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Théâtre thérapeutique : jeunes artistes de l’immédiat du sentiment

Métropolis, scène déployée. Une femme raconte son histoire, épopée empreinte de tristesse. À quelques pas, des jeunes, habillés sobrement de noir, l’écoutent. Dans quelques minutes, ils interpréteront ce qu’ils ont entendu.

« Art qui se pratique dans la sphère privée comme publique – dans les écoles, les hôpitaux psychiatriques ou encore les prisons –, le théâtre thérapeutique improvisé capte – et joue un sentiment donné– en cherchant à mettre la lumière sur sa quintessence. » C’est dans ces termes que Johnny Tohme, titulaire d’un DEA en psychologie clinique de l’UL et passionné de théâtre, « décrit son expérience dans cette nouvelle forme d’art dramatique. « Tout commence par la prise de parole du modérateur, qui a pour rôle de récolter des informations pertinentes auprès d’une personne du public. Puis les comédiens vont chercher comment exprimer avec le plus de justesse l’histoire racontée », explique-t-il.
Improvisé, oui, mais technique aussi. Différentes méthodes spécifiques existent. Il ne faut pas s’étonner alors de retrouver un comédien souriant derrière un comédien mimant la tristesse car pour les sentiments contradictoires, on se met par paire. « Il y a des éléments très concrets à partir desquels on va construire notre pièce. Par exemple, une pièce peut être jouée selon les épisodes de l’histoire relatée, affirme Marielise Aad. Le but est d’inventer le jeu pour illustrer l’histoire qui nous a été rapportée. »

Drôles de dames
et de messieurs
C’est dans le cadre d’Idaho (International Day Against Homophobia) que nos comédiens se sont produits sur scène pour la première fois au Liban, le 3 juin passé. Le concept, initié en 2007 au Liban par Zeina Daccache, fondatrice de Catharsis, centre libanais de théâtre thérapeutique, a été travaillé par Armand Volkas, directeur de théâtre et psychothérapeute directeur du Living Theater, compagnie de playback théâtre (théâtre interactif) à San Francisco. Les comédiens ont bénéficié, un mois avant leur première prestation publique, de cours dispensés par ce dernier. « Après la formation avec Armand, on s’est dit qu’on allait reproduire cela au Liban », s’enthousiasme Marielise. Comme ses confrères, cette férue de la scène, diplômée en théâtre de l’UL, travaille au théâtre libanais de marionnettes, à l’association Ibtissama. C’est en 2010 qu’elle participe aux ateliers de théâtre thérapeutique, travaillant par la suite dans la prison de Baabda des femmes en tant qu’assistante pour Catharsis.

Trac surmonté, théâtre unanimement encensé
Malgré la participation du groupe à l’atelier d’Armand Volkas, la peur de ne pas être à la hauteur est restée présente : « Nous avions 45 minutes de prestation sur scène et un sujet sensible », raconte Johnny. » Le public était notre seul « matériel », complète Kholoud Nasser, une habituée de la scène. Enseignante de théâtre et de pantomime dans les écoles et les universités, elle prépare actuellement sa quatrième pièce de théâtre. « Une des appréhensions éprouvées par la bande, renchérit Lara Sayegh, passionnée de théâtre amateur, et ayant joué dans deux pièces de Betty Taoutel et dans l’atelier du jeu, est que les gens n’osent pas dire ce qu’ils veulent dire. La timidité, le trac, c’est aussi ce que ressent celui qui doit se dévoiler et voir exposer son histoire. Mais, pour rassurer le public, le théâtre d’improvisation thérapeutique commence par le commencement, à savoir jouer d’abord des sentiments choisis par le public. »
« Les comédiens se présentent et jouent différents sentiments. C’est ainsi qu’on prépare les spectateurs à interagir avec nous et qu’on se prépare à interagir avec eux », poursuit Marielise. « Le public a bien accueilli notre travail et cela nous a encouragés à continuer », dit Chady el-Haber, qui a suivi une formation au théâtre moderne de Mounir Abou Debs et qui enseigne actuellement le théâtre dans des écoles et des associations comme Save the Children ou World Vision.
« Il faut être très empathique avec la personne qui nous confie l’histoire à jouer mais garder à l’esprit que le thérapeute doit rester neutre », affirme Christelle Madani. Psychomotricienne, elle finit son master en motricité à l’USJ et, comme ses amis, a suivi le cours de formation en Drama Therapy. « Le playback ne doit pas faire une thérapie », ajoute Chady.
Les histoires sont accompagnées musicalement par Christian, le guitariste, avec beaucoup de brio et de justesse. Un nouveau souffle, jeune et frais, insufflé au théâtre libanais.
« Art qui se pratique dans la sphère privée comme publique – dans les écoles, les hôpitaux psychiatriques ou encore les prisons –, le théâtre thérapeutique improvisé capte – et joue un sentiment donné– en cherchant à mettre la lumière sur sa quintessence. » C’est dans ces termes que Johnny Tohme, titulaire d’un DEA en psychologie clinique de l’UL et passionné de...
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