De sa détermination meurtrière et de son absence de remords, Mohamed Merah n'a rien caché durant le siège de son appartement toulousain, selon les extraits des négociations avec la police dont la diffusion dimanche dernier par la chaîne TF1 a suscité la fureur des proches des victimes.
Le document commence quand la voix de Merah s'élève le 21 mars au matin, quelques heures après l'échec du premier assaut du Raid. "Je suis quelqu'un de déterminé, je n'ai pas fait ça pour me laisser faire attraper, t'as vu", "Donc voilà, sachez qu'en face de vous, vous avez un homme qui n'a pas peur de la mort, moi la mort, je l'aime comme vous vous aimez la vie."
Derrière la pointe d'accent méridional du "tueur au scooter" qui a abattu sept personnes les dix jours précédents, le ton est calme, posé. Amusé même quand il explique qu'il ne peut faire cuire son repas, son micro-ondes étant criblé de balles.
Dans les 32 heures du siège, Merah raconte ses contacts avec el-Qaëda, décrit les actions qu'il envisageait ou son style de vie "fashion": "Oui, je vais en boîte (...), je m'habillais d'une certaine façon, qui montre que j'ai pas le profil de quelqu'un qui fait partie d'el-Qaëda (...) J'avais fait une vraie coupe +fashion+, j'avais fait la crête, les cheveux longs, en arrière, dégradé espagnol sur le côté, tribal. J'ai fait tout ça, j'avais fait blond. Al Hamdoulillah, ça fait partie de la ruse, tu vois. Car la guerre est une ruse."
"Je travaille avec el-Qaëda, j'ai des supérieurs, je suis pas tout seul (...) Je suis certes tout seul en France, j'opère tout seul, mais voilà j'ai été envoyé par el-Qaëda, j'ai été entraîné par des talibans pakistanais, il y a toute une organisation derrière tout ça." "On m'a proposé de faire les bombes, j'ai pas voulu (...) Moi je leur ai dit +Entraînez-moi que avec les pistolets+".
Le négociateur, "Hassan", est l'agent de la DCRI qui l'a rencontré de retour de son voyage au Pakistan. Il lui explique les assassinats de trois parachutistes à Toulouse et Montauban puis de trois enfants et d'un père de famille juifs.
"Mon but dans ces attentats, c'était de tuer en priorité des militaires parce que ces militaires-là sont engagés en Afghanistan, et tous leurs alliés t'as vu, que ce soit de la police, de la gendarmerie, de la police nationale, de tout", dit-il.
Il raconte comment ayant raté une cible, un autre militaire, il s'est rabattu sur l'école juive Ozar Hatorah. Il dit: "J'ai repris le scooter et je suis passé comme ça, ce n'était pas prémédité, enfin si, je comptais le faire, t'as vu, mais le matin en me réveillant c'était pas mon objectif."
Merah narre ses périples. "Tu crois que je vais faire du tourisme au Pakistan et en Afghanistan?", ironise-t-il. Les camps d'entraînement du Pakistan ? "Il y a des Français, il y a des Chinois, il y a des Tadjiks, des Afghans, des Pakistanais, des Américains, des Allemands, des Espagnols, il y a tout (...)"
"0n m'a proposé des attaques en Amérique, au Canada, etc. Et moi je leur ai dit que comme j'étais Français, c'est plus facile pour moi et plus simple d'attaquer la France." Parmi les cibles envisagées, "des personnes connues". "C'était des personnes importantes, tuer certains diplomates (...) Comme l'ambassadeur de l'Inde, ou l'ambassadrice (...) ou encore des chefs de presse de certains pays."
Merah expliquera qu'il était prêt à de nouveaux carnages. Il savait qu'un jour "ça allait être vraiment chaud pour moi, qu'il y allait avoir des barrages, tout ça." Alors, "j'aurais tout fait au culot, je serais entré dans les commissariats, j'aurais abattu le policier qui est à l'accueil, j'aurais abattu des gens dans la rue, des gendarmes qui circulent en voiture, aux feux rouges, j'aurais mis des guet-apens."
"J'allais faire tout au hasard et sans aucune préparation", ajoute-t-il. Dans la nuit du 21 au 22 mars, Merah dit qu'il ne se rendra finalement pas. "J'ai décidé de ne plus me rendre. Je peux pas, wallah, je peux pas. Ça va en contradiction avec tout ce que je fais, et je ne peux pas me livrer comme ça." "Je ne peux pas me livrer comme ça, tu vois, en caleçon, déposer les armes et me rendre, t'as vu, je peux pas (...) Comme j'ai dit, j'ai pas peur de la mort, sinon j'aurais pas fait tout ça."
Les négociateurs ne lui permettent pas de parler à sa mère. Il mourra dans l'assaut du Raid.
La diffusion de cet enregistrement dans l'émission "Sept à Huit" a suscité la colère des familles, "scandalisées", qui vont saisir la justice en urgence pour faire interdire sa diffusion sur Internet.
Le parquet de Paris a lancé une enquête préliminaire pour violation du secret de l'instruction et une enquête administrative a été confiée à la "police des polices" pour trouver la fuite d'un document dont les familles et leurs avocats n'ont pas eu connaissance.
Mardi, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a adressé une simple "mise en garde" à TF1 pour avoir diffusé ces enregistrements.
Le document commence quand la voix de Merah s'élève le 21 mars au matin, quelques heures...
commentaires (7)
au-delà du côté horrible du personnage,la question de son financement et de sa formation(si j'ose) est plus que pertinente...quequefois,les choses ne sont pas ce qu'elles paraissent être..
GEDEON Christian
04 h 47, le 12 juillet 2012