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À La Une - L’éclairage

Adnane Mansour est-il le ministre des AE du Liban ou de la Syrie ?

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Adnane Mansour.

La réaction du ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour à la demande du chef de l’État (remettre à l’ambassadeur de Syrie au Liban une lettre de protestation à l’adresse des autorités syriennes concernant les exactions du pouvoir de Damas en territoire libanais) a fortement surpris plus d’un observateur politico-diplomatique. Ils y ont vu un manquement flagrant aux us et coutumes et à la courtoisie ; une mutinerie, même, contre le garant de la Constitution. Et de la souveraineté nationale, censée être protégée et défendue de la même façon au Sud comme au Nord ou à l’Est.


À ce sujet, un des pôles du 14 Mars s’interroge sur la position du Hezbollah par rapport à tout cela, et plus particulièrement par rapport à la démarche du président Sleiman – le Hezbollah étant le parti qui prétend incarner la résistance du Liban, sa conception de la souveraineté peut-elle être aussi arbitraire?


Ce que Adnane Mansour aurait dû faire, c’est convoquer l’ambassadeur Ali Abdel-Karim Ali et lui tirer les oreilles après la réplique qu’il a assénée au chef de l’État, avant de lui transmettre le plus officiellement possible la lettre de protestation du Liban. Ce qu’il a fait, c’est qu’il a répondu lui-même à Michel Sleiman, inscrivant sa démarche dans un cadre politique, après que des sources du 8 Mars eurent estimé que la position de Baabda « n’était pas très équilibrée ». Une réaction qui a provoqué la stupéfaction au sein du 14 Mars qui ne savait plus s’il devait en rire ou en pleurer, déplorant l’absence d’un « minimum de patriotisme et de responsabilité nationale : la mission d’un ministre des Affaires étrangères est-elle de parler d’équilibre dans les violations des frontières? Est-il le chef de la diplomatie libanaise ou syrienne ? » s’interrogent les milieux de l’opposition, assurant que si violations il y avait, c’était aux autorités syriennes d’en faire état. Ce qu’elles ont fait à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il a transmis les protestations de Damas à Michel Sleiman au palais de Baabda... Là, l’État n’hésitait pas à agir et à envoyer, aussi rapidement que possible, l’armée aux frontières.

 

 

Selon des sources de sécurité, le concept de « violation sécuritaire » n’est en réalité rien d’autre que l’expression de conflits frontaliers entre Libanais et Syriens. Des conflits qui se sont multipliés de la Békaa au Nord et qui ont redoublé d’intensité depuis les derniers rebondissements en Syrie et depuis que les trafics ont explosé à l’ombre d’un laxisme et d’une frontière passoire à propos desquels les deux parties s’étaient entendues. Un comité frontalier mixte avait même été formé; quelques réunions orphelines s’étaient tenues, et puis plus rien. Tout cela pour dire qu’une des principales raisons de ces conflits reste le non-tracé des frontières entre les deux pays. Le président Sleiman avait remis cette urgence sur le tapis, mais Bachar el-Assad avait refusé que ce tracé commence par le Sud, par les zones hypersensibles de Chebaa, dont l’identité et la nationalité demeurent litigieuses ; le président syrien avait-il juste consenti à ce que ces frontières soient dessinées en commençant par le Nord... Autre refus, toujours selon les mêmes sources de sécurité : Damas n’avait pas envoyé ses soldats le long de la frontière avec le Liban, notamment dans la zone des fermes, rejetant le soutien de la Finul (sur la base de la résolution 1701 – et notamment du contingent allemand) et des caméras de surveillance tout au long de la frontière.


En un mot comme en cent : la Syrie paie aujourd’hui le prix de ses pirateries et de son entêtement.
Des sources de l’opposition se demandent alors si l’État, dans le cadre de sa politique constante de distanciation, va accélérer le déploiement de l’armée le long de la frontière avec l’aide de la Finul et du contingent allemand. Elles se demandent aussi si les autorités, à la nouvelle violation par la Syrie de la souveraineté du Liban, ne vont pas faire ce qu’elles ont à faire, à savoir adresser une plainte au Conseil de sécurité de l’ONU et à la Ligue arabe. Et que va faire l’État si l’opposition syrienne réussit à s’emparer des postes-frontières de la Békaa (Masnaa) et du Nord (Abdeh et Abboudieh) ?


Un ministre en exercice dit que toutes les factions politiques se doivent de soutenir le gouvernement dans sa détermination à la distanciation, dans le verbe et dans le fait, si elles veulent éviter au Liban des répercussions qui pourraient s’avérer mortelles.

La réaction du ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour à la demande du chef de l’État (remettre à l’ambassadeur de Syrie au Liban une lettre de protestation à l’adresse des autorités syriennes concernant les exactions du pouvoir de Damas en territoire libanais) a fortement surpris plus d’un observateur politico-diplomatique. Ils y ont vu un manquement flagrant aux us et...
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