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À La Une - Transition

Egypte : Après s'être arrogée les pouvoirs législatifs, l'armée promet de remettre le pouvoir au président avant juillet

Les Frères musulmans revendiquent la victoire, Chafiq aussi...

Sur la place Tahrir, au Caire, une femme passe devant un graffiti qui signifie "Président de demain", le 18 juin 2012, au lendemain du second tour de la première présidentielle égyptienne de l'ère post-Moubarak. REUTERS/Amr Abdallah Dalsh

Après avoir publié un décret, dimanche soir, prévoyant le transfert du pouvoir législatif à l'armée, cette dernière a promis, lundi, de remettre avant le 30 juin le pouvoir au nouveau chef de l'Etat issu de l'élection présidentielle dont le second tour s'est tenu samedi et dimanche.

 

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) va transférer le pouvoir au nouveau président "d'ici le 30 juin", a assuré un général au cours d'une conférence de presse. Un autre général au pouvoir, Mohammed al-Assar, a affirmé que le nouveau chef de l'Etat jouirait des pleins pouvoirs présidentiels.

 

"Le président de la République sera investi de tous les pouvoirs du président de la République", a dit le général Assar à la même conférence de presse.

 

C’est le candidat des Frères musulmans Mohammed Morsi qui a revendiqué lundi la victoire à l'élection présidentielle. Son rival Ahmad Chafiq, le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, a assuré pour sa part que des résultats encore provisoires le plaçaient en tête lors de ce scrutin qui s'est achevé dimanche soir.

 

La victoire de M. Morsi, si elle est confirmée, porterait pour la première fois un islamiste à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe, avec près de 82 millions d'habitants. Cette présidentielle était la première depuis la chute en février 2011 de Hosni Moubarak sous la pression d'une révolte populaire.

 

Le futur président, quel qu'il soit, disposera toutefois d'une marge de manœuvre très réduite face à la junte aux commandes du pays depuis la chute de M. Moubarak, qui s'est attribuée de vastes pouvoirs peu avant la fermeture des bureaux de vote.

 

Dimanche soir, le CSFA a en effet annoncé dans une Déclaration constitutionnelle amendée qu'il exercerait le pouvoir législatif jusqu'à l'élection d'une nouvelle Assemblée du peuple, à une date non précisée. La chambre des députés, dominée par les Frères musulmans, a été dissoute samedi en application d'un arrêt de la Haute cour constitutionnelle pour un vice juridique dans la loi électorale.

 

Le nouveau scrutin ne pourra toutefois pas avoir lieu avant l'adoption d'une nouvelle Constitution, qui devra être rédigée par une commission "représentant tous les segments de la société" puis approuvée par référendum, précise le texte. Le CSFA s'est cependant accordé un droit de veto sur tout article qu'il estimerait "contraire aux intérêts suprêmes du pays". La Déclaration stipule aussi que le CSFA garde la haute main sur "tout ce qui relève des forces armées".

 

"L'armée remet le pouvoir à l'armée", ironisait le quotidien indépendant al-Masri al-Youm, en allusion à la promesse du Conseil suprême des forces armées (CSFA) de remettre les rênes du pays au premier président égyptien librement élu.

"Un président sans pouvoirs", titrait un autre journal indépendant, al-Chorouq.

 

La Coalition des jeunes de la révolution, qui regroupe plusieurs mouvements à l'origine de la révolte anti-Moubarak, a dénoncé un "coup" des militaires. "Le Conseil militaire, par ce coup anticonstitutionnel, s'est octroyé des pouvoirs sans précédent. Il ne reconnaît pas et ne reconnaîtra jamais une volonté populaire qui puisse le contredire", écrivent ces militants pro-démocratie dans un communiqué.

 

Le Pentagone s'est, de son côté, dit "profondément inquiet" par les vastes prérogatives, dont le pouvoir législatif, que s'est attribuée dimanche soir la junte militaire en Egypte. "Nous sommes profondément inquiets par la déclaration sur de nouveaux amendements à la constitution, y compris par le moment (choisi pour) cette annonce alors que les bureaux de vote fermaient", a déclaré lundi le porte-parole du ministère américain de la Défense, George Little.

 

Parallèlement, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans, présidé par M. Morsi, a proclamé sur son compte Twitter : "Le docteur Mohammed Morsi est le premier président de la république élu par le peuple". Sa campagne a ensuite annoncé que M. Morsi avait obtenu 52% des voix contre 48% pour M. Chafiq, un chiffre non encore officiel mais repris par la télévision d'Etat.

 

Cette annonce a aussitôt été rejetée par le camp de M. Chafiq, général à la retraite considéré comme le candidat de l'armée. "Nous la rejetons totalement", a déclaré un responsable de la campagne de M. Chafiq, Mahmoud Barakeh, qui a accusé les islamistes de chercher à "détourner le résultat de l'élection". Selon son entourage, M. Chafiq aurait recueilli 51,6% des voix sur la base de résultats partiels.

 

M. Morsi s'est engagé dans une allocution à travailler "main dans la main avec les Egyptiens pour un avenir meilleur, pour la liberté, la démocratie et la paix". Il a aussi promis de "servir tous les Egyptiens" quelles que soient leur obédience politique ou religieuse.

 

Les résultats officiels doivent être annoncés jeudi par la Commission électorale.

 

Peu après l'annonce du PLJ, des centaines de partisans de M. Morsi ont afflué sur l'emblématique place Tahrir, épicentre de la révolte de janvier/février 2011, pour fêter la "victoire" de leur candidat.

 

En ce qui concerne l'ancien président, Hosni Moubarak, 84 ans, il est détenu dans une aile médicalisée de la prison de Tora, au sud du Caire, après sa condamnation le 2 juin à la perpétuité pour son rôle dans la répression de la révolte de 2011.

Après avoir publié un décret, dimanche soir, prévoyant le transfert du pouvoir législatif à l'armée, cette dernière a promis, lundi, de remettre avant le 30 juin le pouvoir au nouveau chef de l'Etat issu de l'élection présidentielle dont le second tour s'est tenu samedi et dimanche.
 
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) va transférer le pouvoir au nouveau...

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