Rechercher
Rechercher

À La Une

Regards croisés sur la laïcité

Sarah Atallah et Assaad Tarabay sont tous les deux jeunes, dynamiques et ambitieux. Elle a 20 ans, étudie les arts dramatiques à l’UL et met en scène des projets scolaires. Lui a 25 ans, travaille comme contrôleur de gestion junior et prépare un MBA en audit à l’USEK. Les deux étudiants ont beaucoup en commun, mais quand il s’agit de la laïcité, leurs avis divergent.

Sarah Atallah.

Campus : Qu’est-ce que la laïcité pour vous ?
Sarah : La laïcité, c’est séparer l’État de la religion. Il ne s’agit pas du tout d’éliminer les pratiques religieuses. Je suis croyante tout en étant pour la laïcité.
Assaad : La laïcité, c’est gouverner indépendamment des instances religieuses. Je suis contre la laïcité parce que, avec un système laïc, la religion disparaîtra petit à petit. Nous perdrons nos coutumes religieuses et deviendrons comme la France par exemple où la majorité du peuple est athée.

Que pensez-vous du système confessionnel actuel ?
Sarah : Le système confessionnel au Liban est consacré par la Constitution, qui répartit les fonctions politiques entre les religions. La politique et la religion s’entremêlent ainsi pour former une seule autorité. Étant croyante, je vois clairement que ce système enlaidit les religions et les transforme en un moyen pour accéder au pouvoir politique. La vraie valeur que doit avoir la religion est perdue. Je ne vois rien de bon dans ce système.
Assaad : Le système confessionnel est appliqué dans tous les secteurs. Je trouve qu’il protège la communauté chrétienne au Liban et préserve les postes politiques ou sociaux qui lui sont attribués.

 

À votre avis, les citoyens libanais sont-ils égaux dans le système actuel ?
Sarah : Le système confessionnel, basé sur la division du peuple en différentes religions, divise systématiquement le pays en régions. Un citoyen issu d’une région donnée obtiendra un emploi grâce à son appartenance et non à ses qualifications. Ce qui réduit les chances des gens qualifiés, originaires d’une région (et/ou d’une religion) non « demandée » et qui n’ont pas de piston. Donc le droit à l’égalité des chances en matière d’emploi est violé. Une violation qui touchent les étudiants, les diplômés, les artistes, tout le monde.
Assaad : Je conviens que le système confessionnel ne garantit pas l’égalité des chances des Libanais devant l’emploi puisqu’on ne prend pas toujours en considération les compétences du diplômé ou du futur employé.

Que pensez-vous du sentiment d’appartenance nationale chez les Libanais ?
Sarah : Le citoyen libanais s’identifie à son reflet dans le miroir, à ceux qui lui ressemblent, et avec lesquels il partage la même religion et la même appartenance politique. Par ailleurs, le système confessionnel favorise le suivisme chez le citoyen qui suit sans esprit critique son « leader » parce qu’il le protège. Avec un système laïc, tout le monde sera à égale distance de tout le monde.
Assaad : Le système confessionnel protège l’existence du citoyen et préserve son identité. Il est enraciné dans la mentalité des Libanais depuis des temps immémoriaux. La laïcité ne pourra donc pas fonctionner au Liban car le système actuel est bien ancré et perdurera pour des décennies encore.

Un dernier mot ?
Sarah : Pour appliquer le principe de la laïcité au Liban, il faut former les gens à comprendre ce concept afin de pouvoir l’accepter. Imposer l’idée de la laïcité à un homme de 55 ans qui a vécu la guerre civile n’est pas une solution. Manifester non plus. Il faut commencer par sensibiliser les jeunes. Une mentalité citoyenne saine est essentielle pour atteindre la laïcité, commençons par la former.
Assaad : Le Liban est composé de dix-sept communautés religieuses. Cela rend l’application d’un système laïc difficile. Le grand danger de la laïcité est qu’elle risque de provoquer la disparition de certaines communautés minoritaires.


Campus : Qu’est-ce que la laïcité pour vous ? Sarah : La laïcité, c’est séparer l’État de la religion. Il ne s’agit pas du tout d’éliminer les pratiques religieuses. Je suis croyante tout en étant pour la laïcité. Assaad : La laïcité, c’est gouverner indépendamment des instances religieuses. Je suis contre la laïcité parce que, avec un système laïc, la religion...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut