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À La Une - Syrie

L'armée syrienne semble avoir repris le contrôle de la majorité de Damas

La Syrie rejette la proposition arabe sur le départ d'Assad; Poutine met en garde contre une guerre civile de longue durée.

Sur cette image diffusée par les militants du Shams News Network le 22 juillet 2012, le quartier de Midane, à Damas, après les combats entre rebelles et soldats. Reuters/Sham News Network/HO

L'armée syrienne semble avoir repris lundi le contrôle de la plus grande partie de Damas, à l'issue d'une semaine de violents combats, les rebelles se cantonnant désormais à une stratégie de harcèlement, a-t-on appris du côté des opposants de l'intérieur et des autorités.

 

"Malheureusement, l'armée du régime a repris le contrôle de la quasi-totalité de la capitale, il y a encore des accrochages à Qadam (sud) et Daraya (banlieue sud de Damas)", a affirmé à l'AFP un militant se présentant sous le nom d'Omar al-Qabouni. "Il reste encore des membres de l'Armée syrienne libre (ASL), mais ils se cachent désormais", a-t-il ajouté. L'ASL est principalement formée de déserteurs.

 

Selon la militante Lena al-Chami, qui habite Mazzé (ouest), il y a toujours des survols du quartier par des hélicoptères. "L'armée est présente dans toute la capitale, mais cela ne veut pas dire qu'elle contrôle la ville car l'ASL attaque les soldats", a-t-elle dit, en allusion à une stratégie de guérilla.

 

Selon un autre opposant basé à Damas et disant se nommer Ahmed al-Midani, joint pas Skype, "la bataille pour la libération de Damas se poursuit et il y a encore des combats dans plusieurs secteurs. C'était la première phase et une seconde va suivre avec des attaques qui vont frapper le régime".

 

Le régime, pour sa part, se montrait confiant dans sa capacité à rétablir son autorité. "Il se peut qu'il y ait encore un affrontement dans une rue ou une autre, un quartier ou un autre, mais nous pouvons rassurer toute le monde que la situation s'est nettement améliorée", a dit à la presse à Damas, le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères Jihad Makdessi. "Ce qui s'est passé à Damas était passager et cela ne durera pas plus que deux jours avant que les choses reviennent à la normale", a-t-il ajouté.

 

Une source de sécurité syrienne a confirmé la reprise de la capitale. "Le contrôle par l'armée est achevé mais maintenant il s'agit surtout de perquisitions, notamment à Kfar Soussé, à la recherches de terroristes cachés".

 

Selon Rami Abdel Rahmane, président l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), "les troupes régulières ont pris le contrôle de certaines régions mais dans d'autres secteurs les rebelles sont encore présents".

 

La situation semblait calme lundi à Damas par rapport aux jours précédents où était entendu le bruit de la canonnade et des armes automatiques, et les gens étaient plus nombreux dans les rues. Mais il était impossible de se faire une idée exacte de la situation en raison de la limitation du mouvement des journalistes.

 

Damas a, en outre, été le théâtre d'exactions. Au moins 23 personnes ont ainsi été "exécutées sommairement" par balles dimanche par les forces régulières durant des raids, certains portant des marques de torture, selon l'OSDH.

 

Seize hommes, en majorité âgés de moins de 30 ans, ont été abattus dans le quartier huppé de Mazzé, dans l'ouest de la capitale, durant des perquisitions, a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, sans être en mesure d'affirmer s'il s'agissait de civils ou de rebelles.

Sept autres ont été exécutés à Barzé (nord-est). L'OSDH décrit des victimes à la tête écrasée par des véhicules, les corps parfois transpercés par des baïonnettes ou les mains ligotées.

 

L'agence officielle Sana a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi que l'armée a "rétabli la sécurité dans les vergers de Razi dans le quartier de Mazzé en purifiant cette zone des groupes terroristes armés qui avaient terrifié les habitants et attaqué leurs maisons". Les forces armées ont effectué une "opération de qualité" dans les vergers de Razi, "encerclant et tuant de nombreux terroristes", a indiqué l'agence. Elles ont arrêté d'autres "terroristes" dans les canalisations d'égoûts où ils s'étaient cachés, selon Sana, qui ajoute que des bases de lance-roquettes mécaniques, des fusils, des mitrailleuses (BKC), des équipements de communication et des médicaments volés ont été saisis.

