusils contre le peuple syrien", a-t-il ajouté.

 

M. Hijab, nommé à la tête du gouvernement par M. Assad en juin, a exhorté les rebelles à "continuer leur lutte contre le régime car le peuple syrien a de grands espoirs et foi en vous".

 

Il a également appelé l'opposition à s'unir. "L'opposition à l'extérieur de la Syrie a besoin aujourd'hui d'unifier ses efforts et de mettre fin aux accusations selon lesquelles elle est dispersée. Le fait qu'ils aient des opinions différentes ne signifient pas qu'ils n'aient pas le même but", a-t-il dit. "Nous remercions l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie et leur demandons de poursuivre leur soutien à cette juste révolte jusqu'à la victoire", a-t-il encore déclaré.

 

 

Alep

Sur le terrain, Alep était de nouveau le théâtre mardi de bombardements et d'accrochages entre les rebelles et les forces gouvernementales qui menaient parallèlement des opérations d'envergure dans la capitale Damas. Dix-sept mois après le début de la révolte qui s'est militarisée au fil du temps face à la répression, le régime concentre tout particulièrement ses forces sur la deuxième ville du pays, ainsi que sur la capitale.


"Des accrochages ont lieu à Seif al-Dawla et Salaheddine alors que des explosions sont entendues dans ces deux quartiers" d'Alep (nord), a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), selon qui un homme a été tué par un sniper à Salaheddine.
Par ailleurs, "les quartiers de Sahour, Hanano et Chaar (est) étaient soumis à un pilonnage de l'armée" a ajouté l'OSDH.


L'agence officielle Sana a indiqué de son côté que l'un de ses photographes avait été blessé lundi à Salaheddine où il couvrait les opérations du côté de l'armée.


L'armée est entrée lundi à Seif al-Dawla, un quartier tenu par les rebelles dans l'ouest d'Alep, quelques jours après avoir repris celui de Salaheddine, également dans l'ouest. Des poches de résistance demeurent cependant dans ce dernier quartier.

Analysant la bataille d'Alep, cruciale pour la suite du conflit, le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir, indique que "les unités de l'armée ont adopté la tactique du grignotage au lieu de l'affontement général afin d'éviter des victimes civiles, utilisées comme boucliers humains" par les insurgés.
L'armée a lancé le 28 juillet un assaut majeur sur la grande métropole du nord, qui a été bombardée et mitraillée par des hélicoptères.


Réitérant une demande des insurgés, un combattant rebelle d'Alep, se présentant sous le nom d'Abou Ahmed, a réclamé lundi "une zone d'exclusion aérienne", comme ce fut le cas en Libye.

 

(Lire aussi : Des vétérans libyens entraînent les insurgés syriens)

 


Les rebelles ont cependant affirmé lundi avoir abattu avec une mitrailleuse anti-aérienne un MiG 23 de l'armée dans l'est du pays, ce qui serait une première depuis mars 2011.

Un groupe d'insurgés a affirmé avoir capturé le pilote dans une vidéo mise en ligne montrant un homme affirmant avoir eu pour mission de "bombarder la ville de Mouhassane", à 400 km à l'est de Deir Ezzor.


Parlant des blessures qu’il a sur son visage, il a indiqué qu' "un vent violent m’a projeté contre des pierres lorsque je me suis éjecté de mon appareil. Les révolutionnaires m’ont bien traité et m’ont offert les premiers secours. Ce sont des gens bien". Pour sa part, toujours sur la vidéo, un capitaine en uniforme se présentant sous le nom d’Abou Laith, chef de la brigade "Arfad Mohammad", assure : "Nous allons traiter ce prisonnier selon notre religion et notre morale, et selon la Convention de Genève sur les prisonniers."

 

(Lire aussi : Jetés d’un toit, égorgés, mitraillés... par des rebelles)


Selon une source militaire citée par l'agence officielle, la chute de l'appareil est due à une "panne technique".


Damas
Dans la capitale syrienne, où des affrontements très violents ont débuté à la mi-juillet, l'armée a poursuivi la campagne de perquisitions et d'arrestations entamée lundi dans le centre-ville, toujours selon l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et témoins.


Dans la province de Damas, les habitants fuyaient la localité de Qaboun de peur d'une opération des forces armées qui ont pilonné dans la nuit de lundi à mardi les localités de Daraya et de Madamiya, toujours selon l'OSDH.
Un militaire dissident a été tué à Al-Tal, une localité qui a subi de gros dégâts et dont une partie de la population a fui, indique l'ONG.
Une cinquantaine de personnes ont été tuées lundi dans la province de Damas au cours d'une journée où 160 personnes ont trouvé la mort, dont 100 civils, selon l'OSDH.


Dans le sud du pays, la forces armées encerclaient dans la province de Deraa la localité de Tafs où elles tentent de pénétrer depuis plusieurs jours. Une femme a été tuée par un sniper. Des roquettes sont tombées à Basra et Mzeireb.

 

Par ailleurs, l'armée turque a mené mardi de nouvelles manoeuvres militaires impliquant des chars et des blindés tout près de sa frontière avec la Syrie, a rapporté l'agence de presse semi-officielle Anatolie.

Ces exercices se sont déroulés à Öncüpinar (province de Kilis), juste à quelques dizaines de mètres de la frontière séparant la Turquie et la Syrie, pour déterminer "les capacités de guerre" des forces armées turques, précise l'agence.

 

 

Diplomatie

La communauté internationale, toujours divisée sur un règlement en Syrie, où les violences ont fait plus de 23.000 morts en 17 mois, selon l'OSDH, concentre ses efforts sur l'aide humanitaire aux civils. 


La responsable des affaires humanitaire de l'ONU, Valérie Amos, est ainsi arrivée mardi à Damas où elle doit rencontrer le chef de la diplomatie Walid Mouallem et le président du Croissant-Rouge syrien Abdel Rahmane Attar.


Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius se déplacera, lui, de mercredi à vendredi en Jordanie, au Liban et en Turquie dans le cadre du soutien de la France aux réfugiés syriens, qui se comptent par dizaines de milliers.


En Arabie saoudite, les pays de l'Organisation de coopération islamique (OCI), divisés sur la crise syrienne à l'image de la communauté internationale, tiennent mardi un sommet à La Mecque sur ce sujet. La réunion ministérielle préparatoire du sommet a recommandé lundi une suspension de la Syrie de l'OCI, une mesure à laquelle s'oppose l'Iran, fidèle allié de Damas.

 

Sur un autre plan, un émissaire du président Assad, Bouthaina Chaabane, était attendue mardi en Chine qui, comme la Russie, a opposé son veto à toute résolution de l'ONU sanctionnant le régime syrien.

 

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