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Sport - Olympisme

Quatre ans après, Pékin néglige ses sites olympiques

Les installations de canoë-kayak, dans la banlieue de Pékin, sont à l’abandon. Près de quatre ans après avoir accueilli les Jeux d’été, Pékin ne sait trop que faire de ses prestigieux sites olympiques.

Près de quatre ans après avoir accueilli les Jeux d’été, Pékin ne sait trop que faire de ses prestigieux sites olympiques, sous-utilisés ou quasiment à l’abandon et puits sans fond pour les finances publiques.
L’héritage des Jeux est sensible dans la vie de tous les jours dans la capitale chinoise, où les infrastructures et les transports ont largement bénéficié de l’investissement olympique. Mais les dirigeants chinois n’ont pas réussi la reconversion de leurs installations sportives.
Deux exemples sont particulièrement parlants, ceux des deux sites emblématiques des JO, le Centre national de natation, baptisé Water Cube (Cube d’eau), et le stade national, surnommé le Nid d’oiseau pour son architecture.
En 2008, le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, s’était extasié devant la « beauté » de ces deux joyaux architecturaux, qui faisaient la fierté de tout un peuple.
Aujourd’hui, les deux bâtiments sont davantage des destinations pour touristes que des lieux de vie sportive.
Le Nid d’oiseau, où eurent lieu les épreuves d’athlétisme ainsi que les cérémonies d’ouverture et de clôture, abrite de temps à autre un match de football ou un meeting d’athlétisme mais est loin de fonctionner à plein rendement.
On y a bien hébergé le premier rodéo jamais organisé en Chine, on l’a aussi transformé en parc à thème pour activités d’hiver, et on y donne très occasionnellement des concerts.

Gâchis
Mais la note reste salée. La direction du stade estime qu’au taux de rentabilité actuel, il lui faudra trente ans pour couvrir les quelque trois milliards de yuans (364 millions d’euros) qu’a coûté la construction de l’édifice.
Le Cube d’eau, de son côté, a perdu l’an dernier environ 11 millions de yuans (1,33 million d’euros), malgré les aides publiques et les revenus dégagés par un centre aquatique construit ultérieurement sur le site pour exploiter la renommée du lieu.
« L’eau du Cube est changée chaque jour, ce qui constitue un véritable gâchis. L’éclairage représente une énorme consommation d’énergie. Ce serait mieux de consacrer ces ressources au quotidien de la population », estime Li Fang, un touriste de 21 ans, en visitant les lieux.
« Le coût de construction des sites a été important. Et les organisateurs, même avant la candidature officielle et l’édification des bâtiments, ont été incapables de penser à l’après-Jeux », juge Yan Qiang, chef du service des Sports de NetEase Media Group. « Les installations sportives, plus elles sont utilisées, plus elles durent. Plus elles seront protégées, plus la société en bénéficie. De ce point de vue, je pense que la Chine est largement déficitaire », ajoute-t-il.

Carences de gestion
Pour les autres sites, le bilan est encore plus mauvais. Les installations de canoë-kayak sont à l’abandon. L’eau qui reste sur place est pompée pour arroser un parc voisin, en pleine période de sécheresse printanière.
Le site des épreuves d’aviron, situé dans une banlieue éloignée de Pékin et mal desservie par les transports en commun, n’accueille guère que quelques dériveurs.
La négligence des autorités peut s’expliquer dans ces cas-là par le peu d’intérêt des Chinois pour ces disciplines.
D’autres sites, comme ceux du tennis de table et de la lutte, ont été construits dans un environnement universitaire, et sont davantage utilisés. Mais les responsables d’université ne savent pas trop comment les exploiter.
« On leur a donné des immenses installations alors qu’ils n’ont aucune expérience de gestionnaire », note Susan Brownell, spécialiste du sport chinois à l’université de Saint-Louis, dans le Missouri.
À ces carences de gestion viennent se greffer des considérations plus politiques. Dans un régime à parti unique comme le régime chinois, tout rassemblement de foule, même sportif, est envisagé avec méfiance et appréhension.
Ces préventions sont d’autant plus fortes cette année, avec la perspective d’un large renouvellement de la direction du Parti communiste, l’automne prochain lors du XVIIIe congrès, et après le printemps arabe qui a provoqué la nervosité des autorités de Pékin.
« Pour un grand événement sportif, vous devez accepter des milliers de personnes. Cela s’appelle un rassemblement public. Dans le climat politique actuel, la peur d’un tel rassemblement est évidente », estime Susan Brownell.
                   ©Reuters
Près de quatre ans après avoir accueilli les Jeux d’été, Pékin ne sait trop que faire de ses prestigieux sites olympiques, sous-utilisés ou quasiment à l’abandon et puits sans fond pour les finances publiques.L’héritage des Jeux est sensible dans la vie de tous les jours dans la capitale chinoise, où les infrastructures et les transports ont largement bénéficié de...
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