 

Les violences avaient fait 18 morts lundi en début d'après-midi selon un bilan provisoire de l'OSDH.

 

Plus tôt dans la journée, les comités locaux de coordination (LCC), qui organisent la contestation, avaient indiqué que des renforts militaires étaient arrivés à Damas, notamment une quinzaine de camions de transports de troupes et une cinquantaine de soldats dans le quartier de Midane, repris vendredi aux rebelles.

 

 

A Al-Bueda, les Syriens font la queue, le 23 juillet 2012, devant l’unique

boulangerie encore ouverte, pour se ravitailler. AFP /Antonio Pampliega

 

Selon un témoignage recueilli par Lorientlejour.com, avant de lancer une offensive contre un quartier, les forces gouvernementales suivent un protocole spécifique. Selon la source, qui a préféré garder l'anonymat pour des raisons de sécurité, avant de bombarder un quartier, les autorités conseillent aux résidents de quitter leur maison. Il n'est dès lors pas rare de voir, au milieu de la nuit, des files d'hommes, de femmes et d'enfants, portant leurs biens dans des sacs, marcher le long d'une autoroute. Toujours selon cette source, ces déplacés internes finissent par trouver refuge dans des mosquées, des écoles ou des parcs publics. Ils ne bénéficieraient en outre d'aucune aide de la part du gouvernement.

 

Des affrontements violents opposaient en revanche toujours soldats et rebelles à Alep, dans le nord de la Syrie, selon des militants.

Dans la capitale économique du pays où les rebelles ont décrété dimanche la mobilisation générale, des combats intenses se déroulent dans les quartiers de Sahour (est) et Hanano City (est), selon la même source.

"Il y a un grand mouvement d'exode dans Hanano City, al-Haïdariyé et Sakhour", indique l'OSDH.

 

Homs, ville symbole de la contestation, et Rastane, dans la même province du centre du pays, ont également été les cibles de bombardements, notamment par des hélicoptères, selon des militants. Le colonel Kassem Saadeddine, porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL) à l'intérieur du pays, a indiqué à l'AFP que l'armée avait déployé 60 chars sur la route entre Homs (centre), ville-symbole de la contestation, et Hama, pour déloger les rebelles.

 

L’église Im Al-Zinar, à Bustan al-Diwan, dans la région de Homs,

endommagée par les combats entre rebelles et forces du régime. Reuters/Yazen Homsy

 

 

Inquiétudes aux frontières

 

La situation aux frontières de la Syrie, dont les points d'entrée sont disputés entre l'armée et les groupes rebelles, suscitait également l'inquiétude dans les pays voisins, à l'instar d'Israël - qui craint que des armes chimiques syriennes tombent aux mains du Hezbollah -, ou de la Jordanie qui veut empêcher "toute sorte d'infiltrations" sur son territoire.

 

La présidence américaine a elle mis en garde Damas sur son arsenal d'armes chimiques, estimant que les membres du régime devraient rendre des comptes s'ils n'en assuraient pas la sécurité.

 

La Turquie, qui accueille des dizaines de milliers de réfugiés, a renforcé son dispositif le long de la frontière en déployant des batteries de missiles sol-air à Mardin (sud-est). Les rebelles contrôlent un poste-frontière vital avec l'Irak, et trois avec la Turquie.

 

 

Le régime "ne se rendra pas facilement"

 

Dans ce contexte, le porte-parole du Conseil national syrien (CNS), principal instance de l'opposition syrienne, a souligné, lundi, que si le régime du président syrien Bachar el-Assad "vacille", il "ne se rendra pas facilement".

 

"Ce qui se passe à Damas et Alep et d'autres villes syriennes depuis plusieurs jours constitue une étape cruciale pour établir une nouvelle phase de l'histoire de notre pays, et de la région aussi", a déclaré George Sabra dans un communiqué du CNS. "C'est un message de la révolution au peuple pour dire très clairement que le régime va vers une fin inévitable", ajoute M. Sabra.

 

"Les criminels (le régime syrien, NDLR) envisagent encore un cycle de violences sanglantes", car "le régime vacille mais ne saurait se rendre facilement", souligne le CNS. "Tous les Syriens (...) doivent être conscients de ce fait", explique l'opposant historique appelant l'ASL à tout faire pour assurer "la sécurité, la liberté et la dignité" des civils.

