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À La Une - Rencontre

Les rétrospectives et perspectives de Ramsay Najjar

Il manie le verbe avec la dextérité d’un escrimeur qui chatouille le cœur tout en prenant des risques calculés. Après la publicité, dans laquelle il s’est exprimé durant de longues années, Ramsay Najjar, fondateur et président de S2C, a une fois de plus trouvé les mots justes dans son ouvrage « Views, Reviews and Previews, media, communications and the Arab Spring* ». Un hommage au pouvoir, souvent oublié, de l’information.

Ramsay Najjar, pour une communication libre.

Carla HENOUD

« J’ai vite su, presque inconsciemment, que le mot sera mon gagne-pain. Qu’il provoquera toujours en moi une vibration, la chair de poule... »
Le mot est jeté. Ramsay Najjar est un beau et un bon parleur. Dans ses discours privés, professionnels, officiels ou télévisés, il s’exprime toujours avec objectivité et passion. Pour séduire. Pour convaincre.
Aujourd’hui fondateur et président de Strategic Communication Consultancy (S2C), il se sent enfin comme un poisson dans l’eau douce de la communication saine, ciblée, indépendante. Donc, à ses yeux, efficace. Son bureau, noyé dans les volutes de son inséparable cigare, devient très vite un espace intime de dialogue.
« J’ai eu la chance, confie-t-il, de grandir dans une maison où régnait un équilibre réussi entre le mot et les affaires. » Avec ses frères Marwan, auteur et homme de théâtre et de télévision célèbre, Souhail et le regretté Walid, le jeune Ramsay joue surtout avec ses parents des jeux de malins. La conjugaison, la poésie, les devinettes culturelles confortent les quatre mousquetaires dans l’idée que le mot peut parfaitement bien s’accorder avec les affaires, que « l’un ne contredit pas l’autre »...
C’est ainsi qu’il entre dans la publicité comme on entre en religion. « Je ne voulais pas me plier au jeu du clientélisme ou du favoritisme de l’information. L’autre porte d’entrée à ces citadelles gérées par des intérêts et des forces politiques, confessionnelles ou culturelles, la porte de service de ce donjon, poursuit-il, c’était la publicité. Je suis tombé dans le piège et j’ai beaucoup aimé ! »
Lead, Intermarkets, Trust, Saatchi & Saatchi, autant de grandes agences, certaines créées, d’autres qu’il préside et auxquelles il insuffle son énergie et son savoir-faire, auront été les jalons essentiels de son parcours. Il fera même un passage remarqué à la télévision en créant et produisant le fameux jeu baptisé al-Moumayazoun.
Pour son « oxygène », ce «vétéran de l’industrie de la publicité », comme il se qualifie, donne des cours de marketing à l’ALBA. Ses élèves privilégiés n’ont toujours pas oublié les longues dissertations sur l’art, l’art et l’argent, l’art pour l’argent. « J’ai toujours aimé écouter, parler, échanger des idées. Mais 22 ans plus tard, j’ai eu besoin de passer à autre chose. »

Changement de cap
En 2002, il décide d’offrir son know how à des sociétés ou des gouvernements étrangers en mal de conseils. « S2C, explique-t-il, a pour objectif de transformer le paysage régional de la communication en proposant des stratégies efficaces et adaptées à des gouvernements ou des institutions. Dans la publicité, nous jouons le rôle de pharmacien. Dans le consulting, celui de médecin. Notre crédibilité me paraît plus grande car nous pouvons établir un diagnostic et proposer un traitement. À S2C, 60 % de nos clients appartiennent au secteur public. 40 % sont des sociétés privées. Au Liban, poursuit-il, nous intervenons uniquement dans des causes nobles, auprès d’associations et d’universités. »
Toutes ces réflexions, accumulées et répertoriées dans son esprit, ont pris la forme d’un ouvrage mûri durant dix ans, Views, Reviews and Previews, media, communications and the Arab Spring, écrit et paru d’abord en langue arabe, aux éditions Dar an-Nahar. La version anglaise, entièrement réécrite, vient de sortir.
« J’ai voulu faire un ouvrage qui remplisse un vide, sans qu’il soit une référence académique. Proposer une analyse sur l’évolution de la communication, avec, toujours, les mêmes questions que se pose le citoyen du monde. Quelles sont les dernières nouvelles ? Que se passe-t-il ici et ailleurs ? Quels sont les titres ? Les unes ? Les analyses, les opinions ? »
De la presse à la télévision, en passant par les nouveaux réseaux sociaux, puissants et instantanés, la soif du monde, son obsession pour les « dernières nouvelles » n’a jamais diminué. « Le Liban et le Moyen-Orient n’ont pas cette chance de bâtir une démocratie par le biais normal des trois piliers du temple : le législatif, l’exécutif et le judiciaire, souligne l’auteur. Seule l’information, qui est le 4e pilier, pourrait porter la voix de la société civile et changer les choses. » Précipitée par un printemps arabe en accord avec le contenu de ces 360 pages, la parution du livre offre deux scénarios réels pour l’avenir de l’Égypte, de la Syrie, de l’Arabie saoudite, de la Libye, de la Tunisie et du Liban.
Elle redonne surtout à l’information la place d’honneur qui lui est due. Celle de faiseur de démocraties.


* « Views, Reviews and Previews, media, communications and the Arab Spring », de Ramsay Najjar, en vente dans toutes les librairies.
Carla HENOUD « J’ai vite su, presque inconsciemment, que le mot sera mon gagne-pain. Qu’il provoquera toujours en moi une vibration, la chair de poule... » Le mot est jeté. Ramsay Najjar est un beau et un bon parleur. Dans ses discours privés, professionnels, officiels ou télévisés, il s’exprime toujours avec objectivité et passion. Pour séduire. Pour convaincre. Aujourd’hui...

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