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À La Une - Attaque

L'Italie sous le choc après un attentat contre un lycée

Une adolescente tuée ; les motifs toujours inexpliqués, l'hypothèse "la plus probable" est celle d'un "acte isolé".

L'engin a explosé samedi vers 7h45, au moment où les élèves arrivaient pour les cours au lycée professionnel Morvillo-Falcone, en Italie. DONATO FASANO /

L'Italie était sous le choc samedi après un attentat devant un lycée à Brindisi, dans le sud, ayant provoqué la mort d'une adolescente, une attaque aux motifs toujours inexpliqués.


L'engin de fabrication artisanale a explosé vers 7h45 (5h45 GMT) au moment où les élèves arrivaient pour les cours du samedi matin, au lycée professionnel Morvillo-Falcone, du nom du magistrat sicilien Giovanni Falcone et de son épouse Francesca Morvillo.


Rapidement secourue, Melissa, une lycéenne de 16 ans, fille unique d'un ouvrier, a succombé à ses blessures à l'hôpital tandis qu'une camarade du même âge, Veronica, après avoir subi une délicate intervention chirurgicale au thorax était dans un état qualifié de très grave.

A part Veronica, trois lycéennes souffrent de brûlures plus ou moins profondes et une autre de lésions provoquées par les débris reçus aux membres inférieurs, selon les autorités sanitaires locales.


Selon les premières informations, la bombe fabriquée avec trois bonbonnes de gaz reliées entre elles, avait été déposée sur un muret de ce lycée de 600 élèves, qui forme aux métiers de la mode et du tourisme, surtout fréquenté par des jeunes filles.


"Il y avait une énorme fumée noire, des débris partout, des cris déchirants, on avait l'impression d'être à Kaboul ou à Bagdad", a confié à l'AFP Corradino De Paolis, un curieux arrivé devant le lycée de Brindisi aussitôt après l'attentat.

Passé le périmètre de sécurité, des cahiers et des bouteilles vides jonchent le sol, près du muret noirci par l'explosion, tandis que s'affairent des policiers en combinaison blanche pour relever des indices.

 

"Je dois hélas rappeler (le souvenir, ndlr) les jeunes filles et les jeunes gens de l'école de Brindisi, touchés hier par un vil attentat", a dit le pape lors de la prière dominicale du Regina Caeli. Benoît XVI a ajouté prier "pour les blessés, dont certains graves, et particulièrement pour la jeune Melissa, victime innocente d'une brutale violence".


L'attentat inédit en Italie pour la cible choisie - un établissement scolaire - n'a fait l'objet d'aucune revendication.
Le proviseur Angelo Rampino pense que "l'attentat était fait pour tuer car les jeunes filles entraient juste à ce moment; si cela avait été à 07h30, cela n'aurait pas eu de conséquences".


La première hypothèse évoquée samedi a été la piste mafieuse car le lycée porte le nom du juge Falcone, tué il y a presqu'exactement 20 ans (le 23 mai 1992) dans un attentat de la mafia sicilienne et parce qu'une "caravane de la légalité" devait passer dans la ville ce week-end pour célébrer cet anniversaire.
Des témoins ont également fait état  d'un attentat récent à l'explosif contre la voiture du président de l'association antiracket de Mesagne, village où habitait la lycéenne tuée et où est née la Sacra Corona Unita, la plus petite des quatre mafias italiennes et la moins connue.


Mais dans l'après-midi, le chef du parquet de Lecce (Pouilles), également patron de la division locale antimafia, Cataldo Motta, a semé le doute, estimant que "cela pourrait ne pas être une organisation mafieuse".
Selon M. Motta, "les organisations mafieuses locales sont à la recherche d'un consensus social. Ce serait un acte contre-productif parce qu'il est certain qu'il annihile toute sympathie pour ceux qui l'ont commis".


Interrogée sur les coïncidences (20 ans après la mort de Falcone, nom du lycée), la ministre de l'Intérieur, Annamaria Cancellieri, a appelé à "rester prudents", soulignant les modalités "inhabituelles" de l'attentat qui présente des "anomalies", telles que l'engin utilisé (des bonbonnes de gaz) et la cible, une école.

 

Le juge Falcone, son épouse magistrate Francesca Morvillo et leurs trois gardes du corps avaient été tués sur le coup le 23 mai 1992 par une bombe de 500 kg de dynamite placée sous l'autoroute entre l'aéroport de Palerme et le centre-ville.


Certains médias ont aussi évoqué le geste isolé d'un déséquilibré ou une vengeance. D'ailleurs, dimanche, le procureur Marco Di Napoli en charge de l'enquête a  indiqué que "l'hypothèse la plus probable est celle d'un acte individuel et isolé".
"Il n'est pas impossible que ce soit le geste d'une seule personne", a déclaré le procureur lors d'une conférence de presse, en soulignant que "les motivations de cette tragédie peuvent être de plusieurs types". Toutefois, a-t-il ajouté: "Nous sommes encore loin de la vérité après seulement 24 heures" sans "aucune revendication".


Le maire de Brindisi, l'un des premiers à évoquer la piste mafieuse, a fait marche arrière, estimant que "les modalités d'exécution n'avaient rien à voir avec le crime organisé". "Ce peut être l'oeuvre d'un fou, d'un exalté, on peut penser à tout", a ajouté le maire Mimmo Consales, en notant que l'objectif "était délibérément de tuer les élèves car une minuterie a été trouvée".


Le ministre de l'Education, Francesco Profumo, venu immédiatement sur les lieux, a parlé d'acte "particulièrement lourd de sens" puisque "l'école, c'est l'endroit où l'on apprend aux enfants à devenir des citoyens, là où l'on crée la démocratie".


Le chef du gouvernement Mario Monti a ordonné que les drapeaux soient mis en berne pendant trois jours, la Nuit des musées a été annulée et les compétitions sportives observeront une minute de silence.


A Brindisi, une marche aux flambeaux a regroupé en soirée des étudiants, des syndicalistes, des défenseurs de l'environnement, et des organisations de lutte contre la mafia.
"Cette terre a toujours su réagir aux anticorps. On ne sait pas ce qu'il y a derrière tout ça. Mais c'est sûr, c'est une attaque contre une école, un acte criminel d'une violence inouïe", a expliqué le père Luigi Ciotti, de l'organisation antimafia Libera, qui participera à la manifestation.

 

L'Italie était sous le choc samedi après un attentat devant un lycée à Brindisi, dans le sud, ayant provoqué la mort d'une adolescente, une attaque aux motifs toujours inexpliqués.
L'engin de fabrication artisanale a explosé vers 7h45 (5h45 GMT) au moment où les élèves arrivaient pour les cours du samedi matin, au lycée professionnel Morvillo-Falcone, du nom du magistrat...

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