 

 

Le Qatar appelle Assad à prendre une décision "courageuse"

 

La Syrie a d'ailleurs, sans surprise, rejeté la proposition des pays arabes d'un départ négocié du président Assad.

 

Les pays de la Ligue arabe ont en effet pressé, dimanche soir, Bachar el-Assad de renoncer rapidement au pouvoir pour s'offrir une sortie "sûre" du pays.

 

Dans leur communiqué final publié dans la nuit de dimanche à lundi, les ministres des Affaires étrangères des pays de la Ligue ont appelé M. Assad à "renoncer au pouvoir", l'assurant que "la Ligue arabe contribuera à lui assurer et à sa famille une sortie sûre". Cette initiative est destinée à "mettre fin à l'effusion du sang", "préserver l'unité de la Syrie" et "garantir une transition pacifique du pouvoir" dans ce pays, membre de la Ligue arabe, selon le texte.

 

Le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassam Al-Thani, a déclaré aux journalistes qu'"il y a une entente sur une démission rapide du président Bachar el-Assad pour une sortie sûre", en rendant compte des travaux du Comité ministériel arabe chargé de la crise syrienne, suivie de la réunion ministérielle des pays de la Ligue arabe,

 

Il a ajouté que les ministres avaient appelé l'opposition et l'Armé syrienne libre (ASL), formée de déserteurs et de civils armés, à mettre en place un gouvernement de transition. "L'opposition et l'ASL sont appelées à former un gouvernement d'unité nationale", a-t-il dit.

 

Ils ont en outre appelé l'ONU à modifier le mandat de l'émissaire international en Syrie Kofi Annan pour que sa mission soit axée sur le départ de Bachar el-Assad et une transition pacifique du pouvoir, selon le texte.

 

Le Premier ministre du Qatar et le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi ont été chargés de se rendre à Moscou et à Pékin pour exposer les conclusions de la réunion de Doha aux dirigeants de Russie et de Chine, alliées de Damas, qui ont usé de leur veto au Conseil de sécurité de l'ONU à trois reprises pour bloquer des résolutions prévoyant des sanctions contre le régime de Bachar al-Assad.

 

Cheikh Hamad a exhorté le président Assad a prendre une décision "courageuse" pour sauver son pays. "Il peut arrêter les destructions et les tueries en prenant une décision courageuse", a-t-il martelé, indiquant qu'un seul pays de la Ligue arabe, qu'il n'a pas nommé, avait émis des réserves sur le communiqué final.

 

Le président russe, Vladimir Poutine, a, pour sa part, mis en garde lundi contre une guerre civile de longue durée en Syrie dans l'hypothèse où le président Bachar el-Assad était destitué du pouvoir de manière "inconstitutionnelle".

 

Sur cette image prise d'une vidéo YouTube, un combattant

rebelle à Alep, deuxième ville de Syrie, le 23 juillet 2012. AFP/YOUTUBE

 

Sanctions européennes

 

Parallèlement, une source diplomatique a affirmé à l'AFP que l’Union européenne a décidé lundi de renforcer ses sanctions contre le pouvoir en Syrie et les contrôles de l'embargo sur les armes afin d'augmenter la pression contre le régime de Assad.

Un accord a été trouvé au début d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles pour ajouter 26 personnes et trois nouvelles entités à la liste noire de l'UE et de renforcer l'embargo sur les armes par des contrôles renforcés, a précisé cette source. L'accord doit encore être officiellement entériné par les ministres.

 

"Nous allons interdire à la compagnie aérienne syrienne d'atterrir en Europe et nous allons inscrire de nouvelles personnes sur la liste des sanctions", a indiqué le chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean Asselborn à son arrivée.

 

Jean Asselborn s'est en revanche déclaré opposé à la fourniture d'armes à l'opposition. "Je suis contre car cela va prolonger le conflit", a-t-il soutenu. "Une intervention militaire (étrangère) n'est pas possible et cela donne un avantage à Bachar el-Assad, car il peut foncer, mais j'espère que cela ne durera pas longtemps", a poursuivi le chef de la diplomatie du Luxembourg.

 

 

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L'armée syrienne semble avoir repris lundi le contrôle de la plus grande partie de Damas, à l'issue d'une semaine de violents combats, les rebelles se cantonnant désormais à une stratégie de harcèlement, a-t-on appris du côté des opposants de l'intérieur et des autorités.
 
