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France : Hollande, nouveau maître de l'Elysée

Le socialiste devrait être investi au plus tard le 15 mai; il devrait avoir un échange avec la chancelière allemande Merkel dès dimanche soir;

Hollande lors de sa première déclaration après sa victoire à la présidentielle. Philippe Desmazes/

Le socialiste François Hollande a été élu dimanche président de la France lors d'un vote sanction contre le sortant Nicolas Sarkozy qui fait revenir la gauche à l'Elysée après 17 ans d'absence et devrait peser sur la politique budgétaire européenne.

 

Il devient le septième président de la Ve République qui restera cinq ans à la tête d'une des principales puissances mondiales, détentrice de l'arme nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité et moteur de l'Union européenne. Et le premier de gauche depuis François Mitterrand (1981-1995).

La gauche avait cependant été au pouvoir de 1997 à 2002, dans une situation de cohabition institutionnelle avec un président de droite.

 

François Hollande, 57 ans, a été élu avec 51,9% des voix, battant le conservateur Nicolas Sarkozy, dernier en date des dirigeants européens balayés par la crise après ceux de la Grèce, de l'Espagne ou de l'Italie.

 

"Je suis prêt à diriger le pays", avait répété ce social-démocrate réformiste vendredi au dernier jour d'une campagne tendue, tout en appelant les Français à lui donner une victoire qui ne soit pas "étriquée".

 

Arrivé en tête au premier tour (28,6% contre 27,2% au sortant), cet homme affable qui a gagné en stature, était depuis des mois donné favori du scrutin même si l'écart avec son rival s'est réduit les derniers jours.

 

Issu de l'Ecole nationale d'administration (ENA), creuset de l'élite française, François Hollande a été onze ans chef du Parti socialiste, élu plusieurs fois député du département rural de Corrèze (centre) qu'il préside mais n'a jamais exercé de fonction ministérielle.

 

Des partisans du PS célébrant la victoire de Hollande.

Jean-Pierre Clatot/AFP

 

Il a été élu dimanche sur fond de crise avec l'explosion des déficits, un taux de chômage record (plus de 10%), la désindustrialisation du pays et une certaine désespérance de la part de Français qui redoutent de se voir imposer trop d'austérité par l'Union européenne.

 

Lors de sa première allocution à Tulle (centre) en tant que président élu, François Hollande a déclaré que les "Français viennent de choisir le changement". "Je serais le président de tous", a-t-il dit, tout en remerciant le président sortant Nicolas Sarkozy qui mérite "tout notre respect".

 

Il a également demandé à être jugé sur deux engagements majeurs, la justice et la jeunesse.

 

"Aujourd'hui-même, responsable de l'avenir de notre pays, je mesure aussi que l'Europe nous regarde. Au moment où le résultat a été proclamé, je suis sûr que dans bien des pays européens, ca a été un soulagement, un espoir, l'idée qu'enfin l'austérité ne pouvait plus être une fatalité", a encore déclaré M. Hollande devant une foule de partisans.

 

François Hollande a prévenu que sa première visite à l'étranger en tant que chef d'Etat serait réservée à la chancelière allemande Angela Merkel qu'il veut convaincre de renégocier le pacte budgétaire européen pour introduire un volet croissance. Son camp a déjà annoncé qu'il s'entretiendrait avec elle dès dimanche soir.

 

Triomphalement élu en 2007 avant de devenir très impopulaire, Nicolas Sarkozy, 57 ans, a enregistré la plus cinglante défaite d'une carrière politique commencée il y a plus de 30 ans. Jusqu'au bout il était resté convaincu que la victoire était possible.

"Déterminé" et combatif, il avait encore promis vendredi "une grande surprise". Il demeure persuadé d'avoir évité à la France le chaos économique de la Grèce, qui votait aussi dimanche pour des législatives déterminantes.

Mais Nicolas Sarkozy n'a obtenu le ralliement d'aucun des candidats du premier tour le 22 avril, contrairement à François Hollande qui a reçu le soutien de la gauche radicale et des écologistes.

 

Après la percée historique de Marine Le Pen, dirigeante de l'extrême droite (17,9%), Nicolas Sarkozy, sans réserves de voix, avait été contraint à radicaliser son discours pour récupérer les électeurs du Front national.

Mais Marine Le Pen a voté blanc et le centriste François Bayrou pour Hollande, estimant trop "violente" la ligne du sortant.

 

Le vote des Français sanctionne cette stratégie "à droite toute" qui a amené le président sortant à faire campagne contre une Europe "passoire" face aux "déferlantes" de l'immigration et à dénoncer le laxisme de la gauche en matière de sécurité.

 

Des partisans de Nicolas Sarkozy lors de l'annonce de la

défaite du président sortant. Julien Muguet/Reuters

 

Style et programme: tout oppose l'élu et le sortant.

Parti en campagne en outsider total il y a un an, François Hollande, réputé pour son sens de la synthèse et de l'humour mais qualifié de "flou" et de "mou" par ses détracteurs, a émergé après la mise à l'écart de l'ex-patron du FMI Dominique Strauss-Kahn.

Outre sa priorité de renégocier le traité européen, il entend retrouver l'équilibre budgétaire en 2017, taxer les plus riches, lutter contre le chômage en créant des emplois notamment pour les jeunes. Il sait déjà qu'il n'aura "pas de délai de grâce".

Cet homme, qui a promis une "présidence normale" après celle de l'hyperactif Sarkozy, a aussi l'espoir d'inscrire "la gauche dans la durée" en modernisant la société. Il veut autoriser le vote des étrangers hors UE aux élections locales, permettre le mariage gay, ouvrir la porte à l'euthanasie.

 

Tout au long de sa campagne, il a mis en avant "le redressement dans la justice" pour "rassembler", cherchant à faire de ce scrutin un referendum anti-Sarkozy. Le sortant se voyait comme le "protecteur" des Français, il restera pour beaucoup le "président des riches" qui a désacralisé la fonction.

Il a pourtant conduit quelques difficiles réformes comme celles des retraites et des universités.

 

François Hollande devrait être investi au plus tard le 15 mai. Après une première visite à Berlin, il enchaînera les rendez-vous internationaux, avec aux Etats-Unis le G8 puis le sommet de l'Otan, où il devra expliquer sa décision de retirer de manière anticipée les forces françaises d'Afghanistan avant la fin de l'année.

Après les législatives de juin, il participera à son premier sommet européen à Bruxelles.


 

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