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À La Une - Présidentielle

France : pas d'état de grâce pour François Hollande

Formation du gouvernement, préparation pour les législatives, discussions avec l'Allemagne sur la croissance en Europe, grands rendez-vous internationaux...

François Hollande, au lendemain de sa victoire à la présidentielle française, au balcon de son QG de campagne, à Paris. REUTERS/Jean-Paul Pelissier

"Le président" : dès lundi matin, le visage radieux du nouveau chef de l'Etat s'affichait dans les rues de Paris à la une des magazines.

Nette sans être écrasante, la victoire de François Hollande est saluée en France comme à l'étranger comme un cap vers le "changement" et la relance de l'économie, même si "le plus dur commence" pour le nouveau chef de l'Etat.

 

La gauche salue dans son ensemble la victoire de l'"espoir", qui selon le quotidien Libération "fait renaître 1981", 31 ans plus tard, et l'élection de François Mitterrand dont les images "semblaient condamnées aux livres d'histoire".

La droite constate pour sa part sans rechigner que le candidat socialiste est devenu, comme l'écrit le Figaro, "le président de tous les Français", à l'image de Nicolas Sarkozy, qui a reconnu dimanche soir sa défaite et souhaité "bonne chance" à son successeur avant même l'annonce des résultats définitifs. (Lire la revue de presse, ici)

 

A la Bastille en liesse où fut fêtée la victoire dimanche soir - drapeaux tricolores et hurlements de joie -, François Hollande a remercié "le peuple de France, ici rassemblé", promettant de "réparer, redresser" pendant cinq ans, après "des années de blessure, de rupture".

 

Sous la surveillance des marchés et sans pouvoir espérer d'état de grâce, François Hollande a commencé, dès aujourd’hui, à travailler à la formation de son gouvernement et à préparer de difficiles discussions avec l'Allemagne sur la croissance en Europe.

 

Elu dimanche avec 51,62% des voix contre 48,38% au président sortant Nicolas Sarkozy, le socialiste est sous la pression d'un calendrier très serré et d'une situation en zone euro qui pourrait rapidement se dégrader. Les élections législatives grecques, tenues en même temps que la présidentielle française, laissent en effet planer le risque d'un pays ingouvernable.

 

"Aujourd'hui, c'est le travail, même s'il n'y a pas eu de transmission du pouvoir", a déclaré le président élu avant de réunir sa garde rapprochée.

 

M. Hollande, 57 ans, sera officiellement investi le 15 mai. Sa première apparition à une cérémonie officielle en tant que président élu est toutefois prévue mardi : les cérémonies du 8 mai commémorant la fin de la seconde guerre mondiale, au côté de Nicolas Sarkozy.

 

"Constitution d'une équipe", "préparation de déplacements internationaux" : "c'est une semaine extrêmement chargée", a expliqué le directeur de campagne de M. Hollande, Pierre Moscovici. Il sait qu'il ne bénéficiera d'aucun "état de grâce", a confié l'un de ses plus proches amis, l'ancien ministre des Finances Michel Sapin.

D'ici à la sa prise de fonctions, le nouveau président devra avoir avancé sur la formation de son gouvernement et le choix de son Premier ministre.

Jean-Marc Ayrault et la patronne du Parti socialiste Martine Aubry sont donnés favoris pour diriger son premier gouvernement.

Parmi ceux qui devraient figurer dans un premier gouvernement, les noms de Manuel Valls, François Rebsamen, Marisol Touraine, Jean-Yves Le Drian, Laurent Fabius, Najat Vallaud-Belkacem, Aurélie Filippetti circulent avec insistance. (Pour aller plus loin sur les premiers ministrables et ministrables, cliquez ici)

 

C'est cette équipe qui ira à la bataille des élections législatives des 10 et 17 juin pour "confirmer" la victoire de François Hollande, espère la gauche. Dimanche soir, François Hollande a demandé à ses partisans de "ne pas se démobiliser". "Il faut donner une majorité au président de la République", a-t-il martelé, dans la perspective de ce scrutin.

 

A droite, le bureau politique de l'UMP devait se réunir aujourd'hui pour préparer les législatives. L'UMP, secouée par la défaite, entre dans une période de turbulences sur la ligne politique, après l'échec du "à droite toute" de Nicolas Sarkozy entre les deux tours, comme sur la direction du parti. "La droite, elle, va reporter tous ses espoirs sur les élections législatives (elle) tentera de faire de ces élections un troisième tour pour corriger l'élection présidentielle", soulignait Le Figaro ce lundi matin.