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commentaires (5)

Le régime Syrien, ce n'est pas seulement Monsieur Bachar. Cet homme défend l'intégrité et souveraineté de son pays, duquel il est le président élu, un tas de loups connus pour leur cruauté dans la traite des nègres, des colonisations sans pitié (je pense entre autre à l'Algérie et puis...comment ne pas soutenir les sionistes!?), la ruse, auxquels viennent s'ajouter les nouveaux chameliers obscurantistes mais néanmoins riches en hydrocarbures pour lesquelles ils n'ont aucun mérite car enfuis sous le sable depuis des centaines de milliers d'années du désert arabique, ainsi que leurs bataillons de furieux et fanatiques fantassins islamistes au cri d'allahouakbar. A ma connaissance de l'histoire, Hitler envahissait et soumettait les autres pays pour étendre son pouvoir. Réfléchissons 2 secondes: qui ressemble à Hitler de nos jours sur la planète?? merci!

Ali Farhat

17 h 28, le 24 juillet 2012

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Commentaires (5)

  • Le régime Syrien, ce n'est pas seulement Monsieur Bachar. Cet homme défend l'intégrité et souveraineté de son pays, duquel il est le président élu, un tas de loups connus pour leur cruauté dans la traite des nègres, des colonisations sans pitié (je pense entre autre à l'Algérie et puis...comment ne pas soutenir les sionistes!?), la ruse, auxquels viennent s'ajouter les nouveaux chameliers obscurantistes mais néanmoins riches en hydrocarbures pour lesquelles ils n'ont aucun mérite car enfuis sous le sable depuis des centaines de milliers d'années du désert arabique, ainsi que leurs bataillons de furieux et fanatiques fantassins islamistes au cri d'allahouakbar. A ma connaissance de l'histoire, Hitler envahissait et soumettait les autres pays pour étendre son pouvoir. Réfléchissons 2 secondes: qui ressemble à Hitler de nos jours sur la planète?? merci!

    Ali Farhat

    17 h 28, le 24 juillet 2012

  • Qu'ils prennent le contrôle ou non, c'est finis. Il va finir par tomber, ça c'est sûre du au nombre de défections par jours. Il n'y a pas un tyran dans l'histoire qui a duré... depuis Adolf Hitler jusqu'à Kadhafi. Où étaient-ils ces « minorités » quand leur papa régime bombardait les chrétiens au Liban ? que ça leur sert de leçon pour avoir tant utilisé la même façon contre les libanais. Continuez à élire le CPL mes chers libanais !!! il faut faire la guerre à l'occident !!! AL MAWT LI AMRIKAAAAA

    Élie Khoueiry

    14 h 46, le 23 juillet 2012

  • oups,j'avais pas fini....en fait,le copié/collé ne peut pas marcher pour la Syrie...tous les Lybiens sont sunnites....la Syrie est un patchwork...la Lybie n'avait pas d'alliés à proximité....le régime syrien en a...la Lybie ne bénéficiait pas de la protection de l'URSS,pardon de la Russie,le régime syrien en bénéficie...etc...et l'attaque contre Alep est pire qu'un crime,c'est une erreur...une grave erreur...elle va radicaliser les positions et pousser les "minorités"(quel mot idiot) dans les bras du régime...bravo les gars...continuez comme çà...et surtout criez Allah Akbar à chaque fois que vous déchirerez un portrait de Assad...c'est bon pour votre image,çà....

    GEDEON Christian

    13 h 19, le 23 juillet 2012

  • Mais on s'attendait à quoi?A ce que M.Assad baisse culotte et s'en aille comme çà???et on pensait quoi,que tout le peuple syrien uni allit se soulever contre lui???la vérité est qu'on est dans le fifty/fifty,en quelque sorte...et que cette sale guerre civile va être longue et atroce...les petits cons qui croyaient pouvoir réediter un scénario à la lybienne se sont conduits comme des irresponsables...les massacres lybiens,conclus par l'intervetion des troupes spéciales de certains(à la libanaise) pays à Syrte ne peuvent pa

    GEDEON Christian

    13 h 14, le 23 juillet 2012

  • La révolution tant souhaitée actuellement par l' occident n'a jamais amené que des régimes totalitaires plus durs que ceux qu'elle cherchait à renverser. La preuve regardons les nouveaux printemps arabes . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    08 h 43, le 23 juillet 2012

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