C’est donc hier dans la matinée que le gouvernement a finalement approuvé le projet de budget 2012, après avoir examiné une étude juridique mise en place par le ministre d’État, Nicolas Fattouch. Si cette année, le projet n’avait toujours pas été approuvé, c’était entre autres parce que les débats interminables sur le financement du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) allaient bon train. Le cabinet a finalement approuvé le financement du Tribunal spécial pour le Liban en dehors du budget national. Rappelons que fin 2011, la question du financement du tribunal international en charge du dossier de l’assassinat de Rafic Hariri avait menacé de provoquer la chute du gouvernement, dominé par le Hezbollah et ses alliés. Le parti chiite, dont quatre membres ont été accusés par le TSL, avait alors réclamé la fin de la coopération avec le tribunal et refusé que le Liban verse sa contribution.
Dans les détails, en novembre dernier, le Premier ministre Nagib Mikati avait annoncé avoir transféré la part du Liban dans le financement du TSL pour 2011 (32 millions de dollars), un geste alors salué par Washington et Paris. Hier, c’est de nouveau le Premier ministre Mikati qui a indiqué à l’issue du Conseil des ministres que « le Liban a payé ce matin sa part pour 2012 dans le financement du TSL, en dehors du budget national ». Il n’a précisé ni le montant ni l’origine de ce financement. Un responsable du bureau du Premier ministre a toutefois affirmé que le Liban avait ainsi « respecté ses obligations internationales ». « Ce matin, le gouvernement du Liban a transféré le montant de 26 927 270 euros, soit 49 % du budget de l’institution, sur le compte en banque du tribunal », a-t-il indiqué dans un communiqué. Le TSL a quant à lui confirmé avoir reçu la contribution du Liban.
En 2011, l’Association des banques du Liban (ABL) avait annoncé avoir pris en charge la contribution de l’État pour le TSL. En raison de l’opposition du parti chiite, l’argent avait été retiré in extremis d’un fonds rattaché au bureau du Premier ministre chargé des aides en cas d’urgence et non du budget national, pour éviter que la question soit soulevée en Conseil de ministres.
Notons que les ministres Sélim Karam et Fayez Ghosn (bloc Frangié) se sont retirés de la séance ministérielle. Dans un entretien accordé à la chaîne du Hezbollah al-Manar, le ministre Karam a expliqué avoir pris cette décision parce que le gouvernement « adopte des projets existentiels sans discussions sérieuses ».