Pour le CICR, les affrontements en Syrie remplissent les trois critères qui caractérisent un « conflit armé non international »

Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jakob Kellenberger, a lancé un appel à ses donateurs pour environ 27 millions de dollars US afin de soutenir les efforts d’assistance qu’il effectuera jusqu’à la fin de l’année 2012 pour les personnes touchées par les combats en Syrie. « La semaine dernière, nous avons décidé d’augmenter le budget consacré à la Syrie car nous devons faire face à une augmentation des besoins, a expliqué le président du CICR. En effet, au départ, le CICR fournissait 2 000 rations de nourriture par mois et maintenant nous devons en prévoir 100 000, a-t-il précisé. Cela s’explique par le fait qu’aujourd’hui, nous avons un meilleur accès aux populations du pays qu’au mois de février dernier. »

Le président du CICR a expliqué que l’objectif de l’organisation était, « en priorité, d’améliorer les conditions de vie et de rétablir les services publics pour un maximum de 1,5 million de personnes touchées par les combats ». « Des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont encore déplacés, a déclaré Jakob Kellenberger. Certains sont hébergés par les communautés résidentes, tandis que d’autres ont trouvé refuge dans les bâtiments publics. Nous nous efforçons de leur apporter l’aide dont ils ont besoin en renforçant notre réponse humanitaire d’urgence. »
Dans le cadre des discussions du CICR avec les autorités syriennes pour l’accès aux prisonniers, en cours depuis le début du conflit en 2011, le président du CICR a annoncé que « l’accès à la prison d’Alep avait été autorisée ». Les visites des délégués sont prévues à partir du 14 mai jusqu’au 23 mai. Jakob Kellenberger s’est dit « extrêmement préoccupé par l’accès aux soins médicaux des prisonniers ». En septembre 2011, des visites avaient pu être effectuées à la prison centrale de Damas. Le CICR « compte actuellement 20 expatriés et 40 nationaux en Syrie ». Il a obtenu 5 visas et a introduit une demande pour 15 visas supplémentaires.

Alors que le calme est revenu de façon intermittente dans certaines parties de la Syrie, dans d’autres régions il n’y a pas de répit dans les combats. « Beaucoup de gens ont encore du mal juste pour passer une journée à l’abri », a déclaré Jakob Kellenberger. À ce sujet, le président du CICR a expliqué que désormais la nature des combats avait changé. « Nous n’avons plus affaire à des combats avec de l’artillerie lourde comme au mois de février à Homs, mais plutôt à de la guérilla. » Jakob Kellenberger s’est montré prudent sur la qualification du conflit car l’application du droit humanitaire international et des poursuites contre les responsables pourraient en découler. Il a qualifié « la situation à Homs à la mi-février comme un conflit non international dans un État ». Selon lui, certains théâtres d’affrontements, comme la ville de Homs ou plus récemment celle d’Idlib, remplissaient les trois critères qui caractérisent un conflit armé non international définis par l’agence humanitaire. Ces critères sont l’intensité des combats, leur durée et le niveau d’organisation des rebelles.
« L’accès sans restriction aux zones sinistrées est la clé de la prochaine extension de nos opérations, a ajouté le président du CICR. Au cours des deux derniers mois, le CICR et la Croissant-Rouge arabe syrien ont été en mesure d’atteindre les gens à Idlib, Homs, Hama, Deraa, Alep et la campagne de Damas. Il est encourageant de constater que notre dialogue avec les autorités et l’opposition est payante – en particulier, nous avons réussi à obtenir une “pause humanitaire” dans la violence pour la première fois la semaine dernière à Douma, près de Damas, pendant deux jours consécutifs. » Jakob Kellenberger a reconnu que « l’accès aux zones touchées s’est amélioré, indépendamment du respect du cessez-le-feu réclamé par le plan Annan ». Il a exprimé sa « vive inquiétude » quant au succès de la mission Annan mais il « continue à espérer ». « Je souhaite que le déploiement des observateurs internationaux s’effectue le plus rapidement possible sur l’ensemble du territoire. »

La situation au Liban
« Le Comité international de la Croix-Rouge continuera également à aider les Syriens qui ont fui vers les pays voisins, a déclaré Jakob Kellenberger. Au Liban, il soutient principalement les actions de la Croix-Rouge libanaise. » Le CICR contribuera à maintenir un stock de secours pour la distribution à un maximum de 9 000 personnes dans le cas d’un afflux soudain de réfugiés.

« Nous voulons étendre nos actions au Liban pour les réfugiés notamment dans le domaine médical en association avec la Croix-Rouge libanaise », a déclaré le chef du CICR. Il a mentionné qu’il se trouvait au Sud-Liban durant la guerre de 2006 et qu’il avait été « impressionné par l’excellente coopération avec la Croix-Rouge libanaise ».
En Jordanie, le CICR continuera à soutenir le Croissant-Rouge qui prend en charge les réfugiés qui franchissent la frontière.

D’après les dernières estimations du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 24 000 réfugiés syriens sont actuellement enregistrés au Liban. Ceux-ci sont principalement concentrés dans le nord du pays ; 9 000 au Akkar et près de 3 000 à Tripoli. Environ 9 250 personnes seraient dans la plaine de la Békaa mais les chiffres ne sont pas confirmés car le HCR n’est pas de présence dans la région. À Beyrouth, 801 personnes se sont enregistrées en tant que réfugiés syriens.