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À La Une - crise

Résolution sur la Syrie : Moscou brandit une nouvelle fois la menace du veto

Le général dissident Tlass en contact avec l'opposition ; la défection de l'ambassadeur syrien à Bagdad, un "nouveau signe de désespoir", selon Washington.

Une manifestation anti-régime à Kfar Sousa, en Syrie, le 10 juillet. Photo publiée par Shaam News Network/

La Syrie a confirmé jeudi la première défection de l'un de ses ambassadeurs, mais le régime de Damas a reçu de nouveau le soutien de la Russie, qui a rejeté un projet de résolution déposé à l'ONU.

 

L'ambassadeur syrien à Bagdad Nawaf Farès a quitté la capitale irakienne et se trouve désormais au Qatar, a indiqué Hoshyar Zebari, le chef de la diplomatie irakienne.

 

Nommé à son poste le 16 septembre 2008, après une rupture des relations diplomatiques de près de trente ans entre Damas et Bagdad, M. Farès avait annoncé mercredi sa défection et son retrait des rangs du parti Baas (au pouvoir en Syrie), appelant l'armée à "rejoindre immédiatement les rangs de la révolution", dans un communiqué diffusé par la chaîne de télévision du Qatar Al-Jazira.


(Voir la bio de Nawaf Farès, un dur du régime dont les militants se méfient, en cliquant ici)

 

Dans la foulée, Damas l'a "limogé" et a menacé de le traduire en justice pour ses propos.

 

Commentant cette défection, le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a estimé de son côté qu'il y avait tous les jours "de plus en plus d'indices du fait qu'Assad est en train de perdre son emprise".

 

Cette défection porte un nouveau coup au régime syrien, quelques jours après celle de Manaf Tlass, un général proche du président Assad.

 

Sur ce dossier, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a indiqué que le général Tlass était proche de l'opposition syrienne avec laquelle il est entré en contact. "Je sais qu'il y a une proximité entre l'opposition et ce général (...); des contacts ont été pris en ce sens", a dit le ministre, sans confirmer que Manaf Tlass se trouve actuellement à Paris.

 

Sur le plan diplomatique, la Russie, soutien indéfectible du régime de Damas, a qualifié d'"inacceptable" le projet de résolution sur la Syrie déposé mercredi à l'ONU par les Occidentaux, menaçant d'y mettre son veto s'il était soumis au vote du Conseil de sécurité jeudi.
"Dans son ensemble, leur projet n'est pas équilibré", seul le gouvernement syrien se voyant imposer des "obligations", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, cité par l'agence de presse Interfax. Mais si les occidentaux décident de présenter le texte "tout en sachant que pour nous son contenu est inacceptable, nous ne permettrons pas son adoption", a encore dit M. Gatilov.

 

De l'autre côté, les Etats-Unis ont menacé de ne pas prolonger le mandat de la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus) si le Conseil n'utilisait pas les sanctions comme moyen de pression sur Bachar el-Assad, selon des diplomates.

Dans leur texte, Européens et Américains donnent dix jours à Damas pour retirer ses troupes et armes lourdes des villes rebelles, sous peine de sanctions économiques.

Cette résolution, préparée par les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, fait référence à l'article 41 de la charte de l'ONU, qui prévoit des sanctions diplomatiques et économiques, comme un embargo, pour faire plier un pays récalcitrant, mais pas une intervention militaire.

Moscou et Pékin ont déjà utilisé deux fois leur droit de veto pour bloquer des résolutions occidentales menaçant leur allié syrien de sanctions.

 

Sur le terrain, les violences ont encore causé la mort d'au moins 69 personnes, dont dix sept lors d'une violente attaque contre un village de la région de Hama (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Dans la région de Hama, "les forces du régime ont bombardé Treimsa avec des chars et des hélicoptères", causant la mort de 17 martyrs et faisant de nombreux blessés, a affirmé l'OSDH, en précisant qu'à l'issue de combats elles avaient pénétré dans la localité.

Selon un militant de Hama, qui affirme s'appeler Abou Ghazi, "l'école du village est totalement détruite par les bombardements".

 

Les forces de sécurité syriennes ont par ailleurs tiré jeudi pour la première fois des obus de mortier sur un faubourg de Damas, rapportent des opposants.

Illustrant le niveau de violences, l’organisation Human Right Watch (HRW) a accusé jeudi les forces loyales à Bachar el-Assad d'utiliser des bombes à sous-munitions de fabrication soviétique dans la région montagneuse de Hama, en rébellion contre le régime.

 
La Syrie n'a pas ratifié la Convention sur les armes à sous-munitions qui interdit totalement l'emploi, la production, le stockage et le transfert de cette catégorie d'armes et prévoit leur enlèvement et leur destruction.  Le texte de la Convention a été adopté par 107 États le 30 mai 2008 à Dublin (Irlande).

 

L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a pour sa part condamné l'assassinat de deux journalistes-citoyens. Suhaib Dib, un lycéen, a été victime le 4 juillet d'un assassinat ciblé par les forces de l'ordre à Al-Meliha (banlieue de Damas), et Omar Al-Ghantawi a été tué le 21 juin par un sniper à Homs (centre), selon l'ONG.
RSF a en outre appelé à la libération de tous les journalistes emprisonnés en Syrie.

 

A Damas, l'écrivain Louaï Hussein, président du courant d'opposition "La construction de l'Etat", créé en septembre 2011, a appelé à une conférence le 28 juillet dans la capitale syrienne pour "arrêter la violence, mettre fin à la tyrannie et discuter d'une transition pacifique".
Il a indiqué que sont conviées toutes "les forces qui veulent changer le régime pacifiquement et qui n'acceptent ni les réformes proposées par le régime ni l'usage de la force". Il a précisé que "ni l'Etat, ni le Conseil national syrien (CNS, regroupant la majorité de l'opposition) n'étaient conviés".

 

La répression du mouvement populaire et les combats en Syrie ont fait plus de 17.000 morts depuis mars 2011, d'après une ONG syrienne.

 

Sur un autre plan, l'armée turque a annoncé ne pas avoir trouvé de traces d'explosifs sur son avion de chasse que la Syrie a déclaré avoir abattu, provoquant une confusion et engendrant des questions jeudi dans la presse turque sur la façon dont s'est produit l'incident.

 

 

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