Rechercher
Rechercher

Culture - Événement

Hommage de l’OPL aux compositeurs libanais

Sous la baguette généreuse et sensible de Harout Fazlian, l’Orchestre philharmonique du Liban a rendu hommage à six compositeurs libanais de musique savante. Ce concert s’est déroulé à l’Unesco, en présence d’un parterre d’officiels dont le ministre de la Culture et le directeur général du ministère de l’Éducation.

L’Orchestre philharmonique du Liban, emmené avec fougue et passion par Harout Fazlian. Photo Hassan Assal

Justice est faite. Les compositeurs libanais entrent enfin au répertoire de l’Orchestre philharmonique du Liban. Cette importante première a pu se dérouler grâce aux efforts conjugués de Hanna el-Amil, président par intérim du Conservatoire supérieur de musique, et de Harout Fazlian, directeur artistique de l’orchestre. Six compositeurs libanais sont au programme. Trois d’entre eux, Béchara el-Khoury, Gabriel Yared et Naji Hakim, résident en France où ils sont reconnus comme de très grands musiciens et où leurs œuvres sont jouées par les formations occidentales les plus prestigieuses. Les trois autres compositeurs au programme ne sont plus de ce monde, mais leur musique est là pour témoigner de leur créativité. D’une part, Boghos Gelalian, disparu il y a quelques mois à peine, immense compositeur et pédagogue et dont la musique chatoyante est souvent basée sur le folklore arménien, et d’autre part les frères Mansour et Assi Rahbani qui, avec le groupe des cinq comprenant aussi Toufic el-Bacha, Zaki Nassif et Philémon Wehbé, ont, dans les années 1950, totalement révolutionné le paysage musical libanais.
L’Orchestre philharmonique du Liban, emmené avec fougue et passion par Harout Fazlian, a fière allure dans ce programme totalement original et inédit. Les œuvres s’enchaînent, mêlant couleurs, âpreté ou mélancolie. Au filtre de l’intelligence du chef dont la gestique d’emblée ferre l’auditeur, les lignes chantent et deviennent limpides.
Tout d’abord, l’Ouverture libanaise de Naji Hakim, œuvre étincelante, jalonnée de thèmes libanais développés de façon éblouissante et avec une grande maestria. Cette pièce en un mouvement, très importante affectivement pour le compositeur car elle le ramène à son enfance libanaise, existe aussi dans une version pour orgue et une autre pour piano.
Puis vient Harmonies crépusculaires de Béchara el-Khoury. Cette pièce symphonique en un mouvement, sombre et intense, a été composée en hommage au grand chef d’orchestre français disparu en 1996, Pierre Dervaux. D’une grande dimension poétique, cette œuvre sonne comme un glas. Le thème, lancinant, revient régulièrement tel un lamento déchirant, parfois très fugacement éclairé par une petite lueur d’espoir.
L’envoûtante Suite du Patient anglais de Gabriel Yared, récompensé par un oscar en 1996, plonge ensuite l’auditoire dans un état de transe, lui faisant suivre tous les méandres de la passion amoureuse du film. On y retrouve des références à Jean-Sébastien Bach, maître absolu du compositeur, ainsi que des thèmes de musique hongroise pour rappeler les origines du héros du film.
Les sept Esquisses de Boghos Gelalian, petits bijoux ciselés avec la finesse de l’orfèvre, viennent ensuite interpeller l’auditeur : les fugues s’enchaînent, les instruments s’interpellent et se répondent dans une succession d’images musicales très orientalisantes.
Pour clore ce concert exceptionnel, la Symphonie n° 1 de Assi et Mansour Rahbani, extraite de l’opérette Jibal as-Sawan et magnifiquement orchestrée par Ghadi et Oussama Rahbani. Les deux fils de Mansour ont en effet décidé de réorchestrer sous forme symphonique les principaux thèmes des opérettes créées dans les années 1960 et de les présenter ainsi sous une forme renouvelée au public.
À la fin du concert, le président par intérim du Conservatoire national, dans une allocution très sentie, remercie les différents protagonistes qui ont permis à cet événement fondateur de se tenir. Le ministre de la Culture remet alors à chacun des compositeurs présents, Béchara el-Khoury et Naji Hakim ayant fait spécialement le déplacement de Paris, ainsi qu’aux représentants des compositeurs absents, un trophée en hommage d’estime et de fidélité.
Nul doute que ce concert n’est pas un aboutissement mais plutôt un début. Les compositeurs libanais, qu’ils vivent au Liban ou ailleurs et ils sont nombreux, peuvent être tout à fait rassurés : leur musique a trouvé son écrin.

Zeina SALEH KAYALI
Justice est faite. Les compositeurs libanais entrent enfin au répertoire de l’Orchestre philharmonique du Liban. Cette importante première a pu se dérouler grâce aux efforts conjugués de Hanna el-Amil, président par intérim du Conservatoire supérieur de musique, et de Harout Fazlian, directeur artistique de l’orchestre. Six compositeurs libanais sont au programme. Trois...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut