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À La Une - Un peu plus de...

C’est quoi ça ?

Quand on embarque dans un avion avec son fils de 7 ans, qui volera dans quelques instants pour la première fois, on ne sait pas vraiment ce qui va se passer. L’enthousiasme est aussi débordant qu’intrigué. S’ensuit une pluie de questions. C’est quoi ça ? C’est qui ça ? Pourquoi ? Et ce n’est que le début d’une découverte qui restera probablement marquée au fer rouge dans ce petit cerveau qu’est le sien...


On ne se rend plus compte, une fois atteints l’âge adulte et les multiples voyages, des caractéristiques, de la culture, des failles d’un système qui nous différencient d’un autre pays. La France en particulier. Cet hexagone lié au Liban depuis très loin. Une heure de décalage en moins et des particularités que nous avons digérées il y a longtemps. Le regard que pose un enfant de 7 ans sur une ville, sur un monument, sur une rue, sur un jardin ou sur un passant n’est pas du tout touristique. Ce regard-là est plein de curiosité. Et d’interrogations qu’on n’aurait pas soupçonnées.

 

Mais il ne s’agissait pas seulement de ça. Raconter la tour Eiffel, faire visiter Montmartre, déjeuner à la Closerie des Lilas, s’envoler dans Star Wars sont des explications qu’on avait prévu de donner. Qui a construit la tour Eiffel ? Pourquoi ? Pourquoi on dit la butte Montmartre ? C’est quoi un steak tartare ? Comment peut-on voler comme Luke Skywalker ? Et soudain, ces petits yeux kaki se posent sur un violoniste, particulièrement doué, faisant la manche dans une rue du 5e arrondissement. Pourquoi un violoniste souriant attendrait-il qu’on lui jette une pièce dans une casquette jetée devant lui ? « Vous jouez trop bien », dit-il en mettant une pièce devant l’homme. La mendicité, il la connaît à peine. Il voit des petits enfants vendant des Chicklets ou des chapeaux de paille sur l’autostrade. Mais un violoniste ou un harmoniciste dans le métro, ça il ne comprend pas. Comment peut-on être un bon musicien et finir à la rue ?

 

Le petit garçon s’interroge. Et ça le rend triste. D’ailleurs pourquoi y a-t-il des pickpockets dans le métro ou dans la tour Eiffel ? « C’est quoi un pickpocket maman ? » dit-il en s’accrochant à son iPod. « Pourquoi ce monsieur essaye de casser le distributeur de boissons ? » C’est drôle parce que ces images-là, on les connaît. On sait que le portefeuille à l’arrière de son jean, ça ne se fait pas, on sait qu’un clochard chantant à tue-tête des phrases incompréhensibles est sacrément imbibé. D’ailleurs, c’est quoi l’ivresse ?

 

Mais heureusement que toutes les nouveautés ne sont pas de cet ordre-là. La France, ce n’est pas seulement un combo de misère et de violence. Tiens, on dirait un discours politique. La France, c’est aussi et surtout un joli concentré de choses et de lieux que le Liban n’a pas. D’immenses jardins publics où les gamins courent sous de grands platanes. Font un tour de manège sur le dos d’un éléphant. La France, c’est une limitation de vitesse, des flashes et des péages. C’est quoi ce truc où on paye pour continuer de rouler ? Pourquoi les enfants de 7 ans doivent-ils obligatoirement être assis sur des rehausseurs ? Pourquoi les trottoirs sont-ils tout droits ? Pourquoi y a-t-il des parkings pour aller se promener ? Pas comme au Liban où les parkings mènent à un immeuble, à un mall ou à un endroit bien précis.

 

La France, c’est aussi de gigantesques salles de cinéma où on peut boire de l’Orangina et manger des chouquettes ou une religieuse au chocolat. La France et ses grandes villes, ce sont les cafés trottoirs. Dans chaque rue. Partout. La France, ce sont également les apéritifs. Avec du saucisson et une coupe de champagne. C’est du vin à tous les repas. C’est aussi l’absence du pain libanais et de la tartine de labné le soir comme dîner léger. C’est répondre « euh » quand ton amie française demande « qu’est-ce qu’il mange le soir ? ». Ah ça, sans la yakhné quotidienne, on se demande bien comment le gamin va remplacer une kebbé bil saniyeh ou une loubié wou riz. La France, c’est aussi la joie de boire au robinet, de se promener dans la rue, de se rendre à pied d’un endroit à un autre, de grimper sur son vélo sans courir de risques, c’est faire son lit, débarrasser la table et dire « s’il vous plaît, merci ».

 

C’est aussi et surtout, changer d’air pour retrouver ensuite avec plaisir nos habitudes locales.

Quand on embarque dans un avion avec son fils de 7 ans, qui volera dans quelques instants pour la première fois, on ne sait pas vraiment ce qui va se passer. L’enthousiasme est aussi débordant qu’intrigué. S’ensuit une pluie de questions. C’est quoi ça ? C’est qui ça ? Pourquoi ? Et ce n’est que le début d’une découverte qui restera probablement marquée au fer rouge dans ce...
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