Parlons cinéma

« Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d’autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout » – Jean-Luc Godard.
Oui parlons cinéma. Non de celui qui fait le buzz, des scandales ou la une des journaux. Non de celui qui profite des censures pour relancer une programmation. Non plus de celui qui se fabrique pour projeter tel ou tel acteur au-devant de la scène ou pour plaire à un contexte précis ou encore pour rapporter des millions. Parlons de ce cinéma, de cette « bulle » qu’a décrite Bérénice Béjo, maîtresse de cérémonie au 65e Festival de Cannes. De cette bulle magique qui enchante, étonne, éblouit, ravit les sens et transforme l’esprit. De cet état second dans lequel les spectateurs sont plongés durant deux heures. De ce lien qui les unit dans cet obscur noir des salles. Parlons oui, parlons de ce silence qu’impose un film, de ce respect pour l’art filmique. Et enfin de toute cette démarche qui a abouti à ces minutes de magie : longs moments de réflexion, de batailles en soi ou avec les autres, isolement, quête du personnage absolu, du comédien « juste » qui serait capable d’être le médium parfait, et enfin formation de l’équipe : techniciens, techniciennes, monteurs, monteuses, habilleurs, habilleuses. Tout ce petit monde qui gravitera autour du tandem metteur en scène, cogiteur, créateur et du producteur afin de donner des jours, des mois ou des années après l’« absolute » œuvre.
Pour que... Pour que... Pour qu’une foule de spectateurs cultivés ou incultes, pauvres ou riches, de toutes nationalités, s’engouffrent dans une salle et savourent un moment de solitude car « la solitude n’est pas l’isolement. On est toujours deux en un. Il y a les autres en soi », comme dirait Jean-Luc Godard.
Devant le grand écran où est projeté un film, il y a tous les présents en soi. Tous ceux qui aiment ou qui n’aiment pas, mais qui sont là non pour assister à un spectacle seulement, mais pour partager un moment unique.