 

Pour François Hollande, le calendrier international est également pressant.

 

Le nouveau président doit également préparer une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel immédiatement après son investiture.

 

La chancelière, qui avait snobé le candidat socialiste pendant la campagne, a assuré lundi que le président Hollande serait accueilli "à bras ouverts" pour sa première visite en Allemagne. "Nous travaillerons bien et de façon intensive ensemble", a ajouté Mme Merkel, lors d'une conférence de presse à Berlin. "La coopération franco-allemande est essentielle pour l'Europe et nous voulons tous que l'Europe réussisse", a-t-elle insisté. Elle a néanmoins aussi immédiatement prévenu que le pacte budgétaire, déjà signé par 25 des 27 Etats membres de l'Union européenne, n'était "pas négociable".

Or, cette renégociation, pour adjoindre un volet consacré à la croissance, a été un des leitmotivs de M. Hollande pendant sa campagne.

 

Si elle est fermée à toute renégociation de ce texte, l'Allemagne est prête à discuter d'une stratégie de croissance d'ici au sommet européen de la fin du mois de juin. "Nous devons maintenant sceller un pacte de croissance pour plus de compétitivité", avait ainsi affirmé dimanche son chef de la diplomatie Guido Westerwelle.

 

Dans beaucoup de pays d'Europe, l'arrivée au pouvoir du socialiste français est vue comme l'occasion de sortir de politiques uniquement tournées vers l'austérité.

"L'Europe nous regarde (...) Je suis sûr que dans bien des pays européens, ça a été un soulagement, un espoir, l'idée qu'enfin l'austérité pouvait ne plus être une fatalité", avait lancé M. Hollande dimanche lors de sa première déclaration de président élu.

 

"Quand on a des points de désaccord - il y en a beaucoup en ce moment entre François Hollande et la politique de Mme Merkel -, il faut que chacun fasse un pas vers l'autre", a dit Jean-Marc Ayrault, un proche de François Hollande.

Dans l'esprit des Allemands, la croissance passe davantage par des réformes structurelles, comme celle du marché du travail, que par des investissements sur de grands projets européens prônés par François Hollande.

 

Sur le plan international, François Hollande doit aussi se préparer aux sommets du G8 (18-19 mai) et de l'Otan (20-21 mai) aux Etats-Unis, à qui il "annoncera le retrait des troupes françaises d'Afghanistan d'ici à la fin de l'année", a dit lundi son porte-parole, le député Manuel Valls.

 

Dans son message au nouveau président français, Barack Obama a évoqué d'emblée des "dossiers difficiles" à gérer en commun, dans une allusion évidente à l'Afghanistan et à la crise de la dette européenne. Le président américain a également invité M. Hollande à une rencontre bilatérale à la Maison Blanche avant les sommets du G8 et de l'Otan.

 

Elu pour cinq ans à la tête d'une des principales puissances mondiales, détentrice de l'arme nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité et moteur de l'Union européenne, François Hollande est le premier président de gauche depuis François Mitterrand (1981-1995).

Arrivé en tête au premier tour le 22 avril (28,6% contre 27,2% au sortant), François Hollande était depuis des mois donné favori du scrutin.

Il a été onze ans chef du Parti socialiste, élu plusieurs fois député du département rural de Corrèze (centre) qu'il préside, mais n'a jamais exercé aucune fonction ministérielle.

Outre sa priorité de renégocier le traité européen, il entend retrouver l'équilibre budgétaire en 2017, taxer les plus riches, lutter contre le chômage en créant des emplois notamment pour les jeunes.

 

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"Le président" : dès lundi matin, le visage radieux du nouveau chef de l'Etat s'affichait dans les rues de Paris à la une des magazines.
Nette sans être écrasante, la victoire de François Hollande est saluée en France comme à l'étranger comme un cap vers le "changement" et la relance de l'économie, même si "le plus dur commence" pour le nouveau chef de l'Etat.
 
La gauche...

commentaires (1)

Deux engagements majeurs en plus , la justice et la jeunesse attendent Hollande. Ses décisions, se fondront sur ces deux critères. A suivre . Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

04 h 31, le 07 mai 2012

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Commentaires (1)

  • Deux engagements majeurs en plus , la justice et la jeunesse attendent Hollande. Ses décisions, se fondront sur ces deux critères. A suivre . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    04 h 31, le 07 mai 2012

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