Le Liban a rapatrié mardi quelque 300 Syriens, en coordination avec le régime de Damas, alors que la campagne réclamant le départ des réfugiés syriens s'intensifie dans le pays, a constaté un photographe de l'AFP.

Tôt mardi matin, des cars et des camionnettes se sont rassemblés dans la région de Ersal, dans l'est du Liban, pour acheminer les réfugiés vers la frontière proche.

L'agence de presse officielle ANI a indiqué qu'environ 330 réfugiés syriens étaient concernés par l'opération de mardi. 

"Je rentre seul pour le moment, pour préparer le retour de ma famille", a affirmé à l'AFP un homme de 57 ans qui n'a pas voulu donner son nom. "Je suis heureux de rentrer dans mon pays après dix ans" d'exil, a-t-il ajouté.

L'agence officielle syrienne Sana a confirmé le retour de ces réfugiés par deux postes-frontières avec le Liban.

Le Liban, englué dans une profonde crise économique depuis 2019, dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens depuis le début de la guerre civile dans leur pays en 2011, soit le plus important ratio par habitant au monde.

Certains hommes politiques libanais tiennent les Syriens pour responsables de l'aggravation de la situation au Liban, et la pression monte à l'approche d'une conférence annuelle sur la Syrie prévue à Bruxelles le 27 mai.

Le Liban avait commencé en 2017 à rapatrier au compte-gouttes des réfugiés syriens, sur la base de listes nominatives transmises au régime syrien. La dernière opération de "retour volontaire" avait eu lieu en octobre 2022. 

Les défenseurs des droits humains mettent en avant le risque de possibles arrestations arbitraires et actes de torture à leur retour.

Début mai, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait annoncé à Beyrouth une aide d'un milliard d'euros, notamment pour lutter contre l'immigration clandestine.

Les migrants, demandeurs d'asile et réfugiés qui quittent le Liban par bateau se dirigent souvent vers Chypre, le pays de l'UE le plus proche des côtes du Moyen-Orient.

De janvier à avril 2024, plus de 40 bateaux transportant environ 2.500 personnes ont accosté à Chypre, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

De nombreux dirigeants libanais ont critiqué l'aide européenne estimant qu'elle vise à maintenir les Syriens au Liban.

Lundi soir, le chef du puissant Hezbollah, Hassan Nasrallah, a exhorté les autorités libanaises à "ouvrir la mer" aux bateaux de migrants pour faire pression sur l'Europe.

D'autres responsables ont appelé au retour pur et simple des réfugiés dans leur pays détruit par la guerre, qui a fait plus d'un demi-million de morts et des millions de déplacés.

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