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Culture - Cimaises

Le printemps du poète et de la sculptrice

« Et le poète encore est parmi nous »... Mona Saudi aime à réciter ce vers de Saint-John Perse pour évoquer son hommage, en dessins, à Mahmoud Darwiche (galerie Art Circle).*

Mona Saudi entre sculpture et peinture son cœur balance.

Elle revient de Paris, où l’Institut du monde arabe expose actuellement quelques-unes de ses œuvres dans le cadre de la grande manifestation d’art moderne et contemporain sur le thème de la représentation du corps et du nu dans les arts visuels arabes. L’IMA, toujours, sur le parvis duquel trône une de ses belles sculptures. Et l’IMA, enfin, qui serait en train de préparer la première grande rétrospective de ses œuvres, elle la «star de la sculpture arabe», comme la désigne la presse occidentale. La star en question sourit. Et affirme que la seule étoile en qui elle croit, c’est Vénus.

 

Étoile du matin et étoile du soir, cet astre, qui est en fait une planète, est appelé aussi Étoile du berger, guide des hommes, des prophètes et des Rois mages. Mais Vénus est aussi le symbole absolu de la féminité, de la volupté, de la spiritualité, de l’esthétique et des arts. Des attributs qui collent bien au personnage et à l’œuvre de l’artiste jordanienne installée au Liban depuis 1969. Et c’est à la galerie Art Circle, près de sa maison et de son atelier rue Clemenceau, qu’elle consacre aujourd’hui un hommage à Mahmoud Darwiche. Pour ce salut au poète, la sculptrice a mis de côte son burin et l’a troqué contre la plume à l’encre de Chine. 

 

Une amitié solide liait Saudi à Darwiche. «Il y a quelques années, je préparais une collection de dessins à lui offrir le jour de son anniversaire en mars 2009, raconte-t-elle. Mais le poète nous a quittés en août 2008. J’ai alors laissé en plan ce projet. Pour un certain temps seulement.» Le voilà donc qu’il fleurit, en ce mois d’avril, mois marquant à la fois l’anniversaire du poète, les célébrations de la Journée de la terre, mais aussi les balbutiements du printemps arabe.
Mona Saudi présente doublement ses excuses à Darwiche: d’abord pour le retard et ensuite pour avoir brouillé un peu les poèmes, mélangeant parfois des vers de-ci de-là.


Les dessins originaux ont été esquissés entre 1977 et 1980. Ils ont été inspirés par ses poèmes de cette même période. Entre les courbes et les recourbes, s’infiltrent les mots, les strophes tirées de Telle est son image, et ceci est le suicide de l’amoureux, du Poème de la terre et de L’ode au vert.


Les dessins ont été reproduits en sérigraphie, dans une édition originale tirée à 50 exemplaires. «Ces dessins ont vu le jour pour exprimer ce que le poème avait gravé dans mon âme. Pour les réaliser, j’ai utilisé la plume à encre comme un outil de sculpture: c’est par petits coups et traits brefs que les compositions ont pris forme sur le papier... Pour moi, la phrase poétique et l’œuvre sculptée sont animées d’une même vibration», affirme l’artiste en ajoutant que toute son œuvre s’inscrit, d’ailleurs, dans une mémoire poétique et que «quelques-unes de mes sculptures et certains de mes dessins sont directement inspirés de poèmes d’Adonis, de Mahmoud Darwich ou de Yannis Ritsos».


Mona Saudi, quarante-six ans de sculpture et le sentiment de n’avoir encore rien accompli. «Si, demain, je réalise une nouvelle sculpture, j’aurais encore et toujours le sentiment d’avoir accompli une première œuvre», sourit-elle.
Inassouvi, donc, son désir de créer. De s’emparer d’une pierre, d’une parcelle de cette terre, de lui donner une forme nouvelle et d’y laisser une empreinte indélébile. Chargée de mythes et de symboles, comme les mots d’un poète qui survivent à leur géniteur.

* Jusqu’au 28 avril, rue Antoine Gemayel, imm. Assaf.

Elle revient de Paris, où l’Institut du monde arabe expose actuellement quelques-unes de ses œuvres dans le cadre de la grande manifestation d’art moderne et contemporain sur le thème de la représentation du corps et du nu dans les arts visuels arabes. L’IMA, toujours, sur le parvis duquel trône une de ses belles sculptures. Et l’IMA, enfin, qui serait en train de